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Radio-France Montpellier fait entendre la révolution

par Véronique Giraud
La salle Berlioz de l’opéra Corum est l’une des scènes prestigieuses des soirées du Festival Radio France Montpellier Occitanie. ©Marc Ginot
La salle Berlioz de l’opéra Corum est l’une des scènes prestigieuses des soirées du Festival Radio France Montpellier Occitanie. ©Marc Ginot
Musique Symphonique Publié le 04/07/2017
Alors que 2017 marque le centenaire de la révolution russe, peu d’événements artistiques ont été construits autour de cette période pourtant si fondatrice. On ne peut alors que se réjouir de voir le Festival Radio-France, qui se déroulera en Occitanie du 10 au 28 juillet, endosser un immense héritage artistique et politique. Ici, la radio du service public ne se limitera pas à l’exploration d’œuvres témoignant de cette histoire, c’est dans son acception la plus large que la révolution distillera son effervescence dans cette édition.

Pourquoi choisir pour thème la révolution de 1917 ? « C’est une année révolutionnaire dans beaucoup d’endroits dans le monde. Pas seulement en Europe, il n’y a pas que la Révolution d’octobre. C’est en même temps un tournant de la première guerre mondiale », explique d’emblée Jean-Pierre Rousseau, le directeur du festival Radio-France Montpellier Occitanie. Le thème de la révolution est immense et il a inspiré et inspire encore, autant les artistes que les intellectuels. Sandrine Treiner, la directrice de France Culture, rêvait depuis longtemps de traiter ce sujet, elle le mettra au cœur des Rencontres de Pétrarque, un moment d’échanges très apprécié des festivaliers. Le programme musical de cette édition offre donc une belle amplitude, esthétique et géographique. Élargi aux 13 départements de la région Occitanie, il répandra davantage encore son éclectisme, faisant entendre l’élan révolutionnaire.

 

L’emblématique Russie. Emblématique de la tradition russe, l’ensemble des Chœurs de l’Armée rouge, dirigé par le général Misseiev, vient se produire à trois endroits, Le Garric-Carmaux (81) Perpignan (66) et Montpellier (34). De leurs voix puissantes, les soldats reprendront les chants révolutionnaires et populaires, qui racontent en musique de grandes pages de l’histoire nationale.

La journée du 25 juillet reviendra sur deux temps forts de l’histoire de la musique. En premier lieu celui d’une période mouvementée où la liberté d’expression avait ses limites, comme l’a subi radicalement le jeune compositeur Chostakovitch en présentant au public son ballet intitulé Le boulon. L’œuvre, satire de la bureaucratie soviétique et très critique à l’égard de son régime, fut interdite au lendemain de sa première représentation en 1931. En soirée, on pourra entendre la Cantate Octobre, opus que Prokoviev écrivit en 1937 pour célébrer le 20ème anniversaire de la Révolution d’octobre. Auparavant, le 17 juillet, le public aura pu entendre un programme d’œuvres de Chostakovitch, parmi lesquelles la symphonie n°12 « L’année 1917 ». Ces œuvres seront interprétées par le violoncelliste Edgar Moreau, qui sera pour l’occasion accompagné par l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, dirigé par Andris Poga.

 

De révolutions en contestations. Le programme ne se limite pas au thème de la révolution russe, plusieurs rendez-vous feront souffler le vent de la contestation et d’autres révolutions.  Comme celle qui bouleverse la situation politique en Turquie et dont le pianiste et compositeur Fazil Say a fait les frais. Très apprécié des festivaliers qui l’ont vu à ses débuts sur les scènes de Montpellier, l’artiste à la personnalité affirmée compte bien préserver sa liberté de créer. Menacé et mis en danger pour avoir composé plusieurs œuvres célébrant la riposte populaire, Fazil Say n’a pas ménagé ses prises de positions critiques à l’égard du régime actuel qui l’ont fait condamner de la justice d’Ankara. Devant le public montpelliérain, le musicien jouera Mozart, un compositeur aujourd’hui adulé dans le monde, dont les formes et l’écriture révolutionnèrent pourtant l’époque.

Le dimanche 23 juillet est annoncé comme une « Journée révolutionnaire ». Dès 12h30, la salle Pasteur vibrera des notes du pianiste Herbert Schuch. Florent Boffard prendra le relais au clavier avec des partitions de Bartok, Schoenberg, Berg et Boulez. Puis Andrei Korobeinikov donnera un récital Liszt en fin d’après-midi. Toujours salle Pasteur, la soirée offrira un programme intitulé « Au temps de la Révolution française », où seront reprises des œuvres du XVIIIe siècle, toutes exécutées par le Concert de la Loge. Dans la même journée, on passera de Scarlatti à Boulez, une façon pour le festival de faire partager les évolutions radicales qui ont bouleversé le langage musical dans le temps.

 

Une programmation étendue à l’Occitanie. La région s’est agrandie depuis 2016 pour unir Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées en une seule Occitanie. Pour le festival, c’est un terrain de conquête formidable. Alors que les grandes soirées se dérouleront dans les deux opéras de Montpellier, Corum et Comédie, l’édition 2017 ouvrira tout près de Toulouse, dans la basilique Sainte-Germaine de Pibrac. Le public y découvrira la polyphonie du XVIIe siècle que le Concert Spirituel fera réentendre, à l’occasion des trente ans de la formation fondée par Hervé Niquet. Le programme s’étendra cette année jusqu'au Camp de Rivesaltes. Ce lieu de mémoire, dédié aux victimes juives enfermées là pendant la seconde guerre mondiale, s’emplira des musiques juives, témoignant de l’universalité de la musique et son intemporalité quand elle ressuscite, comme ce sera le cas ici, des atrocités dont nous sommes toujours les témoins. Et empêche l’oubli.

Autre nouveauté, le festival Radio France s’achèvera cette année en deux lieux, et en deux concerts. Simultanément à Montpellier et à Marcillac. Sur le Parvis de l’Hôtel de Ville de Montpellier, à 21h30, Roberto Fonseca et Compay Secundo Band donneront une coloration cubaine à la dernière soirée, retransmise en direct sur FIP. Au même moment, un concert donné à Marcillac fera le lien avec Jazz à Marciac. Le public passera du Boléro de Ravel, dans sa version pour deux pianos, donnée par les sœurs Katia et Marielle Labèque, aux premiers rythmes jazz chantés et joués par Norah Jones, accompagnée à la guitare par Jason Roberts, au piano par Pete Remm, Josh Lattanzi à la basse et Greg Wieczorek à la batterie. Tout un symbole témoignant d’une grande vitalité artistique et une chance inédite pour les festivaliers présents dans la ville.

 

Tous les répertoires. L’ADN du festival c’est de réunir tous les répertoires. Tous les publics y trouvent leur plaisir, entre œuvres connues et celles oubliées, entre les interprètes émergents et les divas que le monde s’arrache. C’est le cas de la soprano Sonya Yoncheva, sollicitée par le chef d’orchestre Domingo Hindoyan, son mari à la ville, parce que le hasard a fait que Montpellier était leur lieu de vacances. Ensemble, ils donneront Sibéria, un opéra écrit en 1903 par Giordano, dont l’intrigue mène de Saint-Petersbourg à la Sibérie, à une époque où les camps d’internement existaient déjà.

Longtemps donnés uniquement au Domaine d’O à Montpellier, les concerts Jazz du festival Radio-France programmés par Pascal Rosa s’y retrouvent, mais sont aussi dans des lieux où on ne les attend pas. Comme au Palais des rois de Majorque à Perpignan, à Langogne et sur le parvis de la cathédrale de Mende, où le Kelin-Kelin’ Orchestra se produira. Un nouveau virage pour le jazz qui se mêle cette année de pop et d’électro avec Yaron Herman, se ressource des rythmes de l’Afrique avec le Kelin-Kelin Orchestra, ou de Cuba avec Alfredo Rodriguez et son trio. Du 15 au 27 juillet.

Deux soirées flamenco devraient enflammer les gradins de l’amphithéâtre du Domaine d’O. Le guitariste Dani de Moron, ancien compagnon de Paco de Lucia, y révèlera son nouvel album « 21 », entouré des grands interprètes du flamenco du XXIe siècle, Duquende, Antonio Reyes et Jesùs Mendes, dont les voix gitanes accompagneront Patricia Guerrero, une jeune danseuse de Grenade.

 

Radio-France Occitanie Montpellier - Du 10 au 28 juillet

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