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Aix : un opéra de Philippe Boesmans en ouverture du festival

par Jacques Mucchielli
Le Théâtre de l’Archevêché, scène historique du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. © Vincent Pontet
Le Théâtre de l’Archevêché, scène historique du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. © Vincent Pontet
Musique Opéra Publié le 27/06/2017
Vivant avec son siècle, l’opéra est redevenu un art théâtral à part entière. La preuve par le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence qui s’ouvre le 3 juillet sur une création de Philippe Boesmans et Joël Pommerat et affiche cinq nouvelles productions mises en scène par Simon McBurney, Jean-François Sivadier, Dimitri Tcherniakov.

Si l’opéra a perdu auprès du public cette image vieillotte et élitiste qui lui collait à la peau, le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, sous les directions successives de Stéphane Lissner et Bernard Foccroulle n’y est pas pour rien. Le premier a sorti le théâtre de l’Archevêché de ces ors fanés avant de se consacrer, fin 2006, à la direction de la Scala de Milan. Le second, organiste belge, venait du Théâtre de la monnaie de Bruxelles où il avait succédé à Gérard Mortier dont on connaît le travail pour un ancrage résolument contemporain de l’art lyrique. Il assume pour cette 69e édition son avant dernière année à la direction du festival après dix ans de service remarqué, aidé il est vrai par la création du Grand théâtre de Provence, un équipement de 1 400 places avec une fosse pouvant accueillir plus de cent musiciens. Il sera remplacé, fin 2018, par le directeur de l’opéra d’Amsterdam, Pierre Audi

Lissner et Foccroulle ont d’abord remis la création contemporaine à l’honneur en passant, commande d’une composition contemporaine d’art lyrique. Par nature moins recherchées du grand public, ces créations étaient souvent confinées dans le petit théâtre à l’italienne du Jeu de Paume à la différence des grandes productions mozartiennes qui font la marque du festival. Mais cette année, Pinocchio, création signée du compositeur Philippe Boesmans occupera le Grand théâtre de Provence et assurera même l’ouverture du festival, le lundi 3 juillet.

 

Philippe Boesmans à l’honneur. Certes Philippe Boesmans est bien connu des mélomanes et des festivaliers d’Aix-en-Provence. A 81 ans, le compositeur belge a sept opéras à son actif, dont quatre sur des livrets de Luc Bondy, et signe sa huitième œuvre lyrique avec Pinocchio dont le livret a été écrit par l’homme de théâtre Joël Pommerat qui assure également la mise en scène. La complicité entre Pommerat et Boesmans n’est pas nouvelle, on leur doit déjà la création de Au Monde en 2014 qui avait connu un beau succès, d’abord au Théâtre de la Monnaie où il avait été créé, puis sur la scène d’Aix. Pinocchio sera servi par dix-neuf musiciens du Klangforum de Vienne sous la direction d’Emilio Pomarico et interprété, pour les premiers rôles, par Chloé Briot, Stéphane Degout et Marie-Eve Munger. Ces trois artistes ont été formés à l’Académie du festival, autre création de Stéphane Lissner, pour dépasser la simple coproduction de spectacles.

 

McBurney et Sivadier. Joël Pommerat n’est pas le seul homme de théâtre à être invité dans cette 69e édition. Le metteur en scène britannique Simon McBurney, qui avait déjà réussi une fabuleuse Flûte enchantée en 2014, revient cette année sur la scène de l’Archevêché pour une œuvre d’Igor Stravinski créée en 1951, The Rake’s Progress (La carrière d’un libertin). La dimension dramaturgique de cet opéra, qui narre la fortune rapide et la chute brutale de Tom Rakewell, sorte de Faust moderne, bénéficiera de l’art d’un des grands chefs de notre temps, Daniel Harding qui dirigera, à la tête de l’Orchestre de Paris, Paul Appleby, Julia Bullock, Kyle Ketelsen et Andrew Watts. Daniel Harding et l’Orchestre de Paris donneront également un concert symphonique avec notamment des Suites de Stravinski.

C’est à Jean-François Sivadier, qui signe ainsi sa sixième mise en scène d’opéra et sa seconde à Aix, qu’a été confié l’opéra mozartien par excellence, le si théâtral Don Giovanni. Avec le Cercle de l’Harmonie qu’il a fondé en 2005, le chef d’orchestre Jérémie Rhorer dirigera une équipe de jeunes chanteurs dont, dans le rôle-titre, le baryton canadien Philippe Sly et dans celui de Zerlina, Julie Fuchs, ancienne artiste de l’Académie. L’argentin Nahuel Di Pierro sera Leporello, Eleonora Buratto, Dona Anna, alors que l’épouse de Don Giovanni, Elvira, sera interprétée par Isabel Leonard.

 

Venise et Moscou. Le jeune et très polémique metteur en scène russe Dimitri Tcherniakov avait créé, avec le succès que l’on sait, ce même Don Giovanni au festival de 2010. Il revient au Grand théâtre de Provence pour la mise en scène de Carmen, autre nouvelle production de cette édition. C’est là encore une ancienne élève de l’Académie, Stéphanie d’Oustrac, qui tiendra le rôle-titre, après l’avoir interprété pour l’Opéra de Lille et le festival de Glyndebourne. L’Orchestre de Paris sera à nouveau dans la fosse, mais cette fois sous la direction de Pablo Heras-Casado. Le jeune chef andalou est celui qui, cet été, encadre la session de formation des intrumentistes de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée qui donnera un concert symphonique en clôture du festival avec, au programme, les Shéhérazade de Rimski-Korsakov et de Maurice Ravel. Orchestre qui se produira également sous la direction de Fabrizio Cassol pour un programme de jazz et de musiques méditerranéennes.

L’opéra vénitien de XVIIe siècle, et notamment l’œuvre de Francesco Cavalli, a sa place au festival. Elena avait été donnée en 2013, cette année c’est Erismena qui sera créée, à nouveau par l’orchestre Cappella Mediterranea sous la direction de Leonardo Garcia Alarcon, dans une mise en scène de Jean Bellorini. Plusieurs anciens artistes de l’Académie du festival seront ici encore à l’œuvre, dont Francesca Aspromonte (Erismena) et Carlo Vistoli (Idraspe).

 

De nombreux concerts. Enfin, une version concert de l’opéra de Tchaïkovski Eugène Onéguine sera proposée par l’Orchestre et avec les chœurs et les solistes (Maria Gavrilova, Anna Nechaeva, Igor Golovatenko) du Bolchoï de Moscou sous la direction musicale de Tugan Sokhiev. Représentation unique donnée au Grand théâtre de Provence le 19 juillet, cette soirée du Bolchoï est la suite d’un partenariat qui a vu deux productions du festival sur la scène moscovite en avril dernier. Car le festival, ce sont aussi des tournées qui, toute l’année, sillonne les scènes lyriques du monde entier. L’an dernier, on a ainsi compté pas moins de douze productions pour quatre-vingt-quatre représentations données dans quinze pays.

Présents à Aix, les orchestres qui interprètent les opéras donnent également des concerts symphoniques. Mais aussi le Quatuor Bela, Aka Moon qui propose une soirée sur le thème De l’Orient aux profondeurs balkaniques, le Cairo Jazz Station ou le Concert baroque qui s’intéresse aux Musiques méditerranéennes du Roi Soleil. Il faut également noter les récitals de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton, des lauréats HSBC, et le Requiem de Matthew Herbert.

Les grandes œuvres de ce festival ont cette particularité d’être répétées sur scène en public. C’est le cas le 16 juin pour Erismena, le 22 juin pour Don Giovanni, le 23 juin pour Carmen, le 28 juin pour Pinocchio, les 21 et 29 juin pour The Rake’s Progress.

 

Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence. 69e édition du 3 au 22 juillet.

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