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« Orpheline » d’Arnaud des Pallières, une femme puissance quatre

par Véronique Giraud
De gauche à droite : Adèle Exarchopoulos et Vega Cuzytek, deux actrices d'Orpheline, un film signé Arnaud des Pallières. DR
De gauche à droite : Adèle Exarchopoulos et Vega Cuzytek, deux actrices d'Orpheline, un film signé Arnaud des Pallières. DR
Cinéma Film Publié le 21/03/2017
Le dernier long-métrage d'Arnaud des Pallières, nourri du récit personnel de sa coscénariste Christelle Berthevas, s'empare de la féminité dans sa complexité et sa force insoupçonnée, malgré tout et malgré tous. Un portrait rare de femme au titre étrange, "Orpheline".

Arnaud de Pallières aimerait qu’on ne s’habitue pas à ses films. Après Michael Koolhas, son nouveau long-métrage, Orpheline, renoue avec l'inattendu. Et avec l'écriture de Christelle Berthevas. Pour ce film, cette dernière a apporté le matériau de sa mémoire d'enfant, d'adolescent, de ses lectures aussi.

Pas de générique, le cliquetis des portes de cellules, les aller-venues de gardiennes blasées, la relâche d’une prisonnière. Les premières images pourraient être celles d’un documentaire sur l’univers pénitentiaire. Mais à sa sortie de prison, dans le soleil de la ville, la jeune femme est méconnaissable. Terriblement séduisante dans son tailleur blanc, le pas affirmé, elle conduit le spectateur à se demander qui elle est et ce qui l'a conduite en prison. Elle est la première, mais bientôt une autre jeune femme apparaîtra, puis une autre, et une autre. Elles sont quatre, Renée, Sandra, Karine et Kiki, qui se succèdent dans un épisode de leur vie, d'une vie, quatre belles jeunes femmes qui crèvent l’écran sans qu’aucune indication ne renseigne sur leur identité. Du coup l’attention est  happée, de peur de manquer un instant de cette vie, et néanmoins tenter de deviner ce qui va suivre. Et c’est bien là la magie du cinéma d’Arnaud de Pallières, qui surprend à tout moment, perd le spectateur. Ses quatre actrices, aux bouches rouges et pulpeuses, gourmandes de désir, d’une vitalité brute, se confrontent à l'homme, le père, l'amant, le mari, et lui font perdre la place qu'il s'était octroyé. Une friction des genres étonnante, rarement montrée.

Le pouvoir de la séduction. Elles sont quatre, à quatre âges de la vie. Elles incarnent, comme seul peut le permettre le cinéma, l’ubiquité, le multiple, la complexité. Elles jouent des variations de l’être d'un moment à un autre de l'existence, et une envie très féminine d’exister malgré tout, malgré tous, avec une puissance de séduction exacerbée. Un art subtil de filmer et de construire le scénario d'un film audacieux, exigeant, qui demande au spectateur de ne pas s’attarder sur l’un ou sur l’autre, mais de considérer l’ensemble comme un tout, et de construire son propre puzzle. Un cinéma qui combat le diktat de l’uniformité, du consensus. Où chacun n’est pas celui qu’on croit. Et change avec l’instant, se révèle avec la rencontre, improvise sa victoire.

 

Orpheline / Réalisation : Arnaud des Pallières / Scénario : Christelle Berthevas, Arnaud des Pallières / Avec : Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, Véga Cuzytek, Jalil Lespert, Gemma Arterton, Nicolas Duvauchelle, Sergi Lopez. Sortie en salles le 23 mars 2017.

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