le journal des créations du 21eVous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous
Mot de passe oublié ?» Bacantes « , les déchaînements électriques de Monteiro Freitas
De son enfance au Cap Vert, elle a préservé le goût des démonstrations de groupe, des fêtes de rues, du carnaval, toutes célébrations de la vie et de la mort. Avec sa dernière création, Bacchanales, prélude pour une purge (titre original : Bacantes - Prelúdio para uma purga), Marlene Monteiro Freitas s’aventure dans les tréfonds de ces démonstrations de l’humanité, en quête du substrat qui les a fait naitre, aussi heureux qu'inquiétant. Le titre guide déjà notre imaginaire vers les fêtes déchainées et orgiaques données en l’honneur du dieu Bacchus. Et, tandis que le public prend place dans la salle, la scène s’électrise d’incessants va-et-vient des danseurs vêtus de bermudas et T shirt blancs. On y retrouve le vocabulaire teinté de burlesque de la chorégraphe. Tels des marionnettes, tous se déhanchent et déambulent, s’assoient et se lèvent, grimacent, en mouvements saccadés. Cinq trompettistes jouent puis claironnent le début du spectacle, avant de rejoindre la scène. S’ensuivent plusieurs séquences qui alternent grands bruits (parfois insupportables) et grands classiques. Les treize interprètes sur scène sont à la fois hommes, femmes, Bacchus, musiciens. Tous dansent. Deux danseurs, à la fois femmes et hommes, donnent toute la grâce d’un déhanchement et d’une danse du ventre. L’orient, l’Europe, les îles, le monde entier livre ici sa bacchanale.
Ce que Marlene Monteiro Freitas donne à voir c’est qu’on peut se réjouir de toutes les musiques. Qu’un pas peut s’adapter à différents rythmes, si on veut bien se donner le plaisir de se laisser emporter. Qu’on peut danser de rien, de baguettes, de souffles, de rots, d’un micro et d’un tabouret. Pour la chorégraphe, les pupitres de partition se révèlent en une infinité d’accessoires. Couronnes, nœuds papillon, épées, machines à écrire, aspirateur…, ils accompagnent la frénésie gestuelle du fêtard, scandant leur rythme secret. Le tabouret autorise d’énergiques assis debout, et transforme la perspective des corps quand les danseurs assis bougent avec grâce et vélocité leurs jambes et leurs bras jusqu'à atteindre une frénésie dionysiaque. Un tabouret, un pupitre, une trompette discordante, pour faire rire, rendre insupportable, évacuer et créer un ensemble d’humanités accordées/ désaccordées. Tout paraît accidentel alors que chaque geste est étudié, même quand il s’agit pour les danseurs de se passer une bouteille d’eau ou une serviette. L’enchaînement prend ici tous ses sens.
Bacchanales, prélude pour une purge, les 29 et 30 juin 2017 à l'Opéra Comédie - Festival Montpellier Danse. Chorégraphie : Marlene Monteiro Freitas / Performance : Andreas Merk, Betty Tchomanga, Cookie, Cláudio Silva, Flora Détraz, Gonçalo Marques, Guillaume Gardey de Soos, Johannes Krieger, Lander Patrick, Marlene Monteiro Freitas, Miguel Filipe, Tomás Moital, Yaw Tembe / Lumière et espace : Yannick Fouassier / Son : Tiago Cerqueira / Recherche : João Francisco Figueira, Marlene Monteiro Freitas. Créé à Lisbonne (Teatro Nacional D. Maria II) les 20-30 avril 2017.
En tournée : Athènes (Festival Athènes et Épidaure) les 5 et 6 juillet / Hambourg du 24 au 26 juillet / Zurich les 29 et 30 août / Genève (La Bâtie - Festival ) les 2 et 3 septembre / Graz les 6 et 7 octobre / BERLIN (HAU - hebbel am fer) les 13 et 14 octobre / Bordeaux (TNBA) les 18 et 19 octobre / Baden (Kurtheater Baden) le 18 novembre / Munich (Münchner Kammerspiele) les 25 et 26 novembre / Annecy (Bonlieu - Scène Nationale) les 5 et 6 décembre / Paris (Centre Georges Pompidou) du 13 au 16 décembre / Montreuil (Nouveau Théâtre de Montreuil) du 18 au 21 décembre / Umeä (Norrlands Operan) les 25 décembre / Tarbes (Le Parvis, Scène Nationale Tarbes Pyrénées) le 2 février 2018.
