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Printemps des Comédiens : Creuzevault affronte Faust

par Véronique Giraud
Arts vivants Théâtre Publié le 05/06/2017
Sylvain Creuzevault a donné "Angelus Novus AntiFaust" au Printemps des Comédiens de Montpellier. Un aller sans retour à la recherche de nos démons perdus.

Depuis son invention au tout début du XVIe siècle, le magicien Faust, avec ou sans son pacte avec le démon, a inspiré nombre de créateurs et les a mené à recréer la mise à l'épreuve qu'incarne puissamment cette figure. De l’Anglais Marlowe à l’Allemand Goethe et au compositeur français Gounod, les adaptations ne manquent pas. Dans son Angelus Novus AntiFaust, Sylvain Creuzevault les convoque toutes. Le jeune metteur en scène apprécie les vastes espaces littéraires et les thèmes fondateurs. Après Marx (Le capital et son singe) et la Terreur sous la Révolution française (Notre terreur), il prend cette fois à contre-pied Faust pour le mettre lui-même à l’épreuve d’aujourd’hui. Un parti pris qui sous-tendant une vision désabusée selon laquelle un tel mythe ne peut fasciner notre société mercantile, très éloignée des démons et du merveilleux. Si l’innocente Marguerite et son fidèle valet sont au rang des personnages de sa pièce, Méphistophélès est Baal, Seigneur des Mouches, Kacim Nissim Yildirim est docteur en neurologie, Marguerite Martin est biologiste généticienne, Theodor Zingg, compositeur et chef d’orchestre…

 

De la lumière à l'ombre, du réel au rêve. La longue pièce s’écoule en deux parties. Dans la première, l’écriture au plateau se fait sentir, elle a installé une aisance du comédien. Les mots, bavards, collent à la peau de chacun et, tout en reprenant les idées fondatrices des mythes faustien et leur écho contemporain, se teintent d’un humour complice, qui tient davantage du quotidien que de la métaphore. Les sujets d’actualité traversent les joutes, l’orateur de gauche, les manifestants de Nuit Debout, la mort de Rémi Fraisse… Sont-ce les ombres dans lesquelles sommeillent nos démons ?

La deuxième partie contraste brutalement. La longue table/paillasse des scientifiques qui éclairait autant la salle que la scène laisse la place à une obscurité quasi totale dans laquelle le premier rôle est donné à la musique. Dans le noir, au bord de la scène, la magnifique partition musicale de Pierre-Yves Macé est théâtralisée par une lumière qui joue avec les notes et des visages blancs réceptacles des voix des chanteurs. Une vision onirique qui offre toute sa poésie au mythe lointain.

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