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Années 60 : Peter Knapp a fixé le mouvement d’émancipation de la femme

par Laura Coll
Courrèges, Susan Schönborn, Paris,1969
© Coll/Naja
Courrèges, Susan Schönborn, Paris,1969 © Coll/Naja
Elle, Rita Scherrer, Paris, 1969
Elle, Rita Scherrer, Paris, 1969
Nicole de Lamargé pour le magazine Elle, 1966
Nicole de Lamargé pour le magazine Elle, 1966
Stern, Christiana Steidten et Lena, Munich 1970 - ELLE, Munich 1971
© Coll/Naja
Stern, Christiana Steidten et Lena, Munich 1970 - ELLE, Munich 1971 © Coll/Naja
Le studio
© Coll/Naja
Le studio © Coll/Naja
Elle, Nicole de Lamargé, Avant-Après, Paris 1965
© Coll/Naja
Elle, Nicole de Lamargé, Avant-Après, Paris 1965 © Coll/Naja
Peter Knapp hors les murs - Gare de Lyon 
© Moulins/Naja
Peter Knapp hors les murs - Gare de Lyon © Moulins/Naja
Peter Knapp hors les murs - Gare de Lyon
© Moulins/Naja
Peter Knapp hors les murs - Gare de Lyon © Moulins/Naja
Arts visuels Photographie Publié le 21/03/2018
Depuis le 9 mars, les œuvres du photographe de mode Peter Knapp sont exposées à la cité de la mode et du design. À travers un jeu sur le mouvement, lui qui était alors directeur artistique du magazine Elle a bousculé les codes de la photographie de mode dans les années 60, mettant en mouvement la libération de la femme.

Les années 1960 et 1970 sont dans les esprits synonymes de liberté, de créativité, de renouveau. Le photographe suisse Peter Knapp ne s’est pas cantonné au rôle de simple témoin de cet incroyable mouvement, il y a pris part et a contribué à mettre en images cette évolution des mœurs. Du 9 mars au 10 juin, la Cité de la mode et du design expose les œuvres du photographe avec  Dancing in the street, Peter Knapp et la mode 1960-1970. Près d’une centaine de clichés, pour la plupart inédits sont donnés à voir au public.

Pénétrer dans la première salle fait déjà faire un saut dans le temps, immergeant le visiteur dans l’ambiance emblématique de l’apogée de la carrière du photographe. Une ambiance feutrée tamise la pièce, des formes géométriques surplombent les photos savamment disposées. Habillés d’anthracite et de blanc, les murs et formes initient une atmosphère empreinte de sobriété, car point trop n’en faut pour mettre en valeur ces œuvres.

 

Des femmes qui prennent leur envol. Après avoir suivi un enseignement de peinture, Peter Knapp s’inscrit à la prestigieuse École des arts décoratifs de Zürich, dans la section arts graphiques. C’est là qu’il découvre la photographie. Attiré par la photo de mode, il va la libérer des carcans qui pesaient sur les attitudes des modèles, révolutionnant un milieu jusqu’alors figé. Hélène Lazareff, fondatrice du magazine Elle, premier hebdomadaire féministe français, ne veut plus de "mannequins-cabines inexpressives". Dès lors, sur ses clichés, la femme saute, danse, marche d’un pas assuré. Des femmes qui paraissent s’envoler sur les photos, face aux femmes qui s’emparent de leur liberté dans la réalité. Cette émancipation en images fait bien évidemment écho à la vague de féminisme qui débute dans les années 60, dénonçant les inégalités culturelles et remettant en question la place de la femme dans la société.

 

L'époque DIM DAM DOM. Tout au long de la visite de ce premier espace, un fond sonore rappelle l'ambiance pop et rétro de ces années-là. Le son provient d’un écran fixé au mur où passent en boucle des images de DIM DAM DOM (le magazine télévisé des DIM(anches), de DAM(es) et D(h)OM(mes). Diffusée de 1965 à 1970, l'émission a cassé les codes d’une télévision jusqu'alors très académique. Magazine féminin sous la direction de Daisy de Galard et Michel Polac, elle a oublié le foyer et le tricot pour prendre possession d'une rue à l'époque essentiellement parisienne. Le réalisateur ? Peter Knapp qui a également signé une quarantaine de documentaires. L’ivresse de la liberté, intitulé évocateur de ce premier espace, donne le ton de l'exposition.

 

La mode et les artistes. La seconde salle est plus directement consacrée à l'œuvre de l'artiste. Dans la série Noir shadow, les clichés en noir et blanc révèlent toute la beauté de la femme, la sobriété et l’élégance dans son minimalisme. Ces tirages argentiques sont évocateurs de mystère et de mélancolie comme en témoigne un portrait de Dominique Sanda fait à Berlin pour le magazine Stern en 1967 ou celui d'Annie Duperey à Fontainebleau. Avec La femme idéalisée, cette dernière s’apprête et se pare, l’objectif du photographe se focalise sur la femme en train de se sublimer : un regard dans le miroir, une bouche gourmande, un œil paré d’une lentille de couleur… Dans cette série, les deux clichés du mannequin Nicole de Lamargé distingue la démarche esthétique dans l'«avant-après » conçu pour le magazine Elle : avant, le visage à nu, après, le visage maquillé. Parmi les collections Color pop, Le studio : un univers maitrisé, Le corps sublimé, Camouflage, ou encore Effets de forme, les corps des femmes sont sans cesse en mouvement et leurs visages déstatufiés sont humanisés.

L’intérêt de Peter Knapp pour la mode l'amène à collaborer avec de grands couturiers : il travaille notamment pour Courrèges, Mugler, Saint Laurent, Pierre Cardin ou Ungaro. Des tirages numériques et des couvertures des magazines Elle, Vogue ou Sunday Times en témoignent. En prolongement de l’exposition, les photographies de Peter Knapp traversent la Seine et sont exposées dans la Gare de Lyon. Une occasion supplémentaire d’admirer les œuvres de ce faiseur d’images.

 

Dancing in the street, Peter Knapp et la mode 1960-1970. Cité de la Mode et du Design, 34 quai d’Austerlitz, Paris. Jusqu’au 10 juin 2018.

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