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Une rentrée littéraire à profusion

par Jacques Mucchielli
581 romans à l'étal des libraires. © Rivaud/Naja
581 romans à l'étal des libraires. © Rivaud/Naja
Livre Roman Publié le 28/09/2017
581 romans vont essayer de s’aligner sur les étals des libraires en cette rentrée. Une inflation qui pose les questions du livre numérique, du choix du lecteur et du rôle du libraire.

Le lecteur qui entre aujourd’hui dans une librairie a parfois l’impression d’être devant un rayon de grande surface. Il était venu chercher un yaourt, on lui propose des dizaines de marques et de variétés. Passe pour les yaourts. Mais comment faire lorsque 581 nouveaux romans (dont 390 français) sont affichés en cette rentrée littéraire ? 21 de plus que l’an dernier, on ne va quand même pas tous les lire ! Car la consommation de livres, à la différence des yaourts, se fait sans date de péremption. Il est toujours autorisé, et même conseillé, de lire l’immense bibliothèque constituée des classiques et des grands noms de chaque pays du monde.

L’inflation de publications en littérature n’est certes pas nouvelle. On est loin des 727 romans publiés il y a dix ans, mais il y a vingt ans le nombre était identique. Cette inflation peut enthousiasmer face à une telle créativité humaine. Elle pose cependant deux questions : le support papier, et son corollaire la diffusion en librairie, est-il encore le meilleur ? Et comment le lecteur peut faire son choix ? A la première question, les Français, comme la plupart des Européens, ont répondu affirmativement. Selon le baromètre annuel Opinion Way pour le Syndicat national de l'édition, le livre numérique ne pèse qu’une part faible des usages de lecture en 2017. 20% des Français s'y adonnent parfois (contre 5% en 2012), mais 74% s'y refusent. Et ils tiennent à leur libraire. Ce qui répond en partie à la seconde question, celle du choix. Le libraire, heureusement protégé par la loi Lang sur le prix unique, est le premier conseiller. Il n’est pas le seul.

 

Les critères du choix. Les blockbuster, promus (et souvent fabriqués) avec le même professionnalisme qu’un film hollywoodien, s’imposent avec l’évidence d’un martelage publicitaire : Une colonne de feu, le troisième livre d’une des énièmes sagas de Ken Follet, le 5e tome de Millénium, et Origine de Dan Brown occupent les couloirs du métro parisien et les colonnes des journaux depuis le mois d’août.

Des critères plus sérieux entrent heureusement en ligne : l’auteur est le premier. En cette rentrée, les derniers romans du prix Nobel Orhan Pamuk (Cette chose étrange en moi), d’Eric Orsenna (La Fontaine), de l’américain Don DeLillo (Zero K), du jeune colombien Juan Gabriel Vasquez (Le corps des ruines) ou de Marie Darrieusecq (Notre vie dans les forêts) ont déjà un public acquis.

La politique des éditeurs assure une exigence littéraire propre qui constitue une autre raison du choix. La collection NRF de Gallimard qui publie La chambre des époux d’Eric Reinhardt, celle de Fictions au Seuil qui édite Sciences de la vie de Joy Sorman, ou encore Actes Sud avec Zabor de Kamel Daoud ou Les bourgeois d’Alice Ferney et Grasset avec Kong de Michel Le Bris sont gages de qualité, comme souvent les critiques des émissions télévisées, journaux, ou magazines spécialisés.

Dernier critère de choix : le bouche à oreille, qui s’invite désormais sur les réseaux sociaux. Les 81 premiers romans (dont 66 français) en auront bien besoin. Et qu’ils se rassurent : l’abondance éditoriale pourrait être signe d’uniformité, ce n’est pour l’instant pas le cas.

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