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Festival de Marseille 2016, les choix de Jan Goossens

par Véronique Giraud
MACBETH, un spectacle qui mêle théâtre et musique, mis en scène par Brett Bailey. DR
MACBETH, un spectacle qui mêle théâtre et musique, mis en scène par Brett Bailey. DR
COUP FATAL, Serge Kakudji, Rodriguez Vangama, Fabrizio Cassol & Alain Platel. DR
COUP FATAL, Serge Kakudji, Rodriguez Vangama, Fabrizio Cassol & Alain Platel. DR
IT’S GOING TO GET WORSE AND WORSE AND WORSE, MY FRIEND
Lisbeth Gruwez
IT’S GOING TO GET WORSE AND WORSE AND WORSE, MY FRIEND Lisbeth Gruwez
FLEXN, Reggie (Regg Roc) Gray, Peter Sellars. Première européenne au Festival de Marseille. DR
FLEXN, Reggie (Regg Roc) Gray, Peter Sellars. Première européenne au Festival de Marseille. DR
 La chorégraphe capverdienne Marlene Monteiro Freitas dans
La chorégraphe capverdienne Marlene Monteiro Freitas dans "Guinche". DR
Arts vivants Danse Publié le 20/06/2016
Jan Goossens a mis au programme du Festival de Marseille, dont il vient de prendre la direction, des artistes qu'il admire autant pour leur esthétique que parce qu'ils sont "ouverts, généreux, et parlent à tous genres de publics". Il en parle.

Vous allez faire découvrir au public marseillais deux danseuses et chorégraphes extraordinaires, Marlene Montero Freitas et Lisbeth Gruweeiz. Pouvez-vous nous parler d’elles ?

Ce sont deux dames exceptionnelles, des bêtes de scène au charisme étonnant. Marlene Montero Freitas est une des grandes performeuses de sa génération qu’on ne voit jamais assez. Elle vit entre deux continents, le Cap Vert, le Portugal et la France. L’idée est de développer avec elle des projets dans l’avenir. Lisbeth Gruweeiz a bien sûr un lien fort avec la Belgique, elle a été la danseuse phare de Jan Fabre. Elle développe depuis six ans son propre travail. D’une grande rigueur, d’une belle énergie, d’un vocabulaire de mouvement singulier, elle est en même temps très accessible, très généreuse et en connexion avec le monde autour. Son solo It’s going to get worse…, qui l’a fait émerger en 2009, a une dimension politique dans le sens où elle fait un focus sur le corps qui parle de celui des grands orateurs populistes. Elle y montre comment ces corps parlent, séduisent, manipulent. Dans son solo récent, Dances Bob Dylan, un dialogue d’une grande beauté, fragile et intime, se développe avec les danseuses de Dylan. Je suis ravi de pouvoir présenter les deux, tout en sachant qu’en 2017 il y aura à Marseille une nouvelle chorégraphie du groupe de Lisbeth Gruweeiz, co-produit par le festival.

 

Le festival fait en effet un effort important de co-productions, qui témoignent de vos choix artistiques, vos engagements…

Dans un festival, il faut une prise de risque. Il faut vraiment accompagner les artistes. Cela veut dire s’inscrire dans leurs aventures de création. En tant que directeur artistique, si on investit dans le dialogue avec les artistes et leurs créations, on a une marge d’influence. Ce qui veut dire qu’on peut quand même construire des programmations qui sont le plus proche possible de la vision artistique qu’on a envie de défendre. On n’est plus juste dans l’accueil. A Marseille, il n’y a pas énormément d’artistes et de projets internationaux qui passent, cela restera important mais il faut que la création, les coproductions, les premières françaises et européennes, voire les créations mondiales fassent partie intégrante du projet artistique du festival.

 

Comment rendre accessible un festival de créations aujourd’hui ? Comment agrandir le cercle du public marseillais ?

Il y a une série de stratégies qu’il faut déployer. J’ai fait un choix d’artistes qui ont la grande qualité de créer des spectacles d’une vraie rigueur, d’une vraie exigence, mais en même temps ouverts, généreux, et qui parlent à tous genres de publics. Il ne faut pas aller au théâtre tous les jours, ni être un expert de la danse et de la scène pour apprécier les univers de Sellars, Platel ou Bel. Au contraire, on peut y aller en se disant ce sera mon premier spectacle de danse et vraiment l’apprécier. Et puis en invitant des artistes qui viennent du monde entier j’espère que cela donnera des raisons à de nouveaux publics et de communautés, qui se sentent aujourd’hui moins concernés par le projet du festival, de s’identifier avec lui. Créer ce dialogue entre des populations locales qui font partie intégrantes de la réalité de Marseille aujourd’hui et d’artistes qui viennent du bassin méditerranéen, d’Afrique voire des Etats-Unis. Les Marseillais viennent de partout. Cela devrait permettre d’ouvrir, de diversifier le public. Peut-être pas en une édition, c’est un travail à long terme et en profondeur mais il faut poser les bases à partir de cette première édition.

 

Que se passe-t-il au théâtre Joliette-Minoterie, annoncé comme le QG du festival ? Quels sont les liens entre le festival et ce théâtre ?

Il n’y a pas de festival sans rencontres, sans échanges entre les artistes et le public. Un festival c’est un temps fort des croisements, des échanges qui peuvent nourrir toute une année, ils doivent être au centre. Et sans QG c’est compliqué. Un QG, où on peut se voir pendant la journée, se croiser, avant ou après le spectacle. Pour c’était essentiel d’installer le festival à l’intérieur d’une maison d’un des nouveaux quartiers dynamiques de Marseille, à deux pas du Silo, à deux pas du Mucem. La Joliette-Minoterie est aussi une très belle équipe, avec un projet construit, qui accueille des projets importants dans notre programmation, Salamone et la très belle installation de la jeune artiste libanaise Tania El Khoury.

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