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Mot de passe oublié ?En pénétrant dans les salles que la Maison Rouge a réservées à la collection Deborah Neff, avocate new-yorkaise, on est saisi à la vue d'une assemblée de petits corps, vêtus d'habits souvent très étudiés, dont la tête a parfois des traits soigneusement brodés. Il s'agit de poupées, certes, mais qui dégagent une aura mystérieuse. Sans doute parce que notre esprit tente de les rapprocher de celles de notre enfance. Mais ici chaque poupée a été réalisée par une main non professionnelle, aucune ne correspond à un stéréotype connu, reconnu. Pendant près d’un siècle, entre 1840 et 1940, des Afro-Américain.e.s, majoritairement des femmes, ont conçu et fabriqué des poupées pour leurs propres enfants, ou les enfants qu'elles gardaient. Considérées jusque-là comme des artefacts domestiques indignes de mémoire, elles révèlent ici leur beauté, leur richesse formelle, leur singularité. Autant de poupées secrètes, que cette exposition raconte pour la première fois en France. L'exposition fait événement puisque au delà de l'objet, les poupées occupent l'espace de non représentation du peuple noir, matérialisnt une existence niée. Cette assemblée que Deborah Neff a constituée représente "le peuple qui manque", comme l'exprime Norah Philippe comissaire de l'exposition.
Exposition Black Dolls. Commissaire : Nora Philippe. Conseillère scientifique : Deborah Willis. Du 23 février au 20 mai 2018 à La maison rouge - Fondation Antoine De Galbert, 10 bd de la Bastille 75012 Paris.
Autour de l'exposition, plusieurs films sont programmés : Cinéma et Poupées au Centre Pompidou, les 7, 14 et 21 mars 2018, Femmes noires, écrans français à Columbia Reid Hall, du 4 avril au 9 mai 2018. Et un colloque international : Culture matérielle, représentations et résistances africaines-américaines (1840-1940) au Musée du Quai Branly le 27 février de 9h30 à 18 h.