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Les migrants au cœur des créations

par Julie Matas
L’image des embarcations surchargées de migrants se retrouve dans de nombreuses œuvres et sert ici d’affiche à l’exposition Hämatli & Patriae qui s’ouvre le 15 septembre au Museion de Bolzano en Italie, DR
L’image des embarcations surchargées de migrants se retrouve dans de nombreuses œuvres et sert ici d’affiche à l’exposition Hämatli & Patriae qui s’ouvre le 15 septembre au Museion de Bolzano en Italie, DR
Hors-Champs Croisement Publié le 15/09/2017
Les migrations tragiques interpellent les artistes et les créateurs. Pièces de théâtre, installations, performances, expositions, romans abondent le thème en cette rentrée.

On en sait plus aujourd’hui sur ces migrants des pays du sud qui viennent chercher une vie décente chez leurs voisins du nord. Les causes de migrations apparaissent multiples : guerres qui s’attaquent aux populations civiles, exterminations de population, crises économiques dans des pays corrompus où toutes les richesses sont accaparées par les dirigeants. Mais aussi ce nouveau marché fructueux pour les mafias que constitue l’esclavagisme. La très belle enquête réalisée par Frédéric Bobin en Lybie pour le journal Le Monde en août dernier montre comment les mafias vont « recruter » dans les pays sub-sahariens des hommes et des femmes à qui il est promis un brillant avenir dans une Europe qu’ils ne verront jamais. Après avoir payé un fort droit de passage, les voilà incarcérés dans des prisons immondes et bien sûr illégales où eux serviront de main d’œuvre gratuite, elles d’esclaves sexuelles, ou encore d’otages en attente de rançon des familles. Les plus chanceux pourront tenter le voyage improbable en Méditerranée.

C’est le thème du roman Les Terres dévastées du mexicain Emiliano Monge, écrit en 2015 mais seulement traduit aujourd’hui en français par Juliette Barbara pour les éditions Philippe Rey. Il conte l’horrible voyage de migrants et de leurs passeurs mafieux sur fond d’histoire d’amour et de chœur antique.

 

Des expositions partout en Europe. L’image obsédante des embarcations surchargées de migrants se retrouve dans de nombreuses œuvres : elle sert d’affiche à l’exposition Hämatli & Patriae qui s’ouvre le 15 septembre au Museion de Bolzano en Italie, elle est peinte par Claire Tabouret, qui expose jusqu’au 29 octobre à la Friche la Belle de Mai à Marseille, elle est le sujet du film documentaire Human Flow de l’artiste dissident chinois Ai Wei Wei présenté le 2 septembre à la Mostra de Venise. Tout comme Fuoccoamare, le magnifique documentaire que Gianfranco Rosi a réalisé après avoir passé un an sur l’île de Lampedusa. Récompensé par l’Ours d’or à la Berlinale 2016, le film poursuit sa diffusion au cinéma et sur les télés d’Europe. Sans oublier la gigantesque installation sous-marine de l’artiste britannique Jason de Caires Taylor, dont les corps sculptés de migrants peuplent désormais les fonds marins de Lanzarote.

 

Installation et théâtre. Des artistes ont fait de l’exil leur thème de prédilection. Parmi eux, Mounir Fatmi et son installation itinérante Le pavillon de l’exil, le street-artist Banksy dont les pochoirs Steve Jobs et Radeau de la Méduse à Calais dénoncent les stéréotypes des migrations économiques et les naufrages de migrants, ou Samuel Gratacap qui présente jusqu’au 24 septembre aux Rencontres de la photo d’Arles sa vidéo Fifty-Fifty, reportage sur le sort des migrants en Lybie.

Le sort et l’histoire des migrants sont également au cœur de plusieurs pièces, comme Lampedusa Beach et Terre Noire, l’une située en Afrique, l’autre en Méditerranée, toutes deux mises en scène par Irina Brook au théâtre de Nice, puis en tournée en France. Ou Borderline, créée à Avignon cet été par Guy Cassiers d’après Elfriede Jelinek, qui est présenté ce mois de septembre à Amsterdam, puis sera en tournée en France.

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