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Cabu s’est échappé !

par Jacques Moulins
"Cabu s'est échappé" un ouvrage en hommage au dessinateur assassiné à Charlie Hebdo. © Mucchielli / NAJA
Livre BD Publié le 30/09/2016
Publié aux éditions sœur de Charlie, un livre fait le tour de la carrière de Cabu en tant que dessinateur de couvertures en publiant principalement les dessins non retenus par les rédactions. 45 ans de vie politique sous un angle pour le moins inédit.

"Les femmes qui ont leurs règles font-elles tourner les urnes ?" demande un dessin de 1974 où l'on voit une ménagère hésiter à mettre son bulletin dans l'urne. Là est tout Cabu. Né le 13 janvier 1938, il commence sa carrière à 16 ans dans la presse locale de sa ville natale Châlons en publiant ses dessins dans le quotidien régional L'Union de Reims. La même année, il part pour Paris où il est employé comme apprenti dessinateur dans une agence de pub qui se trouve… au-dessus du Crazy Horse. Ainsi prédestiné, il s'inscrit à l'École Estienne et à l'Académie Julliard et réalise son premier dessin dans la presse nationale à 19 ans, pour Paris-Match.

Il n'a ainsi jamais cessé de croquer la vie sociale et politique, principalement à Paris qui est sa première source d'inspiration. Un livre restitue cette activité quotidienne en reproduisant un grand nombre de dessins qu'il a réalisés pour des couvertures de Charlie Hebdo, mais aussi de Hara-Kiri et La Grosse-Bertha. La majorité de ces Unes sont "échappées", c'est-à-dire n'ont pas été retenue pendant les 45 ans que Cabu s'est attelé  à la caricature de l'actualité sociale et surtout politique de la France. Tout nos présidents y sont, Giscard avec une bouche en cul de poule, Mitterrand et deux dents de vampire, Chirac le gendre idéal, Sarkozy en traître, Hollande le ravi, mais également bien d'autres hommes et femmes politiques, avec quelques favoris cependant comme Balladur, Marchais, Le Pen, Raffarin.

Bush, les papes et les tueurs islamistes ont l'honneur de figurer également dans ce bestiaire au titre des étrangers sélectionnés par le crayon toujours acerbe de Cabu. Les dessins sont parfois durs, comme celui représentant, en 1980, le journal pour enfants Pif, réputé proche des communistes, avec une couverture offrant pour gadget "un petit cambodgien" avec seulement la peau et les os, et cette légende "Trempez-le dans un bol de riz, il se mettra à manger" et une mère en manteau de fourrure conseillant devant le kiosque à son enfant "Prends pas celui du dessus, il est tout corné". Ou son célèbre "beauf" recommandant en 2013 l'ouverture des magasins le dimanche "… pour acheter un piège à Roms".

Parfois, ils entonnent un refrain militant "Oui aux délocalisations : des charters pour les patrons !". Parfois, ils sont surprenants "À l'inauguration de Beaubourg, la Joconde montrera son cul". Parfois, ils sont d'un humour limite : "Violée le jour de la rentrée", la maîtresse s'écrie "Pas les redoublants !". Mais toujours l'humanisme fleurte avec l'humour noir malgré la qualité inégale des dessins dont il ne faut pas oublier qu'ils n'étaient souvent que des essais soumis à la critique de ses amis et confrères avant le choix final de la couverture par la rédaction.

Cabu s'est échappé ! Éditions Les échappés. Septembre 2016. Préface de Bertrand Delanoë. 320 pages format 27 x 33,5 cm. Prix 39 €.

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