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Migrations numériques : la Gaîté Lyrique 2017-2022

par Véronique Giraud
La Gaîté Lyrique, laboratoire des artistes du numérique, et lieu de partage avec le public. DR
La Gaîté Lyrique, laboratoire des artistes du numérique, et lieu de partage avec le public. DR
Arts visuels Numérique Publié le 07/12/2016
L’arrivée de Marc Dondey à la direction de la Gaîté Lyrique marque une mutation du lieu aujourd'hui dédié aux cultures numériques. Derrière son nouveau logo, ce n’est pas seulement l’identité visuelle qui change, c’est aussi l’organisation fonctionnelle d’un lieu de création et de diffusion qui se veut plus ouvert aux artistes et à un large public.

Marc Dondey se prépare depuis quelques mois à remplacer Jérôme Delormas à la tête de la Gaîté Lyrique. Il peut aujourd’hui présenter son projet pour l’ancien théâtre que la Ville de Paris a dédié depuis 2011 aux cultures numériques. Le nouveau directeur général et artistique veut y réintroduire… le théâtre, et appliquer de Paris à Montréal ses expérimentations de travail et de production de la création contemporaine dans notre société numérisée.

Deux autres personnalités sont associées dans la société d’exploitation qui a obtenu la délégation de service public pour les cinq ans à venir : Monique Savoie et Jean-Dominique Secondi. La première, artiste québécoise d'avant-garde  passionnée de culture numérique, a fondé en 1996 la Société des Arts Technologiques (SAT) à Montréal. Le second, architecte, a contribué à la conception de la Cité des sciences et de l'industrie et créé à Lyon un espace de diffusion et de production de l'art contemporain.

La mission est claire mais vaste : accueillir les créations du spectacle vivant, de l’art et des technologies, diffuser des musiques actuelles, et s’ouvrir à un public diversifié. Pour la mener à bien, le bâtiment a été repensé et les six niveaux réorganisés, selon leur fonction et leur articulation. C’est là qu’intervient l’architecte qui doit faire cohabiter deux publics, les artistes et les usagers, dans un lieu que Marc Dondey définit comme une « fabrique d’art, de pensée critique, de gaîté ».

Hors les murs, et jusqu'à Montréal. L'autre objectif est une meilleure visibilité du lieu. Car si le bel immeuble de la Gaîté lyrique a retrouvé une partie de son faste architectural, et qu’il se situe idéalement au cœur de Paris, face à un square, tout près du CNAM, du Centre Pompidou et du Carreau du Temple, on passe souvent sans le voir. Pour y remédier, une structure hémisphérique facilement montrable et démontable, baptisée la Gaîté Nomade, sera installée dès janvier sur le parvis du théâtre, puis d’autres lieux dans Paris, avant de voyager vers plusieurs villes en France. Pour Marc Dondey, ce dispositif a été imaginé comme « un point de contact, une tête chercheuse, cette mini Gaîté Lyrique itinérante sera un lieu de médiation et de création ». On y imprimera en 3D, fabriquera des catapultes, des films d’animation, des jeux vidéo. Une autre version de la Gaité nomade. Plus grande, elle pourra devenir une salle de projection d’images, de sons, de conférences et de concerts, et accueillir des projets de longue haleine. Comme à Paris.

On l'aura compris, pour la nouvelle équipe une meilleure accessibilité passe la circulation des images et des idées produites dans la Gaîté Lyrique, une vision web de l'échange entre artistes et public. Un autre versant mobilité de la Gaîté prend la direction de Montréal. Il est incarné par Monique Savoie, qui veut « concevoir la SAT et la Gaîté lyrique comme un seul et même lieu. On est plutôt habitués à la tournée, à la diffusion, à l’itinérance, quand les œuvres sont terminées. Là on se lance le défi que la circulation des œuvres, des idées, des personnes se fera dès la création." Il s'agit de réunir les ressources et les moyens de la SAT et de la Gaîté Lyrique pour propulser de nouveaux talents dans cette culture numérique. En 2016/2017, 18 projets artistiques seront accueillis à la SAT pour y être incubés en résidence à partir de mars. Ils feront partie de la carte blanche Montréal Paris organisée à la Gaîté à l’automne 2017.

L’innovation technologique rejoint l’innovation sociale. « Dans notre société post-numérique et dans une fabrique d’art comme celle-ci, on doit aussi sortir et se transporter dans des environnements complètement différents, explique Marc Dondey. Nous allons ouvrir le grand chantier « Hôpital et créativité ». Il s’agit de réunir des groupes de travail dans l’environnement hospitalier pour adresser des questions sur les parcours de soins, les thérapies, à l’exemple de ce qu’a fait la SAT à Montréal avec l’hôpital Sainte-Justine, ou à Strasbourg la Fabrique de l’hospitalité où j’ai moi-même travaillé ». A la Gaîté lyrique, le programme Capitaine Futur porte ce travail avec l’Institut de recherche sur les maladies génétiques Imagine.

 

Les rendez-vous avec le public. Reste à voir si le programme très dense reflètera ces intentions et saura attiser la curiosité public. Les plus grandes manifestations collent clairement à l'actualité et aux préoccupations de chacun dans une société devenu schizophrène redoutant, autant qu'elle s'y adonne, les chemins connectés qui défient les frontières identitaires tandis que de nouveaux murs se construisent. Le 11 janvier, le premier Grand Format de la Gaîté Lyrique s’intitule Lanceurs d’alerte. Décliné par plusieurs artistes préoccupés par la question, à l'instar du Peng Collectif (artistes/scientifiques), il s’achèvera le 28 janvier avec la Nuit des lanceurs d’alerte. Le deuxième Grand Format, Aéroports Ville-Monde, convoquera des artistes de France, du Japon, d’Espagne, du Canada, pour une reprise de l’exposition Terminal P, montée au centre d’art La Panacée à Montpellier de juin à août 2016 par Franck Bouchard son ex-directeur. En septembre, le compositeur Pascal Dusapin est l’invité de la Gaîté pour 8 semaines, non pas avec ses créations symphoniques mais, plus surprenant, par une projection vidéo et sonore des dessins qu'il réalise en composant sa musique. « Rentrer dans sa musique à travers le dessin, avec les yeux, c’est une chance extraordinaire », commente Marc Dondey.

Pour les concerts de printemps, à noter le duo The Lemon Twigs, révélation rock et burlesque 2016, le 31 mars, et le groupe lillois Rocky, le 3 mai. En avril, Arte Concert Festival revient pour trois jours de live et d’animations. Le théâtre fait lui une réapparition à la Gaîté en décembre en accueillant, avec le CentQuatre et le T2G Gennevilliers, quatre représentations du Festival Impatience, créé pour donner un coup de pouce aux jeunes issus des écoles de théâtre en leur donnant l’opportunité de rencontrer un public.

Avec le programme Images - Immersions, la Gaîté tentera de répondre à deux questions : Que ressent-on quand on a un casque sur la tête ? Quelles images voit-on défiler ? Réponses en festivals : Les rencontres Paris-Berlin, I love Transmedia et F.A.M.E., une production maison.

Questions de genres est le rendez-vous du festival Loud & Proud. Musical du 6 au 9 juillet, il est aussi une plateforme d’expression pour les minorités sexuelles. « Loud & Proud est, au-delà, une manière de penser en dehors de la norme. La question des minorités visibles et invisibles n’est pas seulement un défi de cohésion sociale, c’est un défi de représentation du monde » exprime Marc Dondey. Une profession de foi pour la Gaîté Lyrique ?

 

La Gaîté Lyrique, le lieu des cultures numériques,

 

 

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