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Pour 2018, Marseille rêve d’amour

par Pierre Magnetto
Le 31 décembre 2013, le réveillon avait mis fin à l'année Marseille capitale européenne de la culture.
Le 31 décembre 2013, le réveillon avait mis fin à l'année Marseille capitale européenne de la culture.
Hors-Champs Croisement Publié le 17/03/2017
Cinq ans après avoir été capitale européenne de la culture, Marseille se relance sur ce terrain pour 2018 en choisissant le thème de l’amour. A la manœuvre, les décideurs économiques et les institutions culturelles. Mais cette fois l’ambition est de prolonger la dynamique autour d’un projet de territoire.

Pour 2018, cinq ans après avoir été officiellement capitale culturelle européenne, Marseille se rêve de nouveau un grand destin culturel. Marseille Provence 2018 débutera le 14 février, jour de la Saint-Valentin. La date n’a pas été choisie au hasard puisque le thème retenu pour célébrer l’événement est celui de l’amour. « MP2018, quel amour !, dit comme ça, ça peut paraître un peu naïf, mais je trouve que dans ce monde obscur, ce monde effrayé, c’est un thème nécessaire. Etre ensemble, être en partage, se parler, danser et jouer ensemble, n’est-ce pas ça notre combat à mener ? Dans le combat pour l’amour, la vie, l’altérité, ne sommes-nous pas, artistes et institutions culturelles, dans notre rôle ? », commente Francesca Poloniato. Aux côtés de 14 autres responsables d’institutions et d’événements culturels du département des Bouches-du-Rhône*, la directrice du Théâtre scène nationale du Merlan, fait partie du comité d’orientation artistique de MP 2018, porté par l’association Marseille culture.

La relance manquée après 2013. Ce n’est pas la première fois que Marseille essaye de relancer la dynamique enclenchée avec en 2013. En 2014, à l’initiative de la Chambre de commerce, un groupe de travail avait vu le jour, le groupe PERLE 2014 (Pour ne pas en rester là), dans le but de capitaliser sur l’événement et bâtir un après 2013. Acteurs économiques et culturels étaient de la partie, mais manquaient à l’appel les collectivités. « PERLE 2014 » n’a pas de représentant politique dans sa première phase, c’est uniquement à cause des élections municipales », expliquait alors la chambre de commerce. Mais le calendrier électoral a eu ceci de particulier, c’est qu’il s’est prolongé : municipales, européennes, sénatoriales en 2014, départementales et régionales en 2015, la période n’a ni été à la stabilité politique, ni propice aux initiatives. Les travaux du groupe PERLE n’ont débouché sur rien de concret.

Les acteurs économiques à la rencontre des acteurs culturels. Mais il est dit que les décideurs économiques ont de la suite dans les idées. Ce sont eux qui ont relancé la machine. Les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires réalisés en 2013 dans le commerce et les services locaux, de même que les retombées en termes d’image et de notoriété pour le territoire, sont en soi suffisamment motivants. Avec la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, des entrepreneurs se sont engagés : le collectif Mécènes du Sud, le Club Top 20, l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône, mais aussi Aix-Marseille Université. « Ce que je salue ici c’est la coopération entre les acteurs de l’économie et ceux de la culture. Voir les premiers aller à la rencontre des seconds, c’est quelque chose de rarissime et c’est la force de ce projet », s’enthousiasme Francesca Poloniato.

Un budget de 5,5 millions d’euros. MP2018, bénéficie d’un budget de 5,5 millions d’euros contre 92,7 millions cinq ans plus tôt. Les collectivités se sont engagées : la Région PACA pour 500 000 euros, le Département des Bouches-du-Rhône pour 500 000 euros, la Ville de Marseille pour 300 000 euros tandis que le budget bénéficiera aussi des 750 000 euros du solde positif qui était resté dans les caisses en 2013. L’Etat, l’Europe ont également été sollicités, ce qui pourrait apporter jusqu’à 600 000 euros supplémentaires. Le reste viendra des mécènes et de la billetterie pour les spectacles payants. Enfin, les spectacles présentés par les théâtres, festivals et institutions membres du comité artistique seront financés sur leurs propres deniers, dans le cadre de leur programmation annuelle.

Une centaine de spectacles, expositions, événements. Moins de moyens, ce sera aussi moins de spectacles, expositions ou événements. Une vingtaine de créations sont annoncées, de même qu’une centaine d’événements labellisés ou coproduits (on en avait compté plus de 900 en 2013). La thématique de l’amour sera déclinée dans toutes les formes d’expression artistique. A titre d’exemple, le Festival d’Aix-en-Provence travaille sur une production d’Airan Berg autour du mythe d’Orphée et d’Eurydice et du mythe oriental de Leïla et Majnun. Le Festival de Marseille, prépare une création d’Alain Platel et Fabrizio Cassol – Coup Fatal ! – sur le Requiem de Mozart. 
Le Mucem programme une exposition inédite autour du Roman Photo et sa capacité, à l’époque de son âge d’or, de réinventer une certaine mythologie sentimentale. Le Théâtre de la Criée accueillera Roméo et Juliette, par le Ballet Preljocaj

Cette fois, ne pas rompre le fil. Au-delà des quelques mois que durera l’événement, c’est un véritable projet artistique et culturel pour le territoire que les acteurs entendent porter. Marseille Provence 2018 doit être le point de départ d’un véritable élan pour créer des synergies autour des institutions culturelles au bénéfice du développement touristique, culturel et artistique du territoire. C’est aussi un projet à dimension sociale, avec tout un travail de collaboration avec les associations dans les quartiers par exemple. Mais le pari est aussi de ne pas rompre le fil, comme en 2013. « MP2018 ça ne peut pas être juste un one shot, ça doit s’inscrire sur du long terme, sinon ça ne sert strictement à rien de faire tout ça. Si c’est pour qu’on se rassemble tous, qu’on fasse la fête, qu’on se sourit, qu’on s’embrasse, qu’on dise vive l’amour ! et que ça s’arrête là, ça ne m’intéresse absolument pas. Nous sommes dans une région où il y a énormément d’artistes, c’est un grand vivier et cette impulsion doit nous entraîner vers 2019, 20, 21, 22, 23… ça ne peut pas être autrement », conclue Francesca Poloniato. Le programme complet sera présenté en septembre.

 

*Le comité d'orientation artistique de Marseille Provence 2018 est composé de quinze personnalités dirigeant les principales structures ou événements artistiques et culturels à l’échelle de la métropole : Alain Arnaudet, directeur de La Friche la Belle-de-Mai, Dominique Bluzet, directeur de quatre théâtres entre Aix et Marseille, Gilles Bouckaert, directeur de la scène nationale des Salins à Martigues, Jean-François Chougnet, président du Mucem, Bernard Foccroulle, directeur du Festival d'Aix-en-Provence, Jan Goossens, directeur du Festival de Marseille, Hugues Kieer, coordinateur du festival Marseille Jazz des 5 continents, Macha Makeïe , directrice du théâtre national La Criée, Pascal Neveux, directeur du FRAC PACA, Francesa Poloniato, directrice de la scène nationale du Merlan à Marseille, Pierre Sauvageot, directeur de Lieux Publics, Sam Stourdzé, directeur des Rencontres internationales de la Photographie d'Arles et Pierre Vasarely, président de la Fondation Vasarely.

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