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Quand Ernest Pignon Ernest fait resurgir Pasolini sur la plage d’Ostie

par Véronique Giraud
Le regard des passants fait écho à l'art dans la rue. Ici dans les rues de Rome, devant l'estampe Pasolini d'Ernest Pignon Ernest. DR
Le regard des passants fait écho à l'art dans la rue. Ici dans les rues de Rome, devant l'estampe Pasolini d'Ernest Pignon Ernest. DR
L'estampe Pasolini, collage sur la plage d'Ostie, où le cinéaste a été retrouvé assassiné le 2 novembre 1965.© Ernest Pignon Ernest
L'estampe Pasolini, collage sur la plage d'Ostie, où le cinéaste a été retrouvé assassiné le 2 novembre 1965.© Ernest Pignon Ernest
"Dans la lumière déchirante de la mer", journal de bord des collages d'Ernest Pignon Ernest en Italie , écrit par Karin Espinosa. DR
L'artiste Ernest Pignon Ernest devant son dessin rendant hommage à Pasolini. DR
L'artiste Ernest Pignon Ernest devant son dessin rendant hommage à Pasolini. DR
Livre Livre d'Art Publié le 01/03/2016
Artiste de la rue, Ernest Pignon Ernest arpente les rues des villes du monde entier pour, la nuit tombée, y coller ses estampes spectaculaires et éphémères. A 73 ans, ce dessinateur virtuose et passionné inspire la jeune génération du street-art. Ses récents collages de Passion selon Pasolini sont un hommage au poète-cinéaste italien, assassiné il y a quarante ans.

Ce sont les passants anonymes qui en parlent le mieux, qu’ils soient choqués, intrigués, émerveillés, leurs réactions en découvrant les dessins collés par Ernest Pignon Ernest sont celles que sollicitent un artiste dont les cimaises préférées sont… les murs d’une ville. Naples, Santiago, Soweto, Charleville, Montauban, Jérusalem, Paris, Alger, Port-au-Prince… Faire s’entrecroiser un lieu et une histoire avec son dessin est au cœur de son envie de créer. Son métier de dessinateur, il l’a appris très tôt en autodidacte puis dans des cabinets d’architectes, son envie de coller ses dessins à l’échelle humaine lui est venue ensuite. Depuis, il dessine inlassablement dans son atelier d'Ivry-sur-Seine rempli de livres, reproduit ses estampes, part chercher les lieux qui leur donneront leur puissance narrative, colle la nuit, vite, prend des photos puis disparaît furtivement.

Sa première inspiration lui est venue pour Naples, après avoir entendu une émission sur la musique napolitaine sur les ondes de France Musique : « Je me suis dit que j’allais travailler sur les représentations de la mort qu’a secrétées cette ville ». Parti à la recherche de lieux évocateurs de la mort, lui est venu l’images des femmes dont il a collé des centaines de dessins. L’injustice de l’apartheid en Afrique du Sud a déclenché en lui le besoin de dessins pour Soweto, la liste est longue de ses engagements, droit à l’avortement, lutte contre le sida, honneur aux morts de la Commune, à ceux de Charonne, aux migrants… Les poètes l’appellent aussi. Rimbaud et Pasolini, qui le fascine.

En 2015, 40 ans après l’assassinat du poète-cinéaste, il est d’ailleurs reparti cet été en Italie chercher les lieux où coller un dessin qui le montre debout, le regard droit, portant son propre cadavre comme une question toujours sans réponse : « Qu’avez-vous fait de ma mort ? ». Ce récit des collages italiens d’Ernest Pignon Ernest est à retrouver dans le livre de Karine Espinosa Dans la lumière déchirante de la mer, paru à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat de Pasolini le 2 novembre 1975. L’écrivain, passionnée par la personnalité d’Ernest Pignon Ernest, a accompagné l'artiste et son épouse dans les rues de Rome, d’Ostie et de Naples, contribuant aux collages clandestins.

 

Dans la lumière déchirante de la mer, de Karin Espinosa, Actes Sud Beaux-Arts, novembre 2015. L'ouvrage est illustré de photos du dessin d'Ernest-Pignon Ernest, La passion Pasolini, lors de ses collages en Italie, à l'automne 2015. Karin Espinosa, qui a réalisé une série radiophonique sur la destinée de Pasolini (Né, consacré, massacré) et entrepris une thèse de doctorat consacrée aux figures dans le théâtre urbain d’Ernest Pignon-Ernest, a tenu le journal de bord de ces collages qui ont investi les lieux de vie, de création et de mort du poète-cinéaste. Son texte est à la fois le récit et l’analyse d’une aventure artistique singulière.

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