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La science, une culture à partager

par Véronique Giraud
March for Science, une démarche virale qui mènera dans les rues de nombreuses villes du monde le 22 avril 2017. DR
March for Science, une démarche virale qui mènera dans les rues de nombreuses villes du monde le 22 avril 2017. DR
Hors-Champs Croisement Publié le 18/04/2017
L'appel des scientifiques américains à organiser une Marche pour la science (March for Science) s'est répandu sur la toile avec une rapidité sidérante et a rallié quantité de pays. La marche citoyenne, qui aura lieu le 22 avril 2017 dans de nombreuses villes dans le monde, concerne autant la communauté scientifique que la société. Pour quel impact ?

« Se référer aux faits, les soumettre à un processus de vérification » : les scientifiques américains qui ont lancé il y a deux mois l’idée d’une Marche pour la science (March for Science), prévue le 22 avril prochain, se sentent contraints de rappeler le fondement même de leur métier. Car depuis quelques années aux Etats-Unis, scientisme et créationnisme, initiés par la branche réactionnaire du parti républicain, refont surface. L’affirmation idéologique s’oppose à l’exigence des faits et leur vérification. L’emporte même lorsque le Président Donald Trump nie que le réchauffement climatique soit dû à l’activité humaine et nomme un climatosceptique à l’Agence de protection de l’environnement.

Comme on pouvait s’y attendre, tout cela s’accompagne de l’annonce de réductions de budgets de la recherche, et de la suppression de certaines données scientifiques. Ajoutée à une volonté de limiter la circulation des idées et des hommes par un décret anti-immigration. L’appel des scientifiques à la population ne pouvait que se propager comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux. Il peut sembler surprenant que de très nombreuses nations aient emboité le pas si vite. Mais c’est qu’un peu partout dans le monde, le temps de la recherche scientifique est bousculé par les calendriers électoraux et politiques, les oukases des régimes autoritaires, les visions archaïques de certains religieux que la science dérange. Nos sociétés consuméristes ont aussi tendance à attendre des sciences qu’elles apportent santé, sécurité et confort.

 

Le citoyen a pourtant besoin d’une connaissance scientifique pour prendre position sur les faits de société, qu’il s’agisse de l’impact des perturbateurs endocriniens, du rapport de l’humain à la nature, des besoins en énergies renouvelables, etc. C’est sans doute pourquoi depuis quelques années, pour ne parler que de la France, la science se montre de plus en plus. À la Cité des sciences bien sûr, où Universcience a été initié en 2010, mais aussi avec La Fête de la science, organisée depuis 25 ans par le ministère chargé de la Recherche, et les quelques festivals arts et sciences qui ont émergé à travers le territoire et, tout récemment, dans les universités (CURIOSTas de l’université Paris Saclay, dont la 4e édition aura lieu du 18 au 21 mai 2017, et l’édition FACTS à Bordeaux en 2015).

 

La science a parfois besoin de l’artiste pour mieux se faire comprendre. C’est ce que portent les nouveaux modèles de nos musées scientifiques, mêlant la connaissance savante à l’expérience in situ et aux enjeux de la société. Ainsi le musée de l’Homme a rouvert en 2015 en invitant un artiste contemporain dans le parcours de la collection. C’est l’option également du musée des Confluences à Lyon.

C’est aussi ce qui nourrit plusieurs initiatives. En 2007, quand David A. Edwards ouvre Le Laboratoire, au cœur du 1e arrondissement de Paris, le chercheur, écrivain et ingénieur franco-américain a l’intention de créer des ponts entre les disciplines et les cultures. Inventant du même coup la notion d’artscience, autour de laquelle s’articulent les expérimentations et les expositions du Laboratoire. Ce dernier, qui a accueilli entre autres le designer Mathieu Lehanneur et le cuisiner Thierry Marx, a fermé ses portes à Paris en 2014 pour se déplacer à Cambridge (USA). Dans un autre genre, la compagnie les Sens des mots de Thibault Rossigneux, en créant le projet Binôme en 2010, œuvre avec ses comédiens à faire se rencontrer un créateur et un scientifique, de l’INSERM, du CNRS, du CEA, pour produire une fiction ou une mise en lecture s’adressant à tous les publics. L'artiste Olafur Eliasson, qui a conçu la lampe Little Sun avec l'ingénieur l’ingénieur Frederik Ottesen, explique sur son site et depuis son studio de Berlin les raisons qui le poussent à soutenir la Marche pour la science du 22 avril.

 

March for Science

Marche pour les sciences

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