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Les mondes multiples de Tristan Garcia

par Julie Delem
7, Tristan Garcia, Gallimard,
576 p., 22 €.
7, Tristan Garcia, Gallimard, 576 p., 22 €.
Livre Roman Publié le 09/11/2015
L'auteur de "Faber le destructeur" revient chez Gallimard avec "7", une somme de contes contemporains où le fantastique flirte avec la métaphysique poétique. Une plongée à la rencontre des espoirs parfois emmêlés, parfois disjoints, de l'homme contemporain.

Tristan Garcia nous donne envie d'y croire. Croire que, cachée au sein de la réalité la plus crue, la plus sale, lovée au creux de la vie la plus insignifiante, se trouve une part de mystère. Une poussière de surnaturel, une petite poudre qui ne change rien à l'humanité, qui n'explique rien de l'existence, mais qui rend le ciel gris plus vivant, plus profond, moins triste dans sa finitude.
7 nous plonge dans sept récits fantastiques, sept romans miniatures esquissant à travers des archétypes sociaux – le rockeur-looser, le trader, le mannequin, le dealer de drogue, l'ufologue – la question du destin individuel, du temps et des partis pris qui construisent la trajectoire des existences.
Nous voici embarqués dans les quartiers populaires de Paris, le 19e arrondissement, l'orée du parc de la Villette, La Courneuve, Aubervilliers, mais aussi sur les routes de campagne, ou encore dans la ville fictive de Mornay. De façon intense, documentée, rapide, mais aussi un peu caricaturale, l'auteur nous fait ressentir l'expérience de ces vies très différentes pour mieux en saisir les similitudes : page après page, l'illusion ou l'imagination au sens Pascalien du terme apparait comme trame de fond. Les personnages, brossés dans la largeur de leur parcours, font l'expérience d'une révélation surnaturelle, que l'on soupçonne vite d'être une volonté inconsciente de rêver une explication, un sens à leurs expériences, qu'elles soient ratées ou réussies.

Conteur prolifique et attachant, Tristan Garcia nous montre combien l'homme a besoin d'un idéal pour avancer, mais aussi à quel point cette foi (en la jeunesse, l'art, la beauté, la politique, le pouvoir, les extraterrestres) n'est qu'une construction de l'esprit. Ce thème est condensé dans la septième et dernière nouvelle, elle-même divisée en sept histoires, sept vies éternellement recommencées, infernal cycle de l'existence globale. Pour l'immortel, les rêves et les espoirs se brisent, tout se vaut : le capitalisme et le communisme, la vie d'ascète et le meurtre, l'intuition artistique et le plagia, la beauté et la laideur. S'il n'existe aucune « bonne réponse » à une existence réussie, semble nous dire Tristan Garcia, le sage ferait bien de profiter de ce qui est offert, en étant attentif à l'éphémère, à la beauté des coïncidences et aux expériences spécifiques de chaque âge.

 

Agé de 34 ans, docteur en philosophie, influencé par le courant du réalisme spéculatif, Tristan Garcia est l'auteur de six romans et de plusieurs essais. Son premier roman, La meilleure part des hommes, a été distingué par le prix de Flore en 2008, tandis que Faber. Le destructeur a été sélectionné en 2013 pour les prix Décembre, Médicis et Fémina.

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