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Kirill Serebrennikov inquiété en Russie

par Jacques Moulins
Le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov. © Margarita Ivanova
Le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov. © Margarita Ivanova
Hors-Champs Politique Publié le 13/06/2017
La répression, le 12 juin, de la manifestation des opposants à Vladimir Poutine et la condamnation de leur leader à 30 jours de prison, confirment l’autoritarisme du pourvoir russe qui s’en prend également aux arts en la personne du metteur en scène Kirill Serebrennikov.

« Monsieur Poutine, laissez-le tranquille. Allez plutôt voir ses spectacles ». En s’adressant, lors de la soirée des Molières, au maître du Kremlin, Isabelle Huppert a relayé la pétition lancée par plusieurs personnalités du théâtre, dont le directeur du festival d’Avignon Olivier Py, en faveur de Kirill Serebrennikov. L’homme de théâtre russe a surpris le public avignonnais en 2015 avec une adaptation particulièrement époustouflante des Idiots de Dostoievski, puis a superbement récidivé l’an dernier avec une adaptation des Âmes mortes de Gogol. Mais son théâtre ne correspond pas aux critères esthétiques du Kremlin et, en Russie, c’est une faute. Un délit presque.

Le 23 mai une perquisition tout en délicatesse, à son domicile moscovite et au Centre Gogol qu’il dirige depuis cinq ans avait pour objet de trouver quelques éléments capables d’étayer la thèse du détournement de fonds publics dont Kirill Serebrennikov est accusé.

 

 

Manifestation réprimée. Il y en a pour 200 millions de roubles, soit 3 millions d’euros, qui aurait été versées à sa compagnie, le 7e studio, entre 2011 et 2014. Les gens de théâtre, les critiques d’art, ont dénoncé cette accusation qu’ils jugent liée à l’art décoiffant d’un artiste militant homosexuel, ce qui n’est vraiment pas bien vu des sphères du pouvoir. Les soupçons de ses amis sont renforcés par le fait que l’enquête a été ouverte suite à la plainte d’une association patriotique et conservatrice contre le contenu même de l’art de Kirill Serebrennikov.

La répression qu’a connue hier, 12 juin, une manifestation de l’opposition dont le leader a été interpellé à la sortie de son domicile, donc sans avoir eu le temps de manifester, ne laisse rien présager de bon pour les opposants à Poutine. Plus d’un millier de personnes ont été arrêtées dans les grandes villes du pays et Alexeï Navalny a été condamné cette nuit à 30 jours de prison. Le pouvoir n’apprécie guère les vidéos contre la corruption qu’il publie régulièrement sur son site. L'intention de Navalny est de se présenter à l’élection présidentielle de 2018 mais, pour l’instant, il en est empêché.

 

 

 

 

 

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