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Hubert Colas, « L’écriture ne devient plus qu’une composante de la scène »

par Véronique Giraud
L'auteur et metteur en scène Hubert Colas a initié un lieu de résidence d'artistes à Marseille, le Montevideo, et fondé le festival des arts et des écritures contemporaines Actoral © Isabelle Meister
L'auteur et metteur en scène Hubert Colas a initié un lieu de résidence d'artistes à Marseille, le Montevideo, et fondé le festival des arts et des écritures contemporaines Actoral © Isabelle Meister
Arts vivants Performance Publié le 12/01/2016
Les processus de renouvellement de l'écriture intéressent l'auteur et metteur en scène Hubert Colas au point qu'elles lui ont inspiré la création en 2007 du festival Actoral. Invité par Rodrigo Garcia à créer une édition à Montpellier, il explique comment le festival s'est transformé, au gré d'une pluralité des nouvelles écritures contemporaines et ses auteurs.

Qu’est ce qui vous guide pour composer le festival Actoral, votre qualité d’auteur ou de metteur en scène ?

Au tout début, c’était la notion des écritures pour la scène. Aujourd’hui ce n’est plus ce qui me guide. Même si l’écriture est encore très présente pour faire entendre comment elle peut faire résonner sur le plateau, elle ne devient plus qu’une des composantes de la scène. Les traductions des écritures sont pour moi multiples. Dans les années 2000, la poésie sonore était en plein renouveau, avec des gens comme Anne-James Chaton ou Christophe Fiat. Sont survenues aussi les nouvelles écritures scéniques. Philippe Quesne, par exemple, fut un nouvel artiste de la scène, avec une vraie écriture, mais sans texte, juste des bribes. C’est un travail très plastique, celui d'un scénographe qui est passé à la scène.

 

L’écriture a encore sa place pour structurer la pensée alors qu’un flux incessant d’images s’écoule d’Internet ? La forme visuelle semble primer sur le langage…

Aujourd’hui, le mode de représentation expérimenté par certains metteurs en scène propose des éléments d’entrées multiples. Ils sont sonores, visuels. L’écriture est de plus en plus signifiée par la vidéo. On la voit, on la lit. Rodrigo le fait, je l’ai fait aussi dans mes spectacles, sans y penser. On est dans des rythmes qui sont liés effectivement à des choses très organiques de la société dans laquelle on est. Il y deux niveaux de formes : la forme plastique et rythmique, qui concoure à la société dans laquelle on est, c’est-à-dire à quel endroit l’écoute et l’œil vont être saisis en tant que spectateur ; ensuite il y a le fond, c’est-à-dire l’écrit réel, ce qui va rester au delà de la forme. La forme étant quelque chose qui peut s’épuiser ou pas. Il y a des écritures qui meurent au bout de cinq ans, dix ans, vingt ans. Quelles sont les écritures qui restent ? Qu’est ce qui fait que la même écriture va, dans dix ans, être transmise autrement ? Aura été suffisamment organiquement à l’écoute des êtres pour qu’elle soit possiblement transformable ? C’est ce qui va m’intéresser dans l’écrit formel.

 

Au théâtre on voit l’émergence de collectifs qui réinventent la scène, dans cette édition d’Actoral ce sont plutôt des individualités, des auteurs que vous invitez…

Je considère tous les artistes invités comme des auteurs. Ils n’interviennent ni comme metteur en scène, ni comme régisseur comme on les appelle en Allemagne. Ils sont impliqués dans le fond et dans la forme. Cette édition est très marquée par la notion du duo.

 

Quel est le public d’Actoral ?

Le festival a de multiples entrées. Il y a tous les âges, viennent aussi les gens de théâtre qui ont accepté l’évolution du théâtre contemporain. Nous touchons un public qui pourrait par moment trouver le théâtre sans intérêt, ennuyeux, vieux, un public d’art visuel qui va décrier le théâtre et qui, par le biais de ces artistes singuliers de la scène, reviennent au théâtre.

Ce biais a pu être la musique. Des gens sont venus spécialement pour entendre des musiciens que nous avons invités, ils sont venus plus tôt et du même coup ont été invités à voir autre chose. Nous n’avons pas un travail de l’ordre de l’obsession, mais on s’est rendu compte qu’au fil du temps il renouvelle l’œil du spectateur. Un spectateur qui s’était lassé et qui d’un seul coup trouve une résonnance.

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