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K-Live 2017 : Quentin DMR s’inspire des pêcheurs de La Pointe Courte

par Véronique Giraud
Quentin DMR. © Giraud/NAJA
Quentin DMR. © Giraud/NAJA
Arts visuels Street-Art Publié le 13/06/2017
Quentin DMR a pratiqué la photographie d’architecture et le portrait. Le rencontrer à La Pointe Courte à Sète, où il achève d’installer un panneau sur la façade d’une maison de pêcheur est le fruit d’un déjà riche parcours artistique et personnel. Il est l’un des dix artistes urbains invités du festival K-Live 2017.

Pour de nombreux artistes urbains, l’attraction d’une rue, d’une façade, d’un détail sur un mur suffit à susciter l’imaginaire. Si Quentin DMR a lui aussi besoin de poser ses œuvres dans l’espace public, il lui est aussi nécessaire de définir un lien avec ses modèles, comme avec les habitués du lieu choisi. À Sète, alors qu’il est l’un des artistes que K-Live a invité à investir les murs de la cité portuaire en juin, la magie a opéré. Résidant à Montpellier, à quelques kilomètres, il a pu arpenter les rues et les quartiers, accompagné des équipes de K-Live. Ses pas l’ont mené jusqu’à La Pointe Courte, l’un des petits ports fondateurs de la ville, sur les berges de l’étang de Thau. Là, les cabanes de pêcheurs construites sur pilotis alignent leurs façades en bois, formant une ligne d’horizon de guingois et colorée. Tout ici fleure bon la vie modeste et le labeur maritime. Le bonheur aussi d'être né là. D’abord de modestes pontons, des pieux enfoncés dans l’eau, des cabanons alternant avec des barques, ensuite les maisons, qui épousent de leur simplicité la sinuosité de l’étang. L’une d’elles est fermée par une grille et un portillon ornés de fleurs en plastique, c’est sur la suivante que Quentin DMR a fixé son installation. Située Traverse Agnès Varda, rappelant que c’est ici que la réalisatrice a tourné son premier film, La Pointe Courte, en 1955, la maison offre une façade ensoleillée et dégagée. Sur la nacelle, Quentin DMR s’affaire avec son assistant. Soudain un visage apparaît de la fenêtre, c’est la propriétaire de la maison qui nous regarde en souriant, elle qui a accepté d’offrir son mur à la création de l’artiste.

Quentin DMR fut comblé en apprenant qu’elle était la fille d’un des derniers pêcheurs de La Pointe Courte. Pour Quentin, ce fut l’évidence, il devait rencontrer l’homme. Ce fut chose faite et une sympathie mutuelle s’est instaurée, au point que Quentin DMR convainquit de photographier le pêcheur à son travail. De ses mains reprisant les filets de pêche, l’artiste a réalisé des photographies. L’un d’elles, reproduite sur toile à grande échelle, est désormais tendue sur la façade. Elle n’est pas immédiatement reconnaissable : l’image noir et blanc a été divisée en large bandes verticales et l'ordre initial modifié. L’impression d’une réalité est bien là, contredite par une lecture désordonnée du motif, proche de l'abstraction, les gris et les blancs s’offrant au premier coup d'œil.

Le motif de la photographie s’applique au lieu où l’œuvre est montrée et Quentin DMR a poussé l’exigence jusqu'à déterminer le point idéal où poser le regard. Nous sommes donc invités à poursuivre le chemin pour emprunter un sentier qui traverse l’étang et forme une boucle. De là, l’étang apparaît entre le spectateur et la maison qui elle se trouve soulignée par les bateaux amarrés. C’est là et nulle part ailleurs que l’œuvre s’apprécie dans son ensemble, et prend la mesure de l’histoire qu’elle a fait naître.

La démarche de Quentin colle parfaitement avec l’ambition de K-Live de nouer un lien social avec l’art, entre les habitants et les artistes. L’installation contient dans son essence la mémoire des dizaines de pêcheurs qui ont fait vivre Pointe Courte en pêchant la dorade et les oursins, incarnant leurs gestes de la main quand elle reprise un filet. Alors qu’elle aurait pu apposer une expression sur un mur, l’installation pose le regard respectueux et silencieux du dedans…

 

 

Né au Havre en 1988, Quentin DMR pratique très jeune la photographie d’architecture et le portrait. Son travail mèle photographie, installation et matière brut. Autodidacte, il rencontre à Paris le photographe JR, et s'envole en Nouvelle-Zélande pour la commande de l’ambassade de France du projet Inside/Out, pour lequel 320 portraits de Maoris ont été collés. Plus récemment, il a travaillé sur le thème de la danse pour l’association Montpellier Loves Street-Art. Collée sur les murs de l'Agora de la Danse à Montpellier, son œuvre, intitulée Suspension, met en scène deux mains de danseurs qui s'effleurent. Les tranches de vie, les émotions, l'énergie dégagée par le geste, par le corps, sont au cœur de son travail. Il morcelle ses sujets pour en révéler textures et tensions.

 

 

 

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