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Bushwick, un quartier street art à New-York

par Pierre Magnetto
Arts visuels Street-Art Publié le 14/08/2017
Depuis la fin des années 2000, chassés du Queens, les street artistes de New York ont investi la zone industrielle et les friches du quartier de Bushwick, à Brooklyn. Promenade dans une galerie d’art urbain à ciel ouvert qui a fait sienne la maxime de Banksy, « mieux vaut dehors que dedans ». Des dizaines d’artistes, venus du monde entier, participent à travers des collectifs à cette folle entreprise qui a vu fleurir plusieurs centaines d’œuvres.

Une véritable galerie à ciel ouvert, investie par des dizaines de street artistes regroupés au sein de collectifs, tel est le visage qu’offre Bushwick, dans l’arrondissement de Brooklyn à New York. Bushwick, un quartier partagé entre des secteurs d’habitation où vit une population populaire à majorité afro-américaine, indienne ou pakistanaise, ou encore latino, et une zone industrielle à moitié en friche avec ses usines désaffectées, ses vieux ateliers, entrepôts, garages, cimenteries… et des linéaires et des linéaires de murs décrépis et de rideaux métalliques rouillés et fermés : un terrain de jeu sans pareil pour les graffeurs. Certains accourent du monde entier, sélectionnés et invités par les collectifs new yorkais. Un crew (bande ou équipe) des plus actifs est le Bushwick collective, mais il en existe bien d’autres, comme le 12ozProphet et le YM1 Crew, qui ont installé leur siège dans des lieux désaffectés.

La chasse aux graffeurs. Michael Rubens Bloomberg, maire de New York jusqu’en 2013, avait déclaré la guerre au street art. Ainsi avaient disparu dans les années 2000 des œuvres couvrant les murs de 5 Pointz, un ancien site industriel dans le Queens, recouvertes de peintures blanches puis détruites à l’occasion du développement de projets immobiliers. Lors de sa dernière année de mandat, l’ancien maire s’était acharné sur le britannique Banksy au cours d’une rocambolesque partie de cache-cache. De Chinatown à Chelsea, le street artist dont l’identité reste inconnue à ce jour, peignait ses œuvres au pochoir, annonçant leur localisation via les réseaux sociaux. Des peintures particulièrement éphémères puisque recouvertes presque immédiatement. C’est ce qui explique que les graffeurs ont progressivement migré vers Brooklin.

Les hipsters sur les rives de l’East River. Les rives de l’East River témoignent du début de mutation de ce secteur de la ville autrefois très industriel. Des mini-parcs entretenus de manière collaborative et ouverts au public poussent le long des berges. Le quartier de Williamsburg illustre un début de gentrification de l’arrondissement de Brooklyn, mais aussi un certain art de vivre. Des potagers sur les toits ou le long des murs, des mini-brasseries produisant de la bière locale, des rooftops qui fleurissent au sommet des immeubles, des restos branchés, des ateliers d’artisans, d’artistes… Williamsburg est devenu hyper-tendance, le rendez-vous des hipsters.

La capitale mondiale du street art. Mais c’est sur le quartier voisin de Bushwick que les graffeurs ont jeté leur dévolu. Les lieux étaient plus propices. Leurs sources d’inspiration sont multiples, purement esthétiques, en référence à l’histoire américaine, à la culture rock ou hip-hop, reprenant les codes graphiques de l’écriture street art ou s’en démarquant. Alors qu’en semaine la voie publique fait l’objet d’un ballet de camions, de véhicules utilitaires rappelant que toute activité industrielle est loin d’avoir disparu ici, sur les trottoirs où poussent les mauvaises herbes des touristes déambulent, appareil photo en bandoulière. Mais les artistes ne produisent pas uniquement pour leur seul propre plaisir. De grandes marques internationales travaillent leur image dans ce lieu accessible depuis la ligne L du métro à partir de la station Jefferson, s’affichant façon art urbain : Perrier, Ray Ban, Adidas... mais aussi des entreprises locales : un bar, un fabricant de fenêtres en aluminium, un magasin de vente en gros et détail… Peindre sur les murs de la ville est aussi une affaire de revenus dans ce que les experts du genre n’hésitent pas à qualifier aujourd’hui de « capitale mondiale du street art ».

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