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Jacques Glowinski : « Il fallait ouvrir le Collège de France »

par Véronique Giraud
Jacques Glowinski © Patrick Imbert, Collège de France
Jacques Glowinski © Patrick Imbert, Collège de France
"Le Cerveau-architecte, Le Collège de France dans le XXIe siècle", ouvrage que Jacques Glowinski a co-écrit avec le journaliste François Cardinali, est publié aux éditions
Livre Sciences Humaines Publié le 16/12/2016
Le parcours de Jacques Glowinski se fond avec celui du Collège de France où, pendant 50 ans, il fut simultanément professeur et titulaire de la chaire de neurophysiologie, administrateur, et responsable du projet de sa rénovation. Un flot d'aventures personnelles et professionnelles qu'il raconte dans le livre "Le cerveau-architecte".

Comment avez-vous eu l’idée de votre ouvrage ?

Ce livre s’est fait par hasard. Au départ, je voulais archiver le grand projet de rénovation du Collège, réalisé avec une équipe restreinte, pour en laisser la mémoire. C'est en rencontrant l’éditeur qui venait de publier le livre de Philippe Walter, L’art et la chimie, co-écrit avec le journaliste François Cardinali, que l'idée de faire un livre sur mon parcours est venue. Avec François Cardinali, le courant est passé. Il m'a aidé à trouver un fil conducteur convenable, m’a donné la notion de rythme, de ce qui est essentiel et lisible par quelqu’un d’extérieur.

 

Faut-il être amoureux des sciences pour le lire ?

Non. Mon problème était de parler des gens, de rendre justice à tous ceux qui avaient contribué à ce travail. Sans que ce soit un album de famille. Je voulais aussi faire passer le message d’un parcours, d’une succession d’événements qui font finalement une histoire cohérente. Il y a des réflexions sur la recherche, comment on crée des équipes, les variabilités selon les pays, des réflexions sur l’architecture, sur la création d’un grand centre de recherche et les nombreux problèmes survenus au fur et à mesure.

 

Le Collège de France est le lieu du savoir en train de se faire, et, gratuit et ouvert à tous, du partage des connaissances avec le grand public. Ce lien est-il exprimé dans votre livre ?

Oui, beaucoup. C’était connu, le Collège était un lieu fermé, très cloisonné. Il fallait l’ouvrir à l’intérieur, trouver les liens entre les disciplines, et l’ouvrir vers l’extérieur. Une série de réformes ont pu être entreprises parce que j’avais emmagasiné des informations et des suggestions de mes collègues. J'ai pensé l’architecture à travers la fonction. Pour la communication interne, une lettre intérieure a été un remarquable vecteur d’information et d’expression, et le site web a considérablement été développé par l'administrateur Pierre Corvol.

Un autre problème était d’utiliser mieux les locaux. La station de Meudon, inutilisée, a été transformée en 57 studios pour y accueillir des post-doctorants. J’ai voulu faire la même chose avec la station de Nogent-sur-Marne mais un règlement administratif de la Mairie de Paris ne l’a pas autorisé. Une ouverture du Collège s’est donc faite avec des gens qui y collaborent et plusieurs conventions ont été signées.

 

Quel lien l’institution a-t-elle avec la société d'aujourd’hui ?

Le Collège de France était mal jugé par les Français. Son évaluation n’était faite qu’en terme financier, pas en terme de valorisation. Nous avons donc créé en 2003 le COSS (Comité international d’Orientation Scientifique et Stratégique), composé uniquement d’étrangers, pour avoir un regard extérieur. La première année, le COSS fut dirigé par un Allemand, Detlev Ganten. Puis le comité s’est agrandi jusqu’à une vingtaine d’universités en convention, et mes collègues continuent. Nous invitons les professeurs, ils nous invitent. L’idée était de pouvoir faire une véritable école internationale de post-doctorants, afin de rajeunir les équipes, et d’utiliser dans chaque bâtiment les locaux disponibles pour de jeunes équipes indépendantes.

 

Le Collège de France est un modèle d’enseignement très positif. À l’heure où en France l’enseignement est perçu comme quelque chose qui fâche, votre livre pourrait renvoyer un message positif.

Dans ce livre, je raconte une histoire qui n’est pas due à moi mais à Carlo Ossola, un Italien érudit, professeur responsable de la littérature méditerranéenne au Collège. Il rencontre Jack Ralite, alors maire d’Aubervilliers, à un séminaire sur le problème de la pauvreté et la solidarité et tous deux décident de faire quelque chose entre le Collège de France et la ville. Nous avons créé les lundis du Collège de France à Aubervilliers. Pendant cinq ans, nous avons fait huit conférences par an à Aubervilliers sur plein de domaines et dans des lieux différents, le Théâtre de la Commune, Zingaro, le lycée Le Corbusier, etc. À l’issue de ces conférences, les élèves du Conservatoire de la Courneuve et Aubervilliers intervenaient dans leur discipline artistique, musique, danse, théâtre, etc. Puis on se retrouvait tous autour d’un verre et d’un repas. Ce fut une expérience extraordinaire.

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