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Créations réunies « Autour de Mulholland Drive »

par Véronique Giraud
Au premier plan : Jennifer Tee, Crystalline Floor. Au fond : David Noonan, sans titre, 2016. En suspension : Morgane Tschiember, Shibari (vert amande), 2013. ©Giraud/NAJA
Au premier plan : Jennifer Tee, Crystalline Floor. Au fond : David Noonan, sans titre, 2016. En suspension : Morgane Tschiember, Shibari (vert amande), 2013. ©Giraud/NAJA
Lothar Hempel, Nature Morte, 2015. ©Giraud/NAJA
Lothar Hempel, Nature Morte, 2015. ©Giraud/NAJA
Lisa Holzer, D.R.E.S.S.I.N.G., 2013. ©Giraud/NAJA
Lisa Holzer, D.R.E.S.S.I.N.G., 2013. ©Giraud/NAJA
Hicham Berrada, Field, 2017. ©Giraud/NAJA
Hicham Berrada, Field, 2017. ©Giraud/NAJA
Max Cooper Schneider, Cold War Dishwasher (Uranium glass) 2015. ©Giraud/NAJA
Max Cooper Schneider, Cold War Dishwasher (Uranium glass) 2015. ©Giraud/NAJA
Jonathas de Andrade, Zumbi encarnado, 2014. ©Giraud/NAJA
Jonathas de Andrade, Zumbi encarnado, 2014. ©Giraud/NAJA
Au premier plan : Huma Bhabha, sans titre, 2006. Au fond : Saelia Aparicio, Introdenouement, core, 2017. ©Giraud/NAJA
Au premier plan : Huma Bhabha, sans titre, 2006. Au fond : Saelia Aparicio, Introdenouement, core, 2017. ©Giraud/NAJA
Emilie Pitoiset, Strike a pose, 2014. ©Giraud/NAJA
Emilie Pitoiset, Strike a pose, 2014. ©Giraud/NAJA
Arts visuels Arts plastiques Publié le 05/03/2017
L'esthétique du réalisateur américain David Lynch n'en a pas fini de nous interroger et de susciter notre imaginaire. Son chef-d'œuvre Mulholland Drive est devenu un matériau qui a permis à Nicola Bourriaud de réunir une vingtaine d'artistes à la Panacée, centre d'art de Montpellier.

David Lynch est un créateur hors normes. Photographe, musicien, peintre en premier lieu, il a fini par concevoir pour le grand écran des univers et des personnages étranges et fantastiques, reconnaissables d’emblée dans l'immense palette du 7e art. Le regard amoureux et complice qu’il porte sur les artistes l’a conduit à devenir un grand collectionneur, tandis que son esthétique a nourri nombre d’entre eux. Son film Mulholland Drive, réalisé en 2001, a inspiré à Nicolas Bourriaud pour sa première exposition à Montpellier en qualité de commissaire, dans le centre culturel municipal La Panacée dont il est devenu le directeur artistique.

Du chef-d’œuvre de David Lynch on ne verra rien, là n’est pas le propos. Mais sa nature étrange, sa singulière beauté formelle, sa coloration fantastique, son art de mêler le rêve à la vie de tous les jours, sont disséminés dans les œuvres sélectionnées, dont la plupart n’ont pas été réalisées pour l’exposition. En lien avec le film, dont l’un des ingrédients est la puissance du cinéma hollywoodien, les gants dont Émilie Pitoisier a composé une série dont s'échappe l'allusion aux mains gantées des stars américaines qui fascinent tant Lynch. Si les armoires d’Atay Kurian enferment des trésors de curiosités que lui a inspirés Manhattan, elles peuvent aussi raviver les images du cinéma avec leurs jeux de miroir ou les parties de perruque blonde.

Un parcours éclectique. Trois œuvres ont été commandées tout spécialement. Celle de Rodrigo Garcia, directeur du théâtre HtH de Montpellier, agrémente l'exposition d’une performance visible dans la position du voyeur, en collant l'œil sur une discrète lorgnette percée dans un mur, ou face à un écran plus coutumier. On y voit une comédienne dans un décor inquiétant et dont les attitudes énigmatiques sont le ferment du cinéma du réalisateur américain. Des deux panneaux Nature Morte de Lotar Hempel se dégage une énigmatique théâtralité, impression qui peut être ressentie devant la composition photographique de David Noonan. Isolées dans l’obscurité, trois installations réservent leur mystère : celui de paysages aquariums que Isham Berrada a enfermés derrière un vitrage, autre commande du commissaire, celui d’un container-lave-vaisselle où Max Hooper Schneider a plongé des verres dans une eau éclairée de vert. Celui enfin qu’on distingue au sol, The somnanbulist (blue) de Wendy Jacob, et qu’on n’a pas envie de réveiller.

Autant de sensations d'un parcours qui s'achève par une fresque réalisée in situ par l’artiste espagnole Saelia Aparicio. De ses traits de dessinatrice de bande dessinée, se distinguent d'immenses pieds, supports d'histoires inventées, dans lesquels une multitude de personnages se trouvent imbriqués. C’est la troisième commande.

Retour sur David Lynch. Seule la personnalité d’un immense créateur peut se prévaloir du rayonnement d'artistes aussi différents que ceux présentés à La Panacée. David Lynch n’est pas homme à livrer les clés de son œuvre, il connaît trop le plaisir que procure une œuvre d’art. L'ivresse de laisser voguer son imaginaire, sans brides. Le lien avec cette génération d'artistes, qui revendiquent un minimalisme formel, se trouve au sein des productions du réalisateur. D’un chef d’œuvre comme Mulholland Drive on ne saisit pas d’emblée toute la richesse. Revoir, revoir encore, est nécessaire. L’œuvre énigmatique encourage les imaginaires et la dualité de chacun. Et réveille le pouvoir narratif des œuvres, et leur étrangeté dérangeante.

Délice de la connivence, l'exposition était en place à Montpellier depuis quelques jours que sortait en salles le documentaire David Lynch : The Art Life, rare portrait de l'artiste que Jon Nguyen a réalisé.

 

Retour sur Mulholland Drive, le minimalisme fantastique, exposition du 28 janvier au 23 avril 2017 - La Panacée, Montpellier.

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