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« Cerebrum » d’Yvain Juillard, aller simple dans le cerveau

par Véronique Giraud
Yvan Juillard, auteur de
Yvan Juillard, auteur de "Cerebrum le faiseur de réalités. DR
Arts vivants Performance Publié le 23/02/2018
"Cerebrum, le faiseur de réalités". Ce titre étrange recèle à la fois une passion pour la science et un talent de comédien. Yvain Juillard, qui a mis au point cette conférence-performance, ouvre la voie hybride de la rigueur et du sensible en nous racontant et en nous dessinant notre cerveau.

Il est un âge dans l’enfance où la question "Pourquoi ?" revient sans cesse. Sans que l’adulte sache toujours répondre. Tous ceux qui ne se sont pas lassés de se poser cette question et celle concomitante du "Comment ?" se délecteront en écoutant parler Yvain Julliard. D’autant que ce comédien, formé à la biophysique, a choisi de mettre sur scène l’objet de tous les fantasmes : le cerveau.

En scientifique, son spectacle Cerebrum, le faiseur de réalités, à la fois conférence et performance, est truffé d'expériences. Le comédien les fait tester au spectateur, lui faisant partager la rigueur imparable de la méthode et, ce faisant, l'amène à ressentir les incongruités du langage, de la mémoire, de la réalité. Cette dernière à travers l’observation d’un simple cube. Le fil du récit, qui part d’une hypothèse candide exprimée par un enfant, conduit vers les arcanes de cet organe complexe dont les scientifiques savent peu, et que chaque possesseur utilise sans en connaître la mécanique. Yvain Julliard éclaire son récit de données factuelles relatives à la virtualité, à la réalité augmentée, dont la finalité est de reproduire ce cerveau qu’on croyait unique et qui ne cessent de nous interroger aujourd'hui sur l'avenir de l'humain.

Deux possibilités s’offrent au spectateur selon qu’il se sent plus ou moins proche de la rigueur scientifique : se délecter de pénétrer dans les ondes et les synapses ou bien prolonger les données scientifiques glanées d’une fiction toute personnelle. Les deux se contaminant.

Incarner la pensée scientifique, la penser comme une création, la traduire en mots ou en gestes compris par tous, est une voie de plus en plus empruntée. Grégoire Harel, à l’origine d’Universcience à la Villette, Thibault Rossigneux, metteur en scène de la Cie Les Sens des Mots, Vanessa Oltra, initiatrice du festival FACTS, ont creusé le sillon en accueillant de nombreux spectacles art/science. De leur côté, les scientifiques aujourd’hui sont plus nombreux à s’aventurer sur la scène. La science peut donc se concevoir comme une manière d’expérimenter le monde dans le rapport à l’autre et à soi ? C’est en tout cas ce que nous propose Yvain Julliard, bien décidé à continuer d’explorer ses effets sur le public.

 

CEREBRUM, Le faiseur de réalités, Conférence-Spectacle - 1h00. De et avec Yvain Juillard. Du 20 au 23 février au théâtre de La Loge, Paris.

 

Diplômé d’un Master de recherche en biophysique et d’un Magistère européen en biologie intégrative, Yvain Julliard s’est formé à l’INSAS/Section interprétation dramatique à Bruxelles. Au cinéma, il est apparu dans plusieurs courts métrages et longs métrages. Il sera Nox aux côtés de Nathalie Baye dans la série éponyme de Canal +. Au théâtre, il incarne Louis 16 dans Ça ira (1) Fin de Louis, de Joël Pommerat. Passionné de science, il développe depuis 2009 une réflexion sur les notions d’ « identité » et de « réalité phénoménale ». Lauréat en 2013 et 2016 de la buorse d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon, il écrit et crée une première version de Cerebrum, le faiseur de réalités en janvier 2015 à Bruxelles.

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