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« Les Héritiers », cas d’école à l’écran

par Véronique Giraud
Ma nature est d’aller vers des histoires qui montrent que des choses sont possibles » explique la réalisatrice. Son film en est un vivant exemple © Guy Ferrandis
Ma nature est d’aller vers des histoires qui montrent que des choses sont possibles » explique la réalisatrice. Son film en est un vivant exemple © Guy Ferrandis
Cinéma Film Publié le 04/12/2014
Avec Les Héritiers, sorti en décembre, l’école revient sur les écrans. Échange avec sa réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar.

« Faites-nous  confiance, on a besoin de ça ! » Cette phrase, Marie-Castille Mention-Schaar l’a entendue à plusieurs reprises après la projection de son film Les Héritiers, sorti en salles le 3 décembre. Lancé par plusieurs élèves à leurs professeurs qui les accompagnaient à la séance, ce cri est au cœur du film. Il est aussi à l’origine du processus qui a conduit la réalisatrice à porter le projet à l’écran. Elle, c’est à un garçon de dix-huit ans qu’elle a fait confiance. Ahmed Dramé, qui rêve de cinéma, lui a envoyé un mail racontant un épisode de sa propre vie. Par la magie du 7ème art, l’élève de terminale est devenu comédien, jouant son propre rôle pour lequel il est nominé au César du meilleur espoir. Il a également co-signé le scénario.

« Ma nature est d’aller vers des histoires qui montrent que des choses sont possibles. Ce qui m’attire c’est l’idée que des gens se battent pour résister » explique la cinéaste.

Après Ma première fois en 2012 et Bowling en 2013, Marie-Castille Mention-Schaar réalise ici son troisième long-métrage. Elle puise l’histoire dans celle réelle d’une classe de seconde, la plus faible du lycée Blum de Créteil, composée d’élèves qui, à de rares exceptions, sont rétifs à tout apprentissage et s’unissent seulement pour décourager les professeurs. Afin de casser cette spirale infernale, leur professeure d’histoire leur affirme sa confiance et les entraîne dans un travail commun autour du concours national de la résistance et de la déportation.

Un cas d’école

A l’écran, le parallèle entre l’horreur de la Shoah, incarnée par le témoignage extraordinaire de Léon Zigel déporté à quinze ans, et les difficultés d’apprentissage et de motivation d’une jeunesse égarée dont l’ultime posture est d’être rebelle, aurait sans doute mérité davantage de distanciation. Mais les mots sonnent vrai, le professeur, interprétée par Ariane Ascaride, incarne magnifiquement l’entêtement à transmettre, à positiver, à rebondir sur les mots ou à passer sous silence ce qui pourrait rompre la cohésion. C’est l’enseignant dont on rêve, celui dont le regard confiant nous a porté toute une vie. « Elle n’est pas une icône. Tous les profs ont envie de faire réussir leurs élèves. Certains y parviennent mieux que d’autres. Mais ce qui est vrai c’est que tout au long de la vie, il y a un ou deux profs dont on se souvient toujours. »

Pour Marie-Castille Mention-Schaar, qui est allée dans différentes classes observer les enseignants, « L’idée des Héritiers, c’est la difficulté de la transmission, de l’Histoire, des enseignements en général. La difficulté des enseignants face à la transformation de notre société, l’écho de certains désengagements, leur auto-censure sur certains sujets. Plus on est dans la diversité, plus l’enseignement est important et doit être solide, plus nous adultes nous devons soutenir et accompagner les profs mais aussi faire en sorte que les jeunes soient conscients de l’importance de cet héritage. Et qu’à travers Ahmed/Malik, ils voient concrètement à quoi sert cette transmission. »

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