espace abonné Mot de passe oublié ?

Vous n'avez pas de compte ? Enregistrez-vous

Mot de passe oublié ?
ACCUEIL > Événement > Le CIRCa fête ses trente ans à Auch, avec son festival et un livre

Le CIRCa fête ses trente ans à Auch, avec son festival et un livre

par Véronique Giraud
Arts vivants Cirque Publié le 04/10/2017
Pour le Centre d'Innovation et de Recherche Circassien d'Auch, lieu de recherche et de représentation du cirque actuel, l'actualité de ce mois d'octobre est dense. D'abord parce que se tient le Festival international CIRCa du 20 au 29 octobre, ensuite parce que, pour ses trente ans d'existence, le CIRCa a confié à l'ethnologue Patrice Clarac le soin d'écrire son histoire, de ses origines à aujourd'hui. À travers une cinquantaine de témoignages, l'ouvrage "CIRCa Auch" est parcouru de l'humanité qui a jalonné cette aventure.

30 ans, c’est l’âge de la maturité pour le CIRCa, Centre d'Innovation et de Recherche Circassien. Les responsables de la structure auraient pu décider de publier un livre de son histoire, mettant en avant les grandes dates, les événements marquants et les personnalités qui ont contribué à forger ce lieu. Devenu le leu de représentation du cirque actuel. Mais cette démarche n’aurait pas reflété les valeurs intrinsèques au cirque, qui place toujours l’humain sur le devant de la scène. Pour Marc Fouilland, qui dirige le CIRCa depuis 20 ans, « il n’était pas question que la structure d’aujourd’hui raconte elle-même son histoire ». Les organisateurs ont préféré confier à un professionnel le soin de rendre compte de ce qu’est le CIRCA, depuis ses origines à aujourd’hui. C’est l'ethnologue Patrice Clarac qui a été sollicité. Repéré pour son ouvrage Musicalarue, paru fin 2013, ce Bordelais ne connaissait rien du cirque, peu de choses d’Auch, mais garantissait la méthodologie rigoureuse du scientifique. Curieux, Patrice Clarac est aussi un conteur qui a beaucoup fréquenté le monde du théâtre, un autre art vivant. Du côté des organisateur, l’idée qui a présidé à la nécessité d’un tel livre c’est qu’au fil du temps, les souvenirs s’étiolent, la mémoire se disperse, l’oubli menace. En faisant resurgir les souvenirs de cette aventure avec l'écrivain, beaucoup se sont rendu compte qu’ils les avaient oubliés. Qui se souvient que le cirque d’Auch avait un orchestre du temps de Pop Circus ? Le livre répond aussi à une question qui vient vite à l’esprit : pourquoi s’est-il implanté il y a trente ans à Auch, tranquille petite ville provinciale réputée pour la qualité de son terroir et sa gastronomie ?

 

Pourquoi à Auch ? En se rendant chaque semaine au CIRCA pendant deux ans, Patrice Clarac s’est rendu compte combien l’histoire de ce lieu international de cirque est intimement liée à celle de la ville d’Auch. Ses recherches dans les archives de la ville bien avant la naissance du festival l’ont conduit à cerner des circonstances et à faire réapparaître un passé rural qui, d’après lui, reflète les mêmes valeurs que le cirque. A posteriori, des faits semblent s’enchainer. Comme par exemple l'abbé de Lavenère-Lussan, parvenu à convaincre l'autorité ecclésiastique d'ouvrir une petite école de cirque amateur pour les enfants d'Auch, arguant que l’exercice physique favorisait des valeurs comme le collectif, l’attention à l’autre, le plaisir de se dépasser. Ou ce ministre venu un peu par hasard à Auch alors que le gouvernement cherchait un nouveau site d’expérimentation culturelle.

La première question que s’est posée Patrice Clarac c’est : « Pourquoi cela existe ? ». Avec l’idée de mettre l’humain au cœur du livre, l’histoire s’articule et se compose des témoignages d’une cinquantaine de personnes. Un partage de souvenirs personnels qui sonnent vrai, sans doute davantage qu’une chronologie d’historien. La petite histoire, celle que seuls quelques-unes et quelques-uns conservent dans leur mémoire ou dans leurs carnets, compose un récit de vies qui rend du même coup vivante cette belle liaison entre Auch et le cirque. Une succession de témoignages qui font qu’on cerne mieux pourquoi et comment c’est ici et nulle part ailleurs que ça s’est passé. Réécrire une histoire, en n’en retenant que les faits marquant toutes les strates de la société distancie le sujet. Ici, les témoins font resurgir ces moments accidentels, ces incongruités, ces hasards de la vie, ces instants dérisoires qui font que de grands événements ont pu exister. La mémoire du politique, du musicien, de l’artiste de cirque, du spectateur, de l’organisateur fait alors sens pour tous.

Partager sur
Fermer