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Morgane Tschiember fait entrer « 6 soleils » au Mac Val

par Véronique Giraud
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
"6 soleils", Morgane Tschiember au Mac Val ©Giraud/NAJA
Arts visuels Installation Publié le 22/09/2016
Ensoleillant la Nef du Mac Val, le travail de Morgane Tschiember est immense, poétique, mystérieux, géométrique, sensoriel, mouvant… L’artiste est à la fois tactile et cérébrale. Partant de son expérience, elle aime « faire les choses » et ses objets façonnés la conduisent impérieusement à la pensée philosophique.

Depuis le 17 septembre, en pénétrant dans la Nef du Mac Val, on entre directement dans un univers habité. Et ensoleillé. Après avoir longé un curieux claustras de briques de sable, qui laisse filtrer une chaude luminosité, on découvre une architecture totem, avec ça et là des formes réparties sur le sol immaculé, cordes, boules de verre, sable, tissus, d'autres suspendus, tel un grand cercle miroir tournoyant, même les murs s'animent d'ombres portées d'une grande poésie. L'immensité de l'espace sied visiblement à l'artiste Morgane Tschiember.

 

Faire les choses. "J’aime faire les choses moi-même. J’ai besoin d’apprendre, je sais souffler du verre, je construis des murs, je sais souder. C’est en apprenant à souder à New-York avec des Chinois, que j’ai découvert que la rencontre de l’acier et de l’arc (la partie qui permet de souder) crée une troisième substance qui s’appelle la laitance noire. C’est d’une grande poésie."

"L’art minimal, formel, m’intéresse énormément, mais ce qui m’intéresse autant c’est de toujours révéler le système de fabrication de mes pièces. Le camouflage me dérange beaucoup chez l’artiste minimal". Morgane Tschiember aime tout montrer, un sol irrégulier, des traces de doigt sur l’acier manipulé… Pour son installation au MacVal, elle a laissé visible le système de soudure de ses pièces d’acier peintes en noir. « Cette expérience n’a pas été appréciée à New-York, mais lorsque je suis allée au Japon montrer ces pièces, en plus grand format, on y a vu une grande poésie, les comparant à de grandes fleurs. La perception dépend vraiment de la culture. »

 

Créer sa brique. « J’aime transformer les espaces, construire des murs. Je me suis dit : il faudrait que je fasse ma brique à moi. Celles qu’on utilise sont conçues par des hommes, l’architecture est souvent très masculine. Je me suis demandé quelle forme je lui donnerais ». Morgane Tschiember a tendance à relier par des strates les univers, tout comme son travail est un trait d’union. Elle veut rendre l’ombre et la lumière comme complémentaires, non pas opposées. Pour elle, il était évident que sa brique serait ouverte, pourrait être traversée.

« Quand s’est posée la question de la forme, je la voulais universelle. Dans toutes les cultures, il y a le triangle et le cercle ». Les cloisons construites sont en effet composées de ces deux modules géométriques qui, une fois assemblés, forment parfois un grand cercle, ou deux, ou un grand triangle, à peine visibles mais perceptibles quand le visiteur se déplace.

 

De la physique à la métaphysique. « Tout mon travail va de la physique à la métaphysique ». Celui qu’elle a conçu pour la nef du MacVal, Morgane Tschiember a choisi de l’appeler Soleil. Cela fait des années que l’artiste s’intéresse à l’astre. « Au départ, je voulais utiliser le féminin pour évoquer le soleil comme en allemand, die Sonne. Tout artiste passe d’une culture à une autre. J’ai finalement préféré le neutre". Voulant s'imprégner de la pensée de Descartes, elle commença à lire son essai Les Météores. Le philosophe mathématicien y écrit à propos du soleil : « On peut voir jusques à six soleils dans ce cercle blanc ». Cette idée lui plaît beaucoup. Selon la façon dont on voit un objet ou un être, chacun se multiplie ou est multiple, selon son angle de vision pour l’objet (indirectement, par réfraction, par réflexion…) ou selon son rang social pour l’être (mère, sœur, fille…), explique-t-elle. Elle appellera l'exposition Six soleils.

 

Exposition, sur-exposition, sous-exposition… Morgane Tschiember a eu aussi envie de jouer avec la façon qu’a l’artiste de montrer son travail. Répondant au besoin de réunir en un même lieu toutes les strates qui superposent ses univers. Des bulles de verre qu’elle souffle en les altérant de poussières récoltées, des briques de sable, des cordes évoquant la culture … Autant d’objets qui évoquent ses multiples recherches, découvertes, expériences, accidents…

 

Décider de tout. On l'aura compris, pour Morgane Tschiember tout s'imbrique pour ne former qu'un. Nullement impressionnée par l'immense Nef du musée, l'artiste adapte son œuvre à l'intégralité du volume. Elle a donc décidé de peindre le sol en blanc, de relever les stores des fenêtres hautes habituellement étanches afin d’apporter un éclairage naturelle à une pièce ajourée monumentale, d'accompagner les pas du visiteur d'une musique inspirée par son installation. Même cette dernière fait partie du processus : elle a pour origine l’observation du sable qui, soumis à la vibration sonore d’une enceinte, prend des formes variées, carrée, rectangle, ovale… L’artiste a demandé au musicien Fred Léonard de prendre le chemin inverse et de partir du cercle et du triangle pour imaginer des sons.

 

6 soleils, exposition de Morgane Tschiember du 17 septembre au 5 mars 2017 dans la Nef du Mac Val, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, Place de la Libération, 94400 Vitry-sur-Seine.

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