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« Des préjugés au racisme », état des lieux au musée de l’Homme

par Véronique Giraud
"Nous et les autres : Des préjugés au racisme", une exposition du Musée de l'Homme. DR
Hors-Champs Croisement Publié le 21/12/2017
« Des préjugés au racisme », l’idée s’organise en un parcours scientifique au musée de l’Homme. Affronter une histoire longue comme la colonisation et l’esclavage, confortée par l’intérêt, économique et politique, légitimée par une théorie scientifique de l’inégalité, la confronter à nos comportements actuels de racisme et de discrimination alors que tous les capteurs de la science contemporaine clignent au vert, c’est ce que propose l’exposition visible jusqu’au 8 janvier.

Les visiteurs ont eu neuf mois pour se plonger dans les origines du racisme avec l’exposition du Musée de l’Homme, Des préjugés au racisme. Le processus a débuté à la fin du XVe siècle avec les conquêtes d’autres civilisations entreprises par les Européens. La longue emprise du colonialisme et de l’esclavagisme a gravé son empreinte, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, dans la démarche scientifique. De la distinction de couleur à la racialisation, qui prive de droits civiques les esclaves, le chemin parcouru a semblé "naturel" à une époque préoccupée de progrès. Un état de fait que la science a légitimé, avec l'élaboration de la classification humaine propre à l’anthropologie, devenue une discipline autonome. La hiérarchisation des « races » est alors théorisée par Joseph-Arthur Gobineau en 1853 dans son Essai sur l’inégalité des races humaines. La réponse du Haïtien Joseph Anténor Firmin avec De l’égalité des races humaines deux ans plus tard aura fait moins d'adeptes. Les idées de la théorie de Gobineau se répandra à la vitesse de la poudre dans l’imaginaire collectif, l'allusion à la supériorité de la « race » blanche est de bon aloi dans les sociétés du XXe siècle. Elles ont nourri la ségrégation raciale aux Etats-Unis, l’Allemagne nazie, le Rwanda indépendant, trois manifestations extrêmes illustrées dans l’exposition.

Que reste-t-il aujourd’hui de ces convictions racistes ? Ont-elles été balayées d’un coup de théorie scientifique ? Pour y répondre, le musée de l’Homme procède à l’introspection. Revenant sur sa création en 1938, époque où la pensée coloniale dominante a laissé s'exprimer un courant scientifique né de l’engagement contre l’antisémitisme et le fascisme de Paul Rivet, fondateur du musée. Aujourd’hui totalement repensé pour tenter de refléter l’état des connaissances scientifiques du début du XXIe siècle, le musée de l’Homme a pris la mesure de l’histoire et encourage les questions plus que les certitudes. La science première y est toujours l’anthropologie, mais celle-ci collabore avec l'ensemble des sciences humaines et nouvelles qui ont cours aujourd'hui dans la connaissance de l'homme.

La question que pose le musée aujourd’hui est celle du racisme. Il y répond dans la troisième partie de l’exposition en mettant en avant les données scientifiques actuelles, comme autant de pistes pour mieux comprendre : ce que nous dit la génétique à propos des races, les comportements racistes et de discriminations en France, l’analyse de l’état de la loi, l’expression des médias pour parler des minorités est analysée par le sociologue et l’ethnologue, enfin quel modèle pour vivre ensemble dans le respect de l’égalité des droits. Pour cette dernière question, les réponses sont apportées par le sociologue et le politologue. Et les données par chacun de nous…

 

Nous et les autres, Des préjugés au racisme, exposition jusqu'au 8 janvier 2018 au Musée de l'Homme, Place du Trocadero, Paris.

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