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Une pirogue et une parure : alertes au vivant au Musée de l’Homme

par Véronique Giraud
Le chef papou Mundiya Kepanga a déposé un ensemble de parure traditionnelle au Musée de l'Homme à Paris. © Marc Dozier
Le chef papou Mundiya Kepanga a déposé un ensemble de parure traditionnelle au Musée de l'Homme à Paris. © Marc Dozier
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Une "pirogue-colibri" est exposée jusqu'au 31 décembre dans la Galerie d'accueil du Musée de l'Homme. DR
Hors-Champs Croisement Publié le 13/10/2016
Une pirogue et une parure ont fait un très long voyage avant de prendre place au Musée de l’Homme le 12 octobre. La pirogue, issue de la forêt d'Amazonie équatorienne, et les éléments de la parure, issus des hautes terres de Papouasie-Nouvelle Guinée, ont en commun de provenir de forêts primaires menacées. Exposés jusqu'au 31 décembre dans la galerie d’accueil du musée, les deux objets agissent en alertes du vivant.

A l’occasion de la Cop 21, les grands chefs du monde se sont rassemblés pour témoigner des impacts du réchauffement climatique sur leur territoire. Mundiya Kepanga, chef papou de Papouasie-Nouvelle Guinée, était une voix de la forêt primaire. Il revient aujourd’hui à Paris, alors que se prépare la Cop 22 organisée à Marrakesh, pour l'exposition exceptionnelle de deux objets au Musée de l'homme : une pirogue, issue de la forêt amazonienne, et une coiffe traditionnelle des hautes terres de la Guinée.

Ces deux objets contemporains, précieux et intimes, ne font pas partie des collections du musée national. Exposés exceptionnellement dans la Galerie d’accueil jusqu'au 31 décembre, ils agissent comme des alertes pour mettre le vivant au cœur des préoccupations de l’homme du XXIe siècle. Ils témoignent de l'existence de peuples qui luttent pacifiquement pour ne pas être oubliés, et des liens qui nous lient à eux.

La pirogue « Poisson-Colibri » a été conçue par le Peuple Kichwa de Sarayaku (Amazonie équatorienne). Exposée au Musée de l'Homme,  elle porte jusqu'en Europe le message des peuples autochtones menacés par l’exploitation pétrolière. Et incarne leur lutte pacifique pour la reconnaissance de la « Forêt Vivante » en tant que territoire sacré, patrimoine de la biodiversité et de la culture Kichwa.

La coiffe Yari est un ensemble de parure traditionnelle dont les éléments proviennent des hautes terres de la région de Tari, où Mundiya Kepanga est chef de tribu, au cœur d’une forêt primaire de Papouasie-Nouvelle Guinée. Composée de fibres végétales, plumes d’oiseau, nacre et poils de queue de cochon, elle témoigne des relations de la société Huli avec son environnement naturel.

C'est également au Musée de l'Homme que le documentaire de Marc Dozier et Luc Marescot « Frère des arbres » sera projeté en avant-première le 2 décembre à 20h, en présence de Marc Dozier et de Serge Bahuchet, directeur de département Hommes, Natures, Sociétés (Muséum). Auditorium Jean Rouch, en entrée libre.

 

Quand la science analyse la perte de la biodiversité des forêts. Cet événement ne peut pas se réduire à une curiosité ethnologique, la tragédie sur laquelle il tente d'alerter l'opinion est corroboré par les travaux d'une équipe internationale regroupant des chercheurs de 90 institutions, dont le Cirad, qui ont montré que la perte de diversité des forêts de la planète diminue leur productivité. Conséquence : leur capacité à stocker le carbone, et donc à atténuer le changement climatique, se réduit également. En outre, ces travaux, publiés le 14 octobre dans la revue Science, chiffrent la valeur économique de cette biodiversité : elle serait comprise entre 166 et 490 milliards de dollars par an.

 

 

Mundiya Kepanga, chef de la tribu papou Kobe Tumbiali en Papouasie Nouvelle-Guinée, vient en France depuis une dizaine d’années pour faire connaître et défendre sa forêt, invité par des musées, des chercheurs ou des établissements scolaires. Il vient aussi pour observer les modèles de gestion de la forêt française et échanger avec les forestiers. Son désarroi est grande face à une situation menaçante : « la forêt primaire de Papouasie Nouvelle-Guinée, essentielle pour la vie de mon peuple, est mise en danger par les sociétés étrangères d’exploitation forestière qui coupent nos arbres et ne les replantent pas. »

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