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« Le Caire confidentiel », enquête, corruption et révolution

par Julie Matas
Fares Fares incarne Nourredine dans
Fares Fares incarne Nourredine dans "Le Caire confidentiel" de Tarik Saleh. DR
Cinéma Film Publié le 05/07/2017
Plongée au fond d’un système corrompu derrière les pas d’un policier corrompu qui voit la place Tahrir s’embraser et son monde le dégoûter. "Le Caire confidentiel" de Tarik Saleh mêle polar et printemps arabe.

Ce n’est pas écran de fête pour l’office du tourisme du Caire. Après Les derniers jours d’une ville de Tamer El Saïd qui raconte, entre fiction et documentaire, la ville tentaculaire, voici Le Caire confidentiel de Tarik Saleh, réalisateur suédois d’origine égyptienne. Le titre est dû au distributeur français qui y a certainement vu une parenté avec L.A. confidential de Curtis Hanson d’après le roman éponyme de James Ellroy. Parenté il y a dans ce meurtre d’une chanteuse inspirée d’un fait réel. Parenté dans cette histoire de flic véreux - c’est comme ça qu’on fait tranquillement carrière - qui tout à coup se sent humilié dans sa conscience professionnelle. Parce qu’il y a une femme, bien sûr. Ici elle n’est pas actrice à Hollywood, mais chanteuse dans un cabaret.

Mais surtout, et là plus de parenté, parce que la rue bouge. Nous sommes en janvier 2011, ce qu’on appellera le printemps arabe a déjà bousculé la Tunisie forçant Ben Ali à quitter le pouvoir. Les Egyptiens vont faire le même sort à leur raïs, mais bien entendu Nourredine ne le sait pas. Il regarde passer ces foules qui se rendent, malgré la répression, place Tahrir.

 

Corruption systémique. Le titre apparaît alors moins judicieux qu’il n’y paraît. Parce que le renversement de Moubarak va entrer dans l’enquête elle-même. Et signer la superbe fin. Entre temps, Le Caire quotidien, ses corruptions, ses arrangements, ses humiliations, ses soumissions, ses turpitudes vont emplir l’écran. Pas vraiment touristique. Pas non plus de décors soigneusement éclairés de Beverly Hill. Le capitaine, puis colonel Nourredine, à qui l’acteur Fares Fares donne détachement et implication contenue, cherche tout le long du film à faire réparer sa vieille télé et l’antenne parabolique. L’humour ne manque pas. La vérité crue non plus. L’irruption d’une jeune immigrée soudanaise et de sa vie misérable dans un bidonville surpeuplé donne plus encore de profondeur à ce film noir. On s’enfonce dans le social bien plus loin que la seule découverte de la corruption systémique de la société égyptienne. Celle contre laquelle les foules se rassemblent place Tahrir. Le pouvoir égyptien n’a pas apprécié : « Trois jours avant la fin du tournage, les services de sécurité égyptien ont fait fermé le plateau » raconte Tarik Saleh.

 

Le Caire confidentiel de Tarik Saleh avec Fares Fares, Mari Malek, Yasser Ali Maher, Ahmed Selim, Hania Amar. Production germano-suédoise. Grand prix des jury Sundance 2016 et Beaune 2017. Sortie en salle le 5 juillet 2017.

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