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Aix-en-Provence : un festival très contemporain

par Jacques Mucchielli
Workshop de l'opéra
Workshop de l'opéra "Kalîla Wa Dimna" de Moneim Adwan. Création mondiale 2016 du Festival d’Aix-en-Provence. DR
Arts vivants Opéra Publié le 26/06/2016
Bien que présentant, pour l’essentiel, des œuvres du répertoire, le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, du 30 juin au 20 juillet, s’inscrit dans notre siècle. Il fait pour cela appel à des metteurs en scène et des chorégraphes très créatifs. Il commande également chaque année une composition de musique contemporaine demandée, pour la 68e édition, au compositeur palestinien Moneim Adwan.

C’est un programme complet et audacieux qu’a conçu Bernard Foccroule, le directeur général,  pour la 68e édition du festival international d’Aix-en-Provence créée sur commande de la comtesse mécène Lily Pastré par Gabriel Dussurget. Un parrainage qui aurait pu confiner la manifestation dans le quant à soi. Hormis quelques saisons, il n’en fut rien. Le festival est non seulement aussi populaire que l’est l’art lyrique, notamment dans les cultures méditerranéennes, mais il ambitionne également d’être à la pointe de la création. Il faut pour cela créer de nouvelles interprétations d’œuvres lyriques bien connues signées cette année Rameau, Haendel, Mozart ou Debussy. Pour ce faire, Bernard Foccroule fait appel à des metteurs en scène de théâtre parmi les plus créatifs, Christophe Honoré, Krzysztof Warlikowski ou autre Peter Sellars. et à des chorégraphes comme Karole Armitage.

Chaque année de nouvelles productions, ou plus exactement co-productions, sont présentées à un festival qui affiche un budget en équilibre de 23 millions d’euros. Cosi Fan Tutte ouvre la scène le 30 juin au théâtre de l’Archevêché. L’opéra mozartien se déroule, ainsi en a décidé Christophe Honoré, écrivain, metteur en scène et réalisateur de cinéma, dans une ville africaine sous le joug colonial. Les quatre fiancés de l’opéra (ici Lenneke Ruiten, Kate Lindsey, Joël Pietro et Nhuel di Pierro) sont donc convoqués à une autre guerre, ce qui n’altère en rien la musique de Mozart, ni le livret de Da Ponte. Mais en lui donnant nouveau contexte, l’œuvre acquiert nouvelle dimension parmi ses multiples interprétations qui nous la rendent toujours plus vivante.

 

Warlikowski pour Haendel. Autre nouvelle production en alternance avec Cosi Fan Tutte au Théâtre de l’Archevêché, un oratorio de Haendel. Le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski vient d’ouvrir à Varsovie, malgré un climat ambiant peu propice, son Nowy Tear (nouveau théâtre) avec Les Français, une pièce  inspirée de l’œuvre de Proust. Il s’est déjà essayé à la mise en scène d’opéra et ne boude pas l’occasion qui lui est donnée de s’attaquer à l’opus de Haendel, Il Trionfo del Tempo e del Disingano (Le triomphe du temps et de la désillusion). L’œuvre, très allégorique, n’est pas facile pour nos lectures contemporaines. Haendel n’avait que 22 ans lorsqu’il l’a créée dans la très catholique Rome alors incluse dans les États pontificaux.

Trois œuvres seront données sous la voûte protectrice du Grand Théâtre de Provence. C’est la britannique Katie Mitchell qui, cette fois, signe la mise en scène du Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. L’œuvre a un argument plus théâtral écrit par l’homme de théâtre Maurice Maeterlinck. Cette variante de Tristan et Iseult où le beau frère remplace le vassal du roi nous plonge dans l’univers médiéval sur une musique toujours contemporaine. Stéphane Degout sera Pelléas, Barbara Hannigan Mélisande et Laurent Nourri l’infortuné Golaud.

Peter Sellars aura lui la charge de mettre en scène, dans une production revisitée pour le festival, l’Œdipe roi de Stravinski. Le compositeur a lui-même voulu que sa version du drame de la pièce de Sophocle soit écrite en latin. Le résultat en est un oratorio puissant à tous les niveaux de ses créations. Il sera suivi, toujours sous la baguette d’ Esa-Pekka Salonen par l’interprétation de la Symphonie des psaumes. Le chef finlandais dirigera également, dans ce cycle consacré à Stravinski, la symphonie d’instruments à vents, Agon dans la version chorégraphiée de Karole Armitage, et le Sacre du printemps pour une soirée unique le samedi 9 juillet.

 

Une création internationale. Troisième œuvre lyrique présentée au Grand Théâtre de Provence, mais uniquement en version concert et pour une seule représentation le lundi 18 juillet : Zoroastre de Rameau. L’opéra préfigure, par son livret, la Flûte enchantée de Mozart. Zoroastre, interprétée par Reinoud Van Mechelen y diffère cependant de la version d’Emanuel Schikaneder. Ne serait-ce que par le couple qu’il forme avec Amélite (Katherine Watson).

Enfin, et comme chaque année, le festival d’Art lyrique tient à présenter en première internationale une œuvre contemporaine dont il a fait lui-même la commande. C’est au compositeur palestinien Moneim Adwan, né en 1970, qu'elle a été passée. Le résultat, un opéra intitulé Kalîla wa Dimna, est attendu. Inspiré d'un ouvrage classique de la littérature arabe Le Livre de Kalîla et Dimma d’Ibn Al-Muqaffa (VIIe siècle), l’opéra en arabe et français raconte l’amitié entre Bœuf et Lion mise à mal par Chacal. Cette composition contemporaine sera donnée au théâtre du Jeu de Paume dans une mise en scène d’Olivier Letellier. Le compositeur Moneim Adwan interprètera lui-même le rôle de Dimna, Ranine Chaar celui de Kalîla. Moneim Adwan est en résidence au festival d’Aix depuis 2009 où il a fondé le chœur amateur multiculturel Ibn Zaydoun. Enfin, comme chaque année, différents concerts et récitals sont proposés au public.

 

 

Festival international d'art lyrique d'Aix-enProvence. 68e édition. Au programme : Cosi Fan Tutte, de Wolfgang A. Mozart. Théâtre de l’Archevêché, du 30 juin au 19 juillet. Direction musicale Louis Langrée (Jérémie Rhorer les 17 et 19 juillet). Mise en scène Christophe Honoré. Avec le Freiburger Barockorchester et le Cape Town Opera Chorus. Il Trionfo del Tempo e del Disingano, de Georg F. Haendel. Théâtre de l’Archevêché, du 1er au 14 juillet à 22h. Direction musicale Emmanuelle Haïm. Mise en scène Krzysztof Warlikowski. Avec le Concert d’Astrée. Pelléas et Mélisande de Claude Debussy. Grand Théâtre de Provence, du 2 au 16 juillet à 19h30. Direction musicale Esa-Pekka Salonen. Mise en scène Katie Mitchell. Avec le Philhamonia Orchestra et le Cape Town Opera Chorus. Œdipus Rex et Symphonie de psaumes d’Igor Stravinski. Grand Théâtre de Provence, les 15 et 17 juillet à 20h. Direction musicale Esa-Pekka Salonen. Mise en scène Peter Sellars. Sculptures : Elias SIme. Avec le Philhamonia Orchestra et l’Orphei Dränger Gustaf Sjökvist Chamber Choir. Zoroastre de Jean-Philippe Rameau. Grand Théâtre de Provence, le 18 juillet à 20h. Direction musicale Raphaël Pichon. Avec l’Ensemble Pygmalion. Kalîla wa Dimna, création pour le festival d’Aix de Moneim Adwan. Théâtre du Jeu de Paume du 2 au 16 juillet à 20h. Direction musicale Zied Zouari. Mise en scène Olivier Letellier.

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