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Mot de passe oublié ?A Hambourg, Elphi reçoit enfin dans sa GrosserSaal
Hambourg a conservé de son statut passé de ville libre hanséatique une prétention heureuse à se doter de ses propres structures de rayonnement culturel. Devenue Land (Etat-région) à part entière, deuxième ville d’Allemagne par sa population et première par son port et son opulence, elle tient à tenir son rang dans un pays qui ne connaît pas la centralisation. En Allemagne, où nombre d’enfants apprennent la musique et nombre d’adultes consacrent une part de leur loisir à en jouer, Hambourg ne pouvait que se hisser dans le peloton restreint des capitales européennes disposant d’une vaste et moderne philharmonie. Construite sur les rives de l’Elbe, l’Elbphilharmonie (« Elphi » pour les intimes) a enfin été inaugurée mercredi 11 janvier en présence de la Chancelière (bien sûr mélomane) Angela Merkel.
Enfin, car le chantier pharaonique aura duré dix ans. Le maire Ole von Beust, à l’origine du projet, comptait bien inaugurer quatre ans plus tard ce bâtiment somptueux conçu par les architectes suisses Jacques Herzog et Pierre de Meuron. Mais l’audace architecturale et sa réussite saluée par tous, notamment pour son acoustique inédite, ont eu un prix. Au sens propre puisque le chantier a coûté 865 millions d’euros alors qu’il avait été décidé sur un devis initial de 77 millions ! Au sens figuré puisque, d’imprévus en surcoûts, le maire a dû accepter que le parlement du Land crée une commission d’enquête pour déterminer les raisons de l’addition inattendue. C’est donc un nouveau maire, Olaf Schulz, qui a eu l’honneur d’ouvrir la GrosserSaal (grande salle) aux 2100 places à ses premiers invités.
Complet pour six mois. Le soir de l’inauguration, chacun a laissé au vestiaire ses couteaux pour assister aux concerts successifs, entre autres les Créatures de Prométhée de Beethoven, l’ouverture du Ruy Blas de Mendelssohn, les Six métamorphoses de Britten et la Turangalilâ-Sinfonie de Messiaen. Donnés bien entendu par la formation du cru, l’Orchestre de la NDR Elbphilharmonie sous la direction de son chef Thomas Hengelbrock. L’orchestre est placé au centre de la salle et les spectateurs, au plus près, ont l’impression de le tenir à portée de bras. Au sommet de l’édifice, auquel on accède par le plus long escalator du monde (82 mètres), se trouve un plateau de 4 000 m2 dénommé « la plaza » qui offre une vue imprenable sur Hambourg tout en cheminant entre commerces jusqu’au foyer, qui ouvre lui-même sur la GrosserSaal
L’autrichien Christoph Liebel-Seutter, nommé directeur général dès le lancement du projet en 2007, puis renouvelé l’an dernier jusqu’en 2021, préfère regarder devant lui. Elphi affiche déjà complet pour les six mois à venir, et tout indique qu’il est sur la bonne voie pour réussir son pari d’inscrire l’institution dans le Top 10 des philharmonies du monde.
