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Mot de passe oublié ?Wikipédia : 15 années de savoirs en partage
500 millions de visiteurs uniques et 18 millions de pages vues par mois, 36,9 millions d’articles publiés dans 250 langues, dont près de 4 millions en Anglais et 1,7 million en Français, 80 000 éditeurs volontaires. En quinze années d’existence, l'encyclopédie Wikipédia, qui vient de fêter son anniversaire le 15 janvier, est devenue un des sites les plus visités du monde. Pourtant en 2001 le pari de ses cofondateurs américains Jimmy Wales et Larry Sanger, ne semblait pas gagné d’avance. Il s’agissait de mettre en ligne une encyclopédie collaborative gratuite dont chacun pouvait alimenter le contenu, devenant ainsi « producteur de savoir ». Un modèle innovant qui n’a pas tardé à prendre une telle ampleur qu’il a renvoyé au rang d’antiquité l’encyclopaedia Universalis et ses homologues imprimées à travers le monde et a donné l’estocade à Encarta, l’encyclopédie numérique sur CD, DVD ou Web, lancée par Microsoft en 1993.
Une communauté qui s’autorégule. Les règles de fonctionnement de Wikipédia sont a priori assez simples (pas sous ses aspects technologique bien sûr). Les articles sont classés en six grandes catégories (arts, sciences, espaces temps, société, technologies, personnes et personnages), elles-mêmes divisées en sous-rubriques, à leur tour subdivisées. Une arborescence très ramifiée qui permet d’investir quasiment tous les champs du savoir alors que toute personne peut écrire un article ou en modifier, actualiser, enrichir un déjà existant.
Ce modèle collaboratif a d’abord suscité beaucoup de réserves, des critiques. Comment distinguer information et communication publicitaire ? Comment être sûr de la fiabilité des textes ? Comment se parer des manipulations de l’information ou de propos malveillants ? Depuis la création de Wikipédia, la diffusion de fausses nouvelles, d’informations erronées, de propos douteux n’a pas manqué. Elle se fait plus rare mais persiste encore. Les erreurs sont assez rapidement rectifiées grâce à l’intervention des « patrouilleurs », ces administrateurs (il y en a 165 pour la version francophone), élus par la communauté des contributeurs. Ils peuvent corriger, supprimer des articles ou encore bloquer des contributeurs indélicats. Pour le reste, tout est affaire d’exigence, de déontologie et d’autorégulation. Les textes doivent être écrits de manière neutre et documentée, les sources doivent être citées.
Cliquez c’est sur Wiki. L’heure du procès en légitimité est aujourd’hui dépassée même si subsistent des controverses. Utiliser Wikipédia est devenu un réflexe : une recherche de dates, des questions sur une personnalité, une organisation, une théorie scientifique, un artiste, une œuvre, une commune… cliquez c’est sur Wiki. Mais le succès de l’encyclopédie en ligne ne tient pas seulement à la masse d’informations disponibles, au caractère très vaste du spectre couvert, il réside aussi en ce qu’elle modifie le rapport aux connaissances. Ces dernières sont devenues immédiatement accessibles pour tous, plus « démocratiques », remettant en question le rôle et la posture du « transmetteur » de savoir traditionnel : l’expert, le professeur. La machine internet, la plus grande bibliothèque qui ait jamais existé, rassemble progressivement les connaissances mondiales, les rend intelligibles et Wikipédia en est un des maillons forts.
