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Mot de passe oublié ?Six graciles silhouettes noires se dessinent sur le plateau de l’opéra Comédie à Montpellier. Les corps androgynes ondoient lentement. Une musique répétitive vient les entourer et envouter les spectateurs depuis le fond de la salle, rendant la scène proche. Elle retient les regards absorbés par le tableau silencieux qui anime Love Chapter 2, dernière création de Sharon Eyal. Aucune frénésie mais une harmonieuse élégance, une prouesse corporelle, et, au fil du temps, l’envie que cela ne s’arrête jamais. Qu’ils marchent, qu’ils prennent appui sur leurs jambes écartées, qu'ils s'arrêtent dans des poses les plus périlleuses, les danseurs prolongent leurs gestes par de délicats mouvements de tête, n’accordant pas une seconde de répit à leurs corps. C’est sans doute ce qui explique le sentiment d’évanescence, d'irréalité, qui se dégage de la scène. Un instant de grâce et d’amour qui fait échapper le spectateur aux désordres du temps. Une sorte de complétude idéale, une énergie maîtrisée qui apaise curieusement le corps immobile du spectateur.
Une telle maitrise des corps, qui a beaucoup à voir avec le registre de la danse classique, étonne par son invention. Pourtant, alors que la danse classique vise la narration parfaite d’un livret et d’une partition, le vocabulaire amoureux de Sharon Eyal et Gai Behar puise dans l’intimité de l’âme. Cet art individuel, nourri de sensations éprouvées, transcende alors les codes pour inventer une écriture qui tient du prodige. Après une longue collaboration à la Batsheva Dance Company, illustre troupe de danse contemporaine israélienne créée par Ohad Naharin, Sharon Eyal a fondé en 2013 la compagnie L-E-V avec son compagnon 99Gai Behar, figure de la musique live et des arts vivants à Tel Aviv. Ensemble, ils ont créé OCD Love, un des grands succès de l’édition 2016 de Montpellier Danse. Ils reviennent au festival présenter en première mondiale leur nouvelle création, Love Chapter 2. Et le public en redemande.
Love Chapter 2 – Opéra Comédie les 6 et 7 juillet, dans le cadre du festival international Montpellier Danse 2017.