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Mot de passe oublié ?Lola Reboud : « Les Climats » de l’Islande au Japon
Le visage songeur d’une jeune femme au collier de coquillages, la morosité d’un volcan enneigé, le regard quasi transparent d’un homme assis, les taches colorées de petites maisons bordant l’immensité d’un lac, nous disent beaucoup sur l’inscription des Islandais dans leur géographie. Pour ces images, Lola Reboud s’est investie dans un long processus de représentation des rapports de ses contemporains avec l’environnement.
L’Islande a été le premier pays dans lequel Lola Reboud s’est projetée. Se rendant sur l’île à plusieurs reprises, entre 2007 et 2012, elle en a arpenté les paysages, est allée à la rencontre des habitants et a perçu le lien singulier entretenu avec leur terre instable, aux irruptions impressionnantes. Ces mouvements de la nature, qui font le quotidien et l’histoire des Islandais, nourrissent également leur langue, autant pour désigner les incessantes variations de la nature que pour dépeindre ce que nous nommons les états d’âme. De cette expérience, l’artiste photographe a sélectionné seize images qui, mêlant portraits et paysages, composent la série Les climats I (Islande).
Le Japon est l’autre destination qui s’est imposée à elle. En 2013, Lola Reboud s’y est rendue pendant quatre mois environ, avec le désir de réaliser le portrait d’une Kyotoïte, rencontrée deux ans auparavant, et de saisir des images de la nature volcanique de l’île. La jeune femme avait changé, ne souhaitait plus s’associer au projet. La photographe a alors centré son objectif sur trois volcans, en compagnie de vulcanologues. Le périple aux côtés des scientifiques l’a menée sur le site d'Aso San, un volcan relativement calme, vers le Sakurajima, l’un des plus actifs du pays, enfin vers le mythique Mont Fuji, point culminant du pays.
La forme vient après. Alors que les images récoltées en Islande ont le même format carré, il n’en est pas de même pour celles du Japon. Lola Reboud se laisse d’abord pénétrer de ce qu’elle voit et perçoit. De ce qu’elle sait aussi. Le format naît de tout cela. Quand elle est rentrée en France avec ses nombreuses images prises au Japon, « dans ma tête, c’était un livre » se souvient la photographe. La tradition du livre est très forte au Japon, et le livre photo y a une grande place. « Il ne s’agissait pas de présenter ses images comme le ferait un Japonais, de me mettre à sa place » explique-t-elle. Entre temps, il y eut la catastrophe climatique et technologique de Fukushima qui eut un impact fort dans la perception de son travail et du pays. « Je me suis demandée comment l’Occidentale que je suis pouvait raconter le Japon. » L’évidence est venue avec l’histoire de l’art, et les images au format rond que pratiquaient les artistes japonais, elle est venue aussi avec l’habitat traditionnel, d’où le paysage s’observe à travers une fenêtre ronde. Sur un très beau papier, lui aussi important pour les Japonais, ses tirages déclinent des images très graphiques. Nuées d'éruption aux formes suggestives, détails dévoilant une grande richesse chromatique, tournoiements blancs, gris ou bleutés, mystérieuses constellations…. On les retrouve dans un très beau livre, Les Climats II (Japon), qui vient d’être publié aux éditions Poursuite.
Exposition Lola Reboud / Les Climats I (Iceland) et Les Climats II (Japon). Dans le cadre des 7e Rencontres Photographiques du 10e, du 19 octobre au 18 novembre. NAJA21 15 rue Bouchardon 75010 Paris.
