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« 1er Acte », lever de rideau sur la discrimination

par Véronique Giraud
Les élèves de la saison 3 de 1er acte au TNS © Jean-Louis Fernandez
Les élèves de la saison 3 de 1er acte au TNS © Jean-Louis Fernandez
Tous les matins, les élèves travaillent sur le corps avec Marc Proulx, pédagogue.  © Jean-Louis Fernandez
Tous les matins, les élèves travaillent sur le corps avec Marc Proulx, pédagogue. © Jean-Louis Fernandez
Ici, l’atelier est mené par la comédienne Annie Mercier, qui fait travailler les apprentis comédiens de la saison 3 de 1er acte au TNS © Jean-Louis Fernandez
Ici, l’atelier est mené par la comédienne Annie Mercier, qui fait travailler les apprentis comédiens de la saison 3 de 1er acte au TNS © Jean-Louis Fernandez
Arts vivants Théâtre Publié le 15/09/2016
Les ateliers "1er acte" sont dédiés aux élèves victimes de discrimination, pour qui le théâtre est un projet de vie. Porté par le TNS, La Colline et le CCN2 de Grenoble, le programme est en cours d'expérimentation et voudrait porter sur les scènes une diversité plus conforme à la réalité de notre société.

Si la situation évolue, le métier de comédien n'est pas encore accessible à tout le monde. Difficile pour un jeune qui n'est pas blanc, qui a un accent, qui porte un nom compliqué, de frapper aux portes des écoles supérieures d’art dramatique. Décourageant quand ces portes se ferment à lui parce qu'il ne possède pas les codes. Bien décidés à œuvrer pour une plus grande diversité sur les scènes contemporaines, Stanislas Nordey, alors qu’il était au théâtre de La Colline, a imaginé avec Stéphane Braunschweig, le directeur de l'institution, un programme dédié aux élèves acteurs victimes d'une discrimination. Deux saisons de 1er acte ont déjà eu lieu à Paris en 2015/2016. Et elles ont déjà porté leurs fruits : quinze élèves ont intégré des écoles supérieures (le Conservatoire de Paris, le TNS, l'ERAC à Cannes…), d’autres ont été pris par des metteurs en scène et jouent actuellement, quelques-uns font aujourd’hui partie d’une compagnie ou ont créé la leur. Pour eux, 1er Acte est d’abord une reconnaissance de la discrimination dont ils sont victimes. Ensuite être confrontés à des comédiens et des metteurs en scène de renom leur a donné l'audace de se présenter dans les écoles. D'autant que la plupart d'entre eux ne sont pas aidés par leur entourage qui voit dans le théâtre un métier risqué.

Saison 2016/2017. Aujourd’hui à la tête du Théâtre National de Strasbourg (TNS), le metteur en scène Stanislas Nordey a voulu poursuivre le projet, et même lui donner de l'ampleur avec deux structures partenaires, le théâtre de La Colline et le CCN2 Centre chorégraphique de Grenoble, dirigé par Rachid Ouramdane. En vue d'aider au financement du projet, le TNS s’est même doté d’une responsable mécénat et partenariat en mars dernier.

Suite à l'appel à candidatures lancé en avril 2015 en France, auprès des écoles de théâtre, publiques et privées, des structures culturelles, plus de 200 candidatures ont été reçues, et une sélection par un jury. La sélection a permis de distinguer 18 jeunes. Chacun a fait l’expérience de la discrimination, chacun a comme projet de vie le théâtre. Pendant l’été, Stanislas Nordey leur a demandé de travailler sur une liste de poètes contemporains et ils se sont retrouvés début septembre à Strasbourg pour deux premières semaines d’ateliers.

Les apprentis comédiens viennent de toute la France, Toulouse, Marseille, Le Mans… Deux mécènes ont répondu à l’appel, la Fondation SNCF et les Fondations Edmond de Rothschild, permettant de réaliser l’égalité des chances à tous les niveaux : voyages, hébergement, nourriture, les frais sont pris en charge. Le second volet de la formation 2016 sera accueilli par le CCN2 de Grenoble du 21 au 26 novembre et, début 2017, ce sera au tour du Théâtre La Colline à Paris.

1er acte se veut une étape dans le parcours de ces jeunes, ce n’est pas une fin en soi. Le projet se revendique aussi comme une nouvelle visibilité à une réalité souvent ignorée, encourageant les écoles à accepter plus facilement leur dossier, encourageant les jeunes metteurs en scène à faire appel à ces talents. Comme un test grandeur nature, le TNS invite le 17 septembre des metteurs en scène et des journalistes pour mieux cerner le processus inédit de ces ateliers.

 

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