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Invader Spaces, vols à l’arraché dans les rues de Paris

par Véronique Giraud
Arts visuels Street-Art Publié le 02/09/2017
L’un des feuilletons de cet été aura été le pillage intensif des œuvres du street-artiste Invader sur les murs de Paris. Voir ses œuvres détruites est une expérience douloureuse mais c'est la dure loi de la rue.

Le street-artiste français Invader, qui s'est fait une réputation mondiale avec ses compositions mosaïques en forme d’extra-terrestres Space Invaders,  inspirées d'un jeu vidéo culte des années 80, a vu quelques-uns de ses œuvres collées sur les murs de Paris disparaître d'une manière inhabituelle. Le pillage des œuvres d’art dans la rue n’est pas chose nouvelle. De nombreuses interventions de Basquiat et de Keith Haring dans le métro et les rues de New-York ont disparu soudainement. Un phénomène qui survient avec l’augmentation des cotes du street-art dont une œuvre peut dépasser aujourd'hui les 100 000 euros. En France, C215 et Invader font face à ce désagrément.

Des portes et des boites aux lettres peintes par C215 sont arrachées et emportées clandestinement. Ces objets réapparaissent parfois lors d’une vente d’œuvres d’art, dans une galerie ou sur Instagram. Or si l’artiste a eu l’autorisation du propriétaire du bâtiment ou de la mairie, ces interventions n’ont pas valeur d’œuvres d’art. Pour avoir ce statut et pouvoir faire l’objet d’une transaction, les œuvres doivent être authentifiées par leur auteur afin que le collectionneur soit assuré de pouvoir les revendre. Sans être accompagnées de leur certification, elles ne peuvent qu’avoir été volées ou copiées. Juridiquement, la situation est toutefois complexe car si le propriétaire a le droit de porter plainte pour vol de portes ou dégradation de murs, le vol d’œuvres d’art ne sera pas reconnu par la police ou par l’assureur. Excepté si l’artiste parvient à démontrer qu’il en est l’auteur. Ce qui paraît peu probable sans contrat ou convention avec le propriétaire du support.

Ce qui a défrayé la chronique de ces vols cet été, c’est que le pillage de plusieurs œuvres d’Invader installées dans les rue de Paris a fait l’objet d’un modus operandi digne de professionnels. Les voleurs, habillés de gilets fluo et munis d’une échelle, ont agi en pleine journée et à la vue de tous. Lorsque les passants ou les propriétaires du bâtiment les interrogeaient sur la raison pour laquelle ils décollaient les mosaïques, ils répondaient qu’ils agissaient à la demande de la Mairie de Paris. Alertée, cette dernière a porté plainte pour usurpation d’identité.

Les artistes ont tous deux déclaré avoir observé que ces vols étaient de plus en plus nombreux et que l’attitude des voleurs et des vandales vient à inverse de la démarche du street-art. « Je travaille pour la communauté, exprime-t-il dans le Monde. Si je fais des œuvres petites, sur des boîtes aux lettres ou sur des portes, plutôt que sur des murs, c’est dans l’idée de ne pas écraser le spectateur, pour qu’il puisse s’identifier à mes portraits. Ce serait dommage, alors qu’on m’autorise à peindre sur le mobilier urbain, qu’on me le déconseille de peur des vols. » Quant à Invader, il riposte en investissant dans des colles de plus en plus fortes et en intervenant de plus en plus haut sur les murs.

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