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Les Cahiers du cinéma : pour l’art, contre « l’ère cognitive »

par Jacques Mucchielli
Le cinéma ! défendent les Cahiers dans un monde
Le cinéma ! défendent les Cahiers dans un monde "où la pensée est réduite au calcul et l'émotion à la satisfaction". DR
Cinéma Film Publié le 04/03/2018
Dans leur numéro de mars 2018, barré à la Une d'un titre fort "Pourquoi le cinéma ?", les Cahiers fustigent "l'ère cognitive", qui réduit "la pensée au calcul et l’émotion à la satisfaction". Un plaidoyer pour le septième art.

De temps en temps, il n’est pas inutile d’interroger d’une façon nouvelle les fondamentaux. C’est ce qu’ont sans doute pensé les rédacteurs des Cahiers du Cinéma qui, dans leur numéro de mars 2018, osent demander sur toute leur Une : « Pourquoi le cinéma ? ». La question est bien entendu liée à l’actualité « des réseaux sociaux, des séries TV, des jeux vidéos, de la réalité virtuelle » précise Stéphane Delorme. Dans cette époque de « magma audiovisuel général », poursuit le rédacteur en chef, la « pensée cinéma » reste le guide des Cahiers.

Pourquoi cette question aujourd’hui ? La réponse est nette et sans bavure. Il y a danger, on veut « nous faire entrer au forceps dans une nouvelle ère, dite "ère cognitive", où la pensée est réduite au calcul et l’émotion à la satisfaction ». Dans cette ère, pas de place pour la création artistique, pas de place pour le cinéma. Et cela a déjà commencé : « Qu’il n’y ait déjà plus de cinéma dans beaucoup de films est une évidence tant l’imagerie télévisuelle l’a emporté ».

 

Le cinéma est un art. Cette proclamation esthétique est constante aux Cahiers. Fidèle à sa ligne éditoriale et à son approche du septième art, ils réaffirment avec force, aux spectateurs comme aux réalisateurs, que le cinéma est un art. Il en découle qu’il n’est pas soluble dans les démarches scientifiques quelles qu’elles soient. Stéphane Delorme l’affirme dans un article ambitieux sur la sensibilité. « Pourquoi le cinéma ? Parce que l’émotion » répond-il, avant de s’attaquer aux sciences cognitives, coupables à ses yeux d’apporter une « réponse émotionnelle » en mode binaire d’attente et de satisfaction. Tout le contraire d’un art « par nature indiscipliné » qui n’attend pas du spectateur une réponse dans une case pré-codée, comme peut le faire un jeu vidéo.

Le dossier traite en profondeur de la réduction du cinéma à un simple produit de consommation, comme il démonte l’interprétation du « sujet social » de Dufour face à l’émotion humaine. Ce « parcours émotionnel mystérieux » provoqué par le film est analysé dans plusieurs articles qui abordent le réalisme, le montage, l’égalité, la mise en scène, la salle, la pensée et « rester ensemble ». Un dossier complet donc qui interroge le cinéma comme on a peu l’habitude de le faire.

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