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« No Offence », série noire made in Manchester

par Véronique Giraud
L'équipe de No Offence avec à sa tête la blonde et très pulpeuse Viv © Ryan-mcnamara
L'équipe de No Offence avec à sa tête la blonde et très pulpeuse Viv © Ryan-mcnamara
Cinéma Série Publié le 02/03/2016
En diffusant la saison 1 de No Offence, série policière britannique écrite par Paul Abbott, France 2 a fait souffler un vent nouveau sur le genre.

Lundi 1er mars, on a pu voir sur France 2 les quatre premiers épisodes de la série policière britannique No Offence. Une diffusion qui suit de peu son lancement sur la chaine britannique Channel 4, en mai 2015. Il faut dire que la série est portée par la réputation du scénariste de Shameless et Jeux de pouvoir. Les deux actrices principales de No Offence, Joanna Scanlan et Elaine Cassidy, sont toutes les deux d’accord, Paul Abbott « n’écrit vraiment pas comme tout le monde ». S'il a sans aucun doute été difficile pour les comédiens d’apprendre à parler le « Paul Abbott », c’est un régal à entendre et à voir. Une fois passée l’image terrifiante de la mort d'un suspect poursuivi, une fois passé l’étonnement d’entendre un florilège d’expressions semblant sortir tout droit d’un pub, une fois calé au rythme trépidant des dialogues, on perçoit l’extraordinaire richesse et la subtile complexité du scénario. Et on en redemande.

Ici on est à Manchester et on parle avec l’accent typique du Lancashire. Pas de filtre hollywoodien sur les images, le naturalisme du décor est le réceptacle d’une crudité poétique de mots et de situations. Les conciliabules ont lieu dans les toilettes du commissariat, et on ne discute pas le bout de gras au-dessus d'un macchabée, l’émotion est palpable dans le regard de l’inspectrice. Son regard scrutateur va bien au delà des indices cliniques, l’empathie guide les perspectives de son action.

Pas de belles images qui mettront en valeur les faits et gestes, le rythme ici est rapide, efficace, l’essentiel est de trouver le tueur en série de jeunes filles trisomiques, le chef du gang du trafic d’organes, de protéger des innocents… Des affaires peu ragoûtantes dans ce quartier du Lancashire dont le commissariat est mené d’un bras de fer par Vivienne Deering, que ses proches appellent « Viv ». Peu de risque d’identification avec ce premier rôle très incarné. Le système D elle connaît, et elle l’applique. Les procédures policières, elle les maîtrise, mais n’hésite pourtant pas à les contourner, et à sa façon. Jubilatoires ses stratagèmes dignes d’une fête de fin d’année ou de blagues de potaches pour mener à bien son enquête. Et ses arguments pour motiver son équipe… Autour de cette meneuse à la tenue impeccable, deux adjointes, l’une passionnée et rebelle, l’autre introvertie, et des garçons plutôt serviables. Ce qui réunit ces policiers c’est qu’ils sont plus proches du camp des victimes que de celui de la hiérarchie. Cette dernière est d’ailleurs incarnée par un seul homme, un immense commissaire noir que la froideur maintient à mille lieux de ce microcosme d’humanité bordélique. Pas de sauveur, juste l’urgence de limiter les dégâts. La violence est omniprésente, toute l’équipe semble en avoir fait les frais.

Pas de temps pour le pathos, l’énergie et la vitalité priment. Ce scénario étourdissant, on pressent que Patrick Abott l'a écrit avec jubilation. Il agit comme un exutoire et libère étrangement chez le spectateur le rire de l’enfance.

 

No Offence - Diffusion sur France 2 en deux soirées de quatre épisodes, les lundi 1er et 8 mars 2016. Réputé pour ses personnages hors normes, son politiquement incorrect, Paul Abbott puise son inspiration dans une enfance particulièrement sordide et en alimente sa puissante imagination. Difficilement traduisible en français, Paul Abott explique à sa façon le titre No Offence : « littéralement, « no offence » signifie « pas d’infraction » ou « pas de délit », ce qui est déjà assez ironique pour une série policière ! Mais surtout, en anglais, il s’agit d’une expression courante pour dire « je ne veux pas vous offenser », expression immanquablement suivie par « mais... » : « je ne veux pas vous offenser… mais… votre tête ne me revient vraiment pas ! » On emploie justement « no offence » quand on s’apprête à dire ou faire quelque chose de blessant. Ce titre me plaît beaucoup – j’ai beaucoup ri quand je l’ai trouvé –, car il dit déjà tout ce qu’est la série : sans vouloir vous offenser, vous allez prendre cher ! ».

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