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Blocage du Mexique et magouilles électorales, « Le siège de l’aigle » de Carlos Fuentes

par Jacques Moulins
"Le siège de l'aigle" de Carlos Fuentes, publié en 2005. DR
Livre Roman Publié le 06/02/2017
Un président américain qui bloque le Mexique, des élus qui intriguent pour les élections, c’est le sujet du "Siège de l’aigle", un roman se passant en 2020 que le grand écrivain Carlos Fuentes publiait en 2002. A lire ou à relire en cette période.

En ces temps de Trump et de présidentielles françaises où nos humbles vies humaines semblent écrasées par les enjeux planétaires, il est agréable de lire un livre écrit il y a plus de dix ans qui n’a pas perdu une ride. Un livre qui parle d’élections, de coups tordus, d’amitiés trahies, et des rétorsions que les Etats-Unis peuvent infliger au Mexique.

Ecrit en 2002, publié dans sa traduction française par Gallimard en 2005, Le siège de l’aigle est la métaphore employée pour désigner le poste de président de la république du Mexique. C’est un poste que l’on ne peut conquérir qu’une fois et pour une période de six ans, en vertu de la constitution promulguée en 1917. Les Etats-Unis du Mexique, selon le nom officiel, est un état fédéral de 120 millions d’habitants où les policiers, les magistrats, les gouverneurs et les élus se disputent une corruption séculaire abondée par les puissantes mafias. C’est dire que le candidat au siège de l’aigle doit au minimum avoir étudié Machiavel, se constituait une clientèle solide et des dossiers sur ses adversaires, tout autant que sur ses amis et soutiens.

Carlos Fuentes, qui a construit une œuvre large autour de l’âge du temps, fait se passer l’action en 2020, à partir du moment où le puissant voisin nord-américain a décidé de priver le pays des réseaux de télécommunications qu’il contrôle (bien vu, non ?) parce que le président mexicain en titre a refusé de soutenir l’occupation par l’armée américaine de la Colombie. Occupation décidée sous le prétexte de lutter contre les narcos-trafiquants.

Pour tout politicien, c’est une infamie, non seulement pour l’intrusion étrangère, mais surtout parce que tous ces messieurs et dames, qui ont pour principe sacré de ne jamais laisser de traces écrites de leurs propos, idées ou suggestions, se voient obliger de recourir sans cesse à la relation épistolaire.

L’argent, le sexe, la violence, la corruption sont les ingrédients premiers de ce roman à rebonds, aussi léger que profond, intelligent et si formidablement dans l’air du temps qu’il nous fallait le rappeler aux lecteurs alors que tant de publications trop conjoncturelles occupent les librairies. Certes, ça n’aide pas l’électeur à faire son choix en France, ni à rendre sympathiques les nouveaux pouvoirs états-uniens. Mais l’humour est si fin et présent, qu’au moins le citoyen relativise les informations lacunaires que la campagne nous sert chaque jour.

 

Le siège de l'aigle de Carlos Fuentes. Traduction de l'espagnol (Mexique) par Céline Zins. Editions Gallimard, 2005.

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