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Orange : les Chorégies échappent au Front

par Lucie Goar
Avec 8000 places dans les gradins du théâtre antique, les Chorégies d’Orange est le festival d’art lyrique le plus populaire. © Philippe Gromelle
Avec 8000 places dans les gradins du théâtre antique, les Chorégies d’Orange est le festival d’art lyrique le plus populaire. © Philippe Gromelle
Arts vivants Opéra Publié le 16/03/2016
Après la démission du président du conseil d’administration des Chorégies d’Orange, une élue frontiste de la ville, assurant l’intérim, a prétendu le conserver. La démission de Raymond Duffaut, directeur général et homme du succès du festival, et les menaces de suppression des subventions ont renversé la donne.

La France est un pays singulier où la force publique, si souvent décriée et jugée peu crédible par nombre de Français, est cependant enviée et enjeu de toutes les ruses. Nouvel exemple avec le coup de théâtre aux Chorégies d’Orange. Le festival d’art lyrique plus que centenaire, est l’un des rares à s’autofinancer à 85%, les recettes restantes provenant des subventions allouées par l’État (5%), la région, le département et la ville (moins de 0,2%), qui met également à disposition le fameux théâtre antique.

La puissance publique intervient donc peu dans le budget et les choix artistiques. Les Chorégies, qui attirent les plus grands noms de la scène lyrique, font salle comble et doivent beaucoup à leur directeur Raymond Duffaut qui a su les mettre au zénith, artistique et financier. Mais bien sûr, il y a un conseil d’administration où les élus se pressent pour siéger et avoir leur quota de places gratuites.

C’est à ce conseil que Raymond Duffaut, âgé de 74 ans, a proposé son successeur, Jean-Louis Grinda, actuel directeur de l’opéra de Monte-Carlo. Mais ce dernier n’a pas plu au député Les Républicains Thierry Mariani. Président du conseil, ce notable du Vaucluse a tout simplement démissionné de sa fonction, laissant ainsi la place à la vice-présidente, une conseillère municipale Front national, Marie-Thérèse Galmard. Le maire frontiste Jacques Bompard a immédiatement déclaré qu’elle resterait en poste jusqu’en 2018, alors que les statuts prévoient une élection nouvelle en cas de démission et non un remplacement d’office.

Raymond Duffaut qui, sa vie durant, s’est battu contre le Front national, n’a pu supporter cet affront et a démissionné vendredi 11 mars. La ministre de la culture Audrey Azoulay et le président du conseil régional Christian Estrosi (LR) ont alors de concert fait savoir qu’ils supprimeraient les subventions si une élection en bonne et due forme de la présidence n’avait lieu.

Il y avait alors tout lieu de craindre qu’en plus des subventions, les artistes se dédient et le public fasse défaut au moment où s’ouvrent les locations de l'édition 2016. Devant une telle mise en péril des Chorégies, la présidente par intérim a fini par céder, annonçant mardi 15 mars qu’elle organiserait de nouvelles élections « dans les toutes prochaines semaines ».

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