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« Je danserai si je veux », trois femmes, trois combats

par Jacques Moulins
Sana Jammelieh, Shaden Kanboura et Mouna Hawa dans
Sana Jammelieh, Shaden Kanboura et Mouna Hawa dans "Je danserai si je veux" de Maysaloum Hamoud. DR
Cinéma Film Publié le 08/04/2017

Si vous en doutiez encore, Je danserai si je veux vous le confirmera : être soi-même, faire librement ses choix, vivre comme l’on veut, est un combat. Pour les uns, plus difficiles que pour les autres. Mais la société, la religion, le qu’en-dira-t’on, pèsent pour tous, et plus encore pour toutes, sur cette liberté individuelle d’autant espérée que tout autour de soi va à son encontre. Maysaloum Hamoud, la réalisatrice âgée de 35 ans, a voulu que son film soit un miroir de la société arabe israélienne, elle a réussi un miroir bien plus cosmopolite.

Les trois jeunes femmes qui partagent un appartement à Tel-Aviv vont subir l’opprobre de leur milieu. Nour, venue d’Oum Al-Fahem, ville où les fondamentalistes musulmans sont très actifs, va devoir braver son fiancé, Salma, homosexuelle, sa famille chrétienne, Layla, athée et autonome dont on ne verra jamais la famille, les préjugés de son nouvel amant. Toutes trois, à des degrés divers, vont devoir subir cette humiliation de ne pas être considérée comme pouvant être libre. Même l’amant de Layla, qui revient de New-York où il a étudié le cinéma, ne peut s’empêcher de l’envoyer faire le café parce que sa sœur se trouve présente.

 

Les conservateurs sont présents partout. Parce que Bar Bahar (Entre terre et mer), son titre original, se passe dans le milieu des Arabes israéliens, on cèderait rapidement à la facilité d’accuser le seul archaïsme des islamistes. Mais les conservateurs sont présents partout, et malheureusement majoritaires presque partout. Combien de familles françaises « libérées » prendrait-elle bien que leur fille soit homosexuelle ?

Parce que Bar Bahar est un film réalisé par une femme arabe avec des capitaux israéliens, on s’attendrait à un vibrant appel à la paix et à l’entente. C’est bien plus fort, tous les conservatismes sont pointés du doigt dans ce quartier dit yéménite de Tel-Aviv où les jeunes branchés n’abandonnent pas leur individualité au nom du conflit. Au prix de ruptures douloureuses.

Je danserai si je veux est réellement un film politique. Deux adjectifs qu’il est facile d’employer, plus difficile de faire vivre. Il participe d’un nouveau courant du réalisme politique qui se veut, un peu partout dans le monde, une voix d'un parti-pris progressiste.

 

Je danserai si je veux (Bar Bahar) de Maysaloum Hamoud. Sortie le 12 avril 2017. Avec Mouna Hawa (Layla), Shaden Kanboura (Nour), Sana Jammelieh (Salma). Prix du Meilleur film au festival d’Haïfa.

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