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Pour les auteurs de BD, les revenus c’est pas la bulle

par Pierre Magnetto
Pas encore de quoi coincer la bulle pour les auteurs de BD © Giraud/NAJA
Pas encore de quoi coincer la bulle pour les auteurs de BD © Giraud/NAJA
Livre BD Publié le 03/02/2016
Plus de la moitié de la profession en dessous du SMIC, plus du tiers sous le seuil de pauvreté. Le Festival international de bande dessinée d’Angoulême a mis comme chaque année un coup de projecteur sur le 9e art. Mais malgré plus de 35 millions d’albums vendus, la profession reste majoritairement précaire comme le démontre une étude des Etats généraux de la BD.

C’est sur une note pas très optimiste que le rideau est tombé dimanche 31 janvier sur le Festival international de la BD d’Angoulême. Certes, en choisissant l’auteur franco-belge Hermann, les membres de la société des auteurs professionnels de la bande dessinée ont salué l’œuvre d’un maître du 9e art. Certes, la manifestation a montré une nouvelle fois la diversité et la créativité des auteurs. Mais après la polémique de début janvier à propos de l’absence d’auteures dans la liste des nominés, les Etats généraux de la bande dessinée sont venus à leur tour parler d’un sujet grave, la précarisation qui s’est installée dans la corporation et qui va en s’aggravant.

 

La BD ça ne paie pas tout le monde. Créée en 2015 en marge du festival par des auteurs, scénaristes, coloristes et dessinateurs, l’association des Etats généraux de la BD promettait d’établir rapidement un état des lieux. C’est maintenant chose faite et les chiffres ne sont guère flatteurs, la BD, ça ne paie pas vraiment. Ainsi, selon l’étude, la part des professionnels percevant un revenu inférieur au SMIC était de 53% en 2014, autant qu’en 2013, contre 52% en 2012. Mais le taux de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est pour sa part loin d’être stable. En trois ans, il est passé successivement de 32% à 34% puis à 36%. Et, comme dans les autres secteurs de l’activité économique les inégalités hommes-femmes sont criantes. 48% des premiers déclarent un revenu inférieur au SMIC et 32% en dessous du seuil de pauvreté, tandis que chez les secondes ces taux sont respectivement de 67% et de 50%.

 

Un marché qui se porte bien. Ces chiffres ont été rendus publics alors que le secteur reste dynamique. Selon une enquête du cabinet d’audit GFK, en 2014 le marché du livre reculait de 1,4%, celui de la bande dessinée suivait la même tendance en diminuant de 2%. Mais ce recul serait essentiellement dû, selon GFK, à l’absence de publication de titres suffisamment forts tels que Astérix chez les Pictes sorti en 2013, malgré la bonne tenue d’œuvres comme L’Arabe du futur de Riad Sattouf, vendu à plus de 110 000 exemplaires. « Si Astérix était sorti des statistiques le marché progresserait de 1,5% », précise le cabinet. En 2014 plus de 35 millions d’albums ont été vendus en France, générant 409 millions de chiffre d’affaires.

 

Des annonces en mars. La situation des professionnels s’explique notamment par des disparités liées au volume de travail. Par exemple, seulement 36% des auteurs travaillent plus de 40 heures par semaine, 15% n’ont encore publié aucun album, 10% seulement un seul, 8% deux ouvrages. Par ailleurs au niveau de la protection sociale, la situation n’est pas reluisante non plus. 88% d’entre eux n’ont jamais bénéficié d’arrêt maladie, chez les femmes 81% n’ont jamais pris de congés maternité et entre 83% et 88% de ceux ayant atteint l’âge de la retraite restent en activité. Leur situation a été fragilisée ces dernières années par la réforme des retraites, par un régime d’auteur peu avantageux. Présente à Angoulême Fleur Pèlerin, ministre de la culture, a promis des annonces pour le Salon du livre de Paris en mars prochain. Pas encore de quoi coincer la bulle pour les auteurs.

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