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Gaston Lagaffe sexagénaire mais toujours le trait libre

par Véronique Giraud
Livre BD Publié le 20/12/2016
Écolo, fervent défenseur des animaux, antimilitariste, ennui du parcmètre, maladroit mais génial inventeur d’une panoplie d’artifices régis par une seule loi : en faire le moins possible, le personnage de Gaston, inventé par Franquin il y a 60 ans, a incarné avec brio les affres de la marginalité des glorieuses années 60 et 70 en France. Le Centre Pompidou l'a invité dans sa bibliothèque.

Gaston Lagaffe fête ses 60 ans et le festival de la BD d'Angoulême qui lui rendra hommage fin janvier. En cette fin 2016, celui pour qui les livres servaient surtout à protéger des regards indiscrets ses siestes chroniques hante les librairies. Et, alors qu'on admirait sa nonchalance d'anti-héros, il est le héros d’une exposition que lui consacre la BPI du Centre Pompidou jusqu’au 10 avril 2017.

Chacun de nous s’est reconnu dans l’une des qualités de cet éternel adolescent : indolence, paresse, compositeur d’un vocabulaire d’étranges borborygmes, inadaptation dans un monde régi par l’idée de progrès et de travail, curieux de tout dont la seule ambition est de construire une alvéole de paix au milieu de la ruche d’une florissante entreprise de publicité des trente glorieuses. Au Centre Pompidou, Lagaffe retrouve les personnages secondaires, mais importants, des albums de Gaston : le rédac'chef, M. de Maesmacker… sont inspirés de proches de leur créateur André Franquin. Respectivement, d'Yvon Delporte, rédacteur en chef des éditions Dupuis, et d'Aimé de Maesmacker, père du dessinateur avec lequel il collabore pendant vingt ans. Quant à M’oiselle Jeanne, amoureuse de Gaston, elle est d'abord une vieille fille revêche puis, au détour de la libération sexuelle de 1968, acquiert une féminité explosive et se transforme graphiquement en créature de rêve .

André Franquin nous a beaucoup fait rire avec ses bulles et ses dessins. L’auteur n’avait pourtant pas toujours le cœur à rire et à sourire, comme le dévoile l’album « Idées noires », paru en octobre dernier. Ces dessins noirs à l’humour acidulé voire franchement glaçant, qui paraitront par la suite dans la revue Fluide glacial, sous-tendent la face intime d’un créateur. Sans doute la plus fidèle à sa nature profonde et à ses idées, puisque c'est à partir de leur parution que Frangin acceptera de collaborer à des journaux d'opinion et que de grandes instituions les utiliseront pour défendre leur cause.

En 2017, le festival international de la bande dessinée fêtera les 60 ans du célèbre gaffeur avec une grande exposition sur la place de l’Hôtel de Ville d’Angoulême qui rendra hommage à Lagaffe et à son créateur, disparu il y a vingt ans. Pierre-François Martin-Laval a d’ores et déjà annoncé son projet d’adapter le personnage au cinéma. A suivre…

 

 

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