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Mot de passe oublié ?BD à Angoulême : Ramize Erer remporte le Prix couilles au cul
Le Prix Couilles au cul 2017 a été décerné à la dessinatrice féministe turque Ramize Erer. "Ce prix, attribué "au courage artistique", met ici en lumière la situation difficile que vient en ce moment les dessinateurs de presse turcs – parmi les plus actifs, les plus talentueux et les plus (im-)pertinents du monde – en butte à un pouvoir islamo-conservateur de plus en plus répressif, /… et d'autre part pour rendre hommage au courage de cette dessinatrice et à son combat pour la cause des femmes, victimes collatérales de la politique d'Erdogan", indique le festival off.
La dessinatrice était particulièrement touchée de recevoir un prix venant de "Fluide glacial", journal qu’elle admire depuis toujours. Elle a dédié le prix à des personnes qui comptent particulièrement dans son parcours. Sa mère, qui lui a inculqué "ce que les hommes craignent le plus", le féminisme, "sans avoir lu Virginia Woolf ni Simone de Beauvoir". Et Georges Wolinski, assassiné lors des attentats de Charlie hebdo, qui lui avait permis de se réfugier en France avec sa famille, lorsque les menaces contre elle et son conjoint le dessinateur Tuncay Akgün, ancien rédacteur en chef du magazine de bande dessinée Girgir, sont devenus par trop précises. Publié depuis 2010, le journal Bayan Yani dénonce régulièrement les dérives de la société turque, notamment dans le cadre des relations hommes-femmes. Ramize Erer y travaille désormais depuis Paris.
Le prix Couilles au cul a été inventé en 2016 par Yan Lindingre, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Fluide Glacial. L'intention du dessinateur était de réagir contre la décision de la direction du festival international de la bande dessinée d'Angoulême d'annuler le prix Charlie pour la liberté d'expression, qui avait été créé au lendemain des attentats de janvier 2015. Attribué "au courage artistique d'un auteur", le nouveau trophée couillu du festival Off avait voulu récompenser une femme, avant même que Riad Sattouf ne provoque la polémique en dénonçant le peu d'auteures et dessinatrices distinguées par le festival. Nadia Khiari fut la première primée le 30 janvier 2016. "Je dédie ce prix à tous ceux qui privilégient la liberté à la sécurité, ceux qui n'ont pas peur, ceux qui résistent", avait dit la dessinatrice tunisienne, créatrice du fameux chat Willis from Tunis. Cette année c'est une nouvelle fois une femme qui reçoit la récompense. Hasard ou faute de combattants ?
Née en 1963, Ramize Erer est diplômée de l’Académie des Beaux-Arts d’Istanbul. En 1990, elle publie Sans Moustache, le premier de ses cinq albums à résonnance féministe avec son héroïne Kötü Kiz, c’est-à-dire « La Mauvaise Fille ». Dessinatrice vedette de Radikal pendant plus de dix ans, elle a dû fuir la Turquie après la prise de contrôle de cet hebdomadaire par des proches du pouvoir. Elle habite désormais Paris où elle est la correspondante du journal Karşı. Entre Paris et Istanbul, elle est la rédactrice en chef du seul journal de bande dessinée réalisé uniquement par des femmes Bayan Yanı, véritable gageure en Turquie. Elle collabore également très tôt au journal satirique LeMan lancé par son compagnon Tuncay Akgün.
