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Ceija Stojka : pour ne pas oublier les persécutions tsiganes

par Véronique Giraud
Ceija Stojka, Frauenlager Ravensbrück, 30 avril 1992, acrylique sur carton, 50 x 65 cm - Collection Marcus et Patricia Meier, Vienne
Ceija Stojka, Frauenlager Ravensbrück, 30 avril 1992, acrylique sur carton, 50 x 65 cm - Collection Marcus et Patricia Meier, Vienne
Ceija Stojka, Frauenlager Ravensbrück, 30 avril 1992, acrylique sur carton, 50 x 65 cm - Collection Marcus et Patricia Meier, Vienne
Ceija Stojka, Frauenlager Ravensbrück, 30 avril 1992, acrylique sur carton, 50 x 65 cm - Collection Marcus et Patricia Meier, Vienne
Arts visuels Arts plastiques Publié le 26/02/2017
Ceija Stojka (1933-2013) a survécu à trois camps de concentration. À l'âge de cinquante ans, elle a commencé à écrire le récit de sa vie puis à peindre pour témoigner de l'horreur et combattre l'oubli des persécutions du peuple tsigane par les nazis. Qualifiée d'art populaire ou d'art brut, son œuvre prolifique est présentée pour la première fois en France à la Friche Belle de Mai.

« Si le monde ne change pas maintenant, si le monde n'ouvre pas ses portes et fenêtres, s'il ne construit pas la paix - une paix véritable - de sorte que mes arrière-petits enfants aient une chance de vivre dans ce monde, alors je suis incapable d'expliquer pourquoi j'ai survécu à Auschwitz, Bergen- Belsen, et Ravensbrük. » C'est ce qu'écrivit l'Autrichienne Ceija Stocka qui, déportée à l'âge de dix ans, a survécu à l'emprisonnement dans trois camps nazis. Décédée en 2013, la peintre, écrivain, musicienne rom laisse derrière elle une œuvre considérable qu'elle a commencée en autodidacte quand elle eut cinquante ans.

Cette œuvre immense, le collectionneur Antoine de Galbert l'a découverte fin 2016 dans un appartement HLM d’un quartier populaire de Vienne. C'est là que vit le fils de Ceija Stojka avec sa femme, au milieu de plusieurs centaines de tableaux légués par sa mère. Beaucoup d'entre eux décrivent la vie à l'intérieur des camps, comme un témoignage de son existence et pour que personne n'oublie l'horreur vécue par le peuple tsigane persécuté par les nazis. La réputation du collectionneur d'art brut et fondateur de la Maison Rouge est venue jusqu'à ce couple, qui a fait appel à lui, certains qu'il en ferait quelque chose de bien. Un appel entendu par Antoine de Galbert qui, après avoir annoncé tout récemment la fermeture de la Maison Rouge fin 2018, envisage de la reporter afin d'organiser une exposition en février 2018 des œuvres de Ceija Stojka.

En attendant Paris, une première exposition se tient à Marseille, à la Friche Belle de Mai, du 11 mars au 16 avril. Elle réunit soixante-quinze œuvres, réalisées sans ordre chronologique entre 1988 et 2012. Peintures, archives, photographies, carnets permettent de retracer l’histoire de la vie de Ceija Stojka,  en un parcours ponctué par des thématiques fortes. Vienne, la traque, la déportation rassemble les représentations de sa famille cachée à Vienne, avant d’être raflée. Les camps, c'est le cœur de son œuvre et le cœur de l’exposition, avec plus de 200 créations inspirées par cette période (1943-1945).  Visions de cauchemar met face à la récurrence des barbelés, des cadavres, de la fumée, des SS, du vent, de la neige, des corbeaux. La graphie y prend une place très particulière, devient un motif en soi qui occupe la page et apporte des éléments de compréhension de situations extrêmes. Le retour à la vie exprime son bonheur de laisser libre cours à son goût de la couleur, de la vie au grand air et de la singularité rom.

Conçue dans la peur que l'Europe oublie son passé et que renaissent les discriminations à l'égard des tsiganes, l’œuvre de cette écrivaine, peintre et musicienne fait aujourd’hui référence.

 

Ceija Stojka, artiste rom, exposition du 11 mars au 16 avril 2017, La Salle des machines, Friche Belle de Mai, Marseille.

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