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La grande roue de l’infortune d’une femme battue

par Pierre Magnetto
Diane Peylin, un cinquième roman sur le thème de la violence faite aux femmes. DR
Diane Peylin, un cinquième roman sur le thème de la violence faite aux femmes. DR
Livre Roman Publié le 15/02/2018
Avec "La grande roue", l’écrivaine ardéchoise Diane Peylin signe son cinquième roman. Les thèmes de la violence faite aux femmes et de la perte d’identité sont portés par un récit à la construction complexe, quatre personnages en parallèle, évoluant sur des temporalités différentes, que rien ne semble relier… a priori.

« Chaque année, en France, 216 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont maltraitées par leur partenaire. Il s’agit d’une estimation minimale. » Quand avant d’entrer dans la lecture d’un roman on aime bien feuilleter les pages de garde et celles qui ponctuent le livre, voici ce que l’on trouve à la fin du récit. Le lecteur est prévenu, la violence faite aux femmes est au cœur de La grande roue, le cinquième roman de Diane Peylin. Tout commence au pied d’une grande roue, sous les lumières et les flonflons de la fête foraine, les cris de joie des enfants, les ballons de baudruche et puis, la roue tourne... C’est là qu’Emma, 19 ans, jeune femme invisible aux yeux de parents indifférents à son existence, rencontre Marc. C’est le coup de foudre. Une histoire d’amour fou qui au fil des ans se délite, Marc qui, en pervers narcissique, assoie sa domination, Emma qui trouve toujours une bonne raison de l’accepter, puis les injures, les coups, jusqu’à ce que…

 

La quête d’identité thème transversal du récit. Le sujet n’est sans doute pas nouveau en littérature. Dans la vraie vie, comme en attestent les chiffres officiels, il serait presque d’une atroce banalité. Pour autant, Diane Peylin le marque de sa griffe. «Je n’ai pas choisi le thème du roman, c’est lui qui s’est imposé à moi », confie-t-elle. « Au départ, j’étais partie sur celui de la perte d’identité suite à un choc psychologique. Au fur et à mesure de mes recherches documentaires, je me suis aperçue que de nombreux témoignages émanaient de femmes battues qui perdaient pied, qui étaient complètement dépossédées de leur vie, c’est ainsi que j’ai eu l’idée du personnage d’Emma ». Rien d’étonnant alors que la recherche, la quête d’une identité de la part de personnages hagards, victimes d'un traumatisme profond, soit l’autre grand thème abordé par l’auteure.

 

L’errance, des vies brisées, le point commun des personnages. L’histoire est bâtie autour de quatre personnages dont le principal est Emma. Tess, David, Nathan, Emma, chacun apparaît alternativement, toujours dans le même ordre, au cours de chapitres brefs, rythmés par des phrases courtes et fluides. Si l’histoire d’Emma se déroule sur une vingtaine d’années, celle de Tess qui erre dans les rues de la ville dure toute une nuit seulement. Celle de Nathan régulièrement convoqué au commissariat pour des interrogatoires sonnant comme un appel au secours de la part d'un flic taciturne et souillon, comme celle de David qui va travailler de place en place dans la montagne sans se souvenir du passé, ne durent pas plus que quelques mois. Le point commun entre les quatre c’est l’errance, des vies brisées, mais quels liens entre les protagonistes ? Diane Peylin distille les premiers indices aux deux tiers de son roman, mais elle ménage le suspens jusqu’au bout et ce n‘est qu’au final que toutes les pièces du puzzle s’assemblent. « J’avais déjà exploré cette mise en forme dans mon précédent roman (Même les pêcheurs ont le mal de mer), mais cette fois je suis allée plus loin. J’aime qu’il y ait plusieurs visions, plusieurs points de vue, des temporalités différentes, je trouve que ça enrichit le récit, que ça donne davantage d’épaisseurs aux personnages. J’avais cette idée qu’ils seraient quatre, en parallèle, je ne savais pas trop comment j’allais tisser le tout. Ca c’est fait comme ça… je crois que ce sont eux qui m’ont emmenée, mais je savais dès le départ qu’ils allaient tous me ramener à Emma ».

 

Un coup de cœur de Paulo Coelho. Enseignante dans une autre vie, globe-trotter à ses heures, Diane Peylin est née et vit en Ardèche où elle anime des ateliers d’écriture. Elle a notamment publié chez Les nouveaux auteurs, A l’endroit où elles naissent, roman préfacé par Maxime Leforestier, grand prix du roman de l’été 2011 des lectrices de Femme actuelle et salué par un coup de cœur cette année-là de Paulo Coelho. Ce premier roman raconte en parallèle, déjà, le destin de deux femmes nées le même jour mais pas avec les mêmes chances, l'une en France l'autre à Madagascar. La femme, la condition féminine, le sujet s'impose comme le fil rouge reliant les cinq premiers romans de Diane Peylin.

 

La grande roue, roman de Diane Peylin, éditions Les Escales.

Même les pêcheurs ont le mal de mer, roman de Diane Peylin, éditions Les Escales (paru en Pocket).

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