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« Extrêmophile », quand la science s’ouvre au théâtre

par Véronique Giraud
Une scène de
Une scène de "Extrêmophile" ©Desmesure
Arts vivants Théâtre Publié le 29/01/2018
Thibault Rossigneux et sa compagnie Les Sens des mots met la recherche scientifique sur les planches par le truchement d'auteur(e)s de théâtre qui relèvent le défi de rendre audibles et distrayants les secrets des laboratoires des chercheurs. Aujourd'hui, la compagnie est à l'origine de trente-trois Binômes et l'un d'entre eux, "Extrémophile", a été adapté en une pièce complète.

La compagnie Les sens des mots a développé depuis 2010 un savoir-faire dans le rapprochement entre art et science, faisant émerger pour la scène de courtes formes baptisées Binômes. Tout commence par une rencontre limitée à une demi-heure entre un(e) auteur(e) de théâtre et un(e) chercheur(se). Le premier tentant de comprendre l'objet des recherches de l'autre, puis s'en inspirant pour écrire un texte qui sera mis en lecture par la compagnie du metteur en scène Thibault Rossigneux. En 2018, pas moins de trente-trois binômes ont été réalisés, désormais diffusés autant dans les lieux de savoirs que dans les salles de spectacle. Et l'aventure a pris une autre tournure depuis que Thibault Rossigneux a accepté la proposition d'une auteure d'écrire une pièce complète à partir d'un binôme.

Une nouvelle étape a donc été franchie avec Extrêmophile, un spectacle mis en scène par la compagnie et présenté pour la première fois en décembre dernier devant le public du festival biennal Facts, organisé par Vanessa Oltra, chargée de mission culture à l’Université de Bordeaux. Au départ, Extrêmophile est l'un des 33 binômes de la Cie Les Sens des mots. Né de la rencontre entre l’auteure Alexandra Badéa avec le chercheur en microbiologie des environnements extrêmes Bernard Ollivier, il a été présenté en 2016 au Festival d’Avignon. Mais l’auteure, que l'expérience du festival a passionnée, n'a pas voulu en rester là et a écrit le texte abouti d’une pièce et l'a proposé à Thibault Rossigneux.

Bien sûr, la pièce investit un univers inconnu, extrême même, puisqu'elle donne le premier rôle à… une caméra thermique. Pour Thibault Rossigneux aussi, il s'agit d'une première : mettre simultanément en scène, en images, en lumière et en sons les propriétés d’une caméra thermique est une idée périlleuse. Au fil du temps et de l'expérimentation, elle s'est même avérée douloureuse pour le metteur en scène. Science et technique ont dominé les mois de répétitions, avec des séances bien éloignées de la pratique théâtrale habituelle. Pour mener à bien le projet, la contribution de Christophe Pradèr, chargé de recherche au laboratoire I2M-TREFLE, fut essentielle. Les connaissances de ce spécialiste des infra-rouges furent confrontées aux compétences et à l'imagination de l’équipe artistique. « J’ai la chance que le scénographe et le créateur lumière de la compagnie se passionnent pour la question. Je travaille aussi avec deux musiciens électroniques ». Les obstacles ont pu être surmontés in extrémis. Le spectacle a remporté un beau succès à Bordeaux et il sera repris sur différentes scènes. Sa dramaturgie est inspirée d’un fait divers, « la guerre propre ». l’auteure met en scène la problématique d’un pilote de drône tirant aveuglément sur les territoires en guerre. Et rend visible la manière dont, avec cette action extrême, la vie de ce pilote peut basculer. Et comment, à travers d’autres actions extrêmes, des vies basculent… La pièce est en tournée en 2018.

 

 

 

 

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