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Mot de passe oublié ?Depuis 2500 ans et les premiers comptoirs créés par les cités grecques, l’Europe était un champ de bataille où les peuples se disputaient la domination. La Communauté économique hier, l’Union européenne aujourd’hui, ont réussi ce pari incroyable de la paix. Avec un esprit de justice et d’égalité qui, grâce à la solidarité, a permis d’élever considérablement le niveau de vie et de démocratie d’Etats plongés, il y a seulement quarante ans, dans la dictature et la pauvreté.
Un avenir commun partagé depuis 60 ans, lorsque le 25 mars 1957 était signé le traité de Rome fondant la Communauté économique européenne. Une période courte au regard de l’histoire humaine. Mais longue à l’égard d’une génération. Ceux qui sont nés dans l’Europe unie, ceux qui depuis l’âge où ils ont appris à compter ne se servent que de la monnaie unique ont cependant du mal à voir où se situe désormais l’avenir commun. Les Britanniques sortent de l’Europe, les Turcs ne veulent plus y entrer, les démocrates syriens ne l’ont toujours pas trouvée. Les nationalistes, jadis réduits au silence après avoir provoqué deux guerres mondiales, refont surface. L’avancée européenne est en panne et les élus des états membres ne parlent de l’Union que pour l’accuser.
En 24 langues. Sombre tableau sur lequel, une fois de plus, les créateurs apportent leurs couleurs. Eux ne craignent pas de se revendiquer d’une culture européenne et de l’afflux des cultures extérieures qui ont apporté et apportent encore à l’Europe.
Le parlement de Strasbourg, qui essaie de grignoter des pouvoirs que le conseil lui refuse, a eu l’heureuse initiative de créer une institution culturelle qui manquait à l’Europe : la Maison de l’histoire européenne qui ouvrira ses portes au public le 6 mai prochain dans le quartier européen de Bruxelles.
La Maison a pour but de « permettre aux Européens de toutes les générations d’approfondir la connaissance qu’ils ont de leur histoire et, ce faisant, de contribuer à mieux faire comprendre l’évolution de l’Europe ». Elle présentera des expositions permanentes sur la moitié de ses 8 000 m2 et des expositions temporaires. Bien entendu, elle disposera de contenus en ligne et chacune des 24 langues employées dans l’Union sera utilisée. Le projet est loin d’être atone. Il est en effet récent que des historiens soient confrontés à une histoire que l’on nomme aujourd’hui globale, c’est-à-dire qui va puiser ses sources chez les différents acteurs de l’époque ou du conflit. Il a ainsi fallu attendre 2014 pour voir le premier ouvrage sur l’histoire de la Méditerranée écrit par des scientifiques de tous les pays du pourtour (voir notre entretien avec Mostafa Hassani-Idrissi coordinateur du projet). Cette maison est donc également un encouragement à de nouveaux travaux scientifiques.
C’est une ancienne clinique dentaire qui a été retenue comme siège de l’institution, aménagée et étendue par le consortium Chaix et Morel (France), JSWD Architekten (Allemagne) et TFP (Belgique) lauréat du concours international lancé en 2009.
Maison de l’histoire européenne, 135 rue Belliard, quartier Léopold. Ouvert tous les jours de la semaine.