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Le Monfort : « Terebak de Kyiv », virtuose, vivant, revigorant

par Jacques Moulins
"Terabak de Kyiv" de Stéphane Ricordel et Dakh Daughters, ici avec Benoît Charpe (monocycle sur trampo). © Christophe Raynaud de Lage
Arts vivants Cabaret Publié le 05/01/2017
Le théâtre Montfort a érigé dans la cour de son espace, Porte de Vanves, un chapiteau pour accueillir un cabaret du XXIe siècle, avec acrobates et la compagnie Dakh Daughters, des Ukrainiennes qui voguent sur les esthétiques punk et rock des années 90. Un genre joyeusement réinventé par Stéphane Ricordel, metteur en scène et directeur de l’établissement.

Si vous aimez le cabaret, vous ne pouvez pas manquer le bortsch (soupe à base de betteraves) et les charcuteries ukrainiennes servies sous le chapiteau du théâtre Montfort dès 19h, avant que les lumières ne s’éteignent et plongent la salle de restauration dans le spectacle inédit et brillant Terabak de Kyiv.

Si vous ne connaissez pas le cabaret, genre poétique, populaire, festif et convivial (au sens premier du mot puisque l’on y partage les vivres) vous manqueriez quelque chose en n’allant pas commander votre plat à la barmaid d’un des deux comptoirs sous chapiteau. Vous apprendrez plus tard que cette jeune dame au costume noir sur corset rehaussé de rouge, aux cils longs à faire pâlir d’envie Madame Trump, est la claveciniste qui martèle son humeur à coup d’accords. Ukrainienne, comme les six comédiennes, chanteuses et musiciennes de Dakh Daughters qui occupent successivement la salle, la scène fixe et la scène mouvante de ce spectacle singulier dont on ressort souple de l’âme et du corps (illusion bien sûr, mais illusion revigorante).

Ces six femmes au fond de teint blanc comme un Pierrot ou une Nina Hagen, encadrent et exaltent les acrobates, monteuse de mât, couple de trapézistes, virtuose du monocycle, en véritables meneuses de revues. Et ce cul-de-jatte voltigeur. Et ce balayeur égaré qui se cogne, se renverse, rebondit, saute de son plongeoir dans la piscine-trempolino et irrite le présentateur, lui-même humoriste et magicien des cartes. Divertissement et bonne humeur qui n’empêchent pas le sérieux des textes provoquants des Dakh Daughters, en langue originale volontairement non sous-titrée pour ne pas brouiller l’attention visuelle du spectateur.

C’est cela le cabaret, la folie populo d’un siècle passé, recomposée, réinventée par la magie du metteur en scène français Stéphane Ricordel, directeur de l’heureux établissement municipal, qui aime mélanger les genres avec l’aide des musiciennes ukrainiennes. Ils ont produit ensemble ce spectacle unique et d’unité continue et joyeuse, à la différence des successions de démonstrations que l’on voit habituellement sur écran ou sur théâtre et qui ont plombé le genre. De ces dames agitées, séduisantes et peu commodes, il dit : « Avec leurs textes, qui sont politiquement mais aussi poétiquement engagés, elles sont capables de prendre sur scène une posture très rock’n roll par leur look et par leur façon d’être tout le temps en adresse directe. Elles sont très cabarétiques ! ».

 

Terabak de Kyiv au Monfort Théâtre, de Stéphane Ricordel et Dakh Daughters (Ruslana Khazipova, Tanya Havrylyuk, Solomia Malnyk, Anna Nikitina, Natalia Halanevych et Zo). Composition musicale : Vlad Trotsky. Avec : Marina Voznyuk (barmaid musicienne), Yann Frisch (magia), Julieta Martin (mât chinois), Matias Pilet (acrobate), Josefina Castro Pereyra et Daniel Ortiz (cadre), Oscar Nova de la Fuente (sangles), Benoît Charpe (monocycle sur trampo). Jusqu'au 14 janvier.

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