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Mot de passe oublié ?Circulation(s) invite la jeune photographie européenne à Paris
Depuis huit ans, le festival fait circuler la jeune photographie européenne et on ne peut que s’en réjouir. Marion Hislen et son équipe de l’association Fetart découvre ces jeunes talents en parcourant les festivals d’Europe, dans le but de les faire venir à Paris, où ils sont accueillis au Centquatre depuis 2014. Pour les 26 photographes invités, c’est souvent une première en France, l’occasion d’être repérés par les amateurs et les professionnels que draine le festival Circulation(s). Cette année, il offre un focus passionnant grâce à son partenariat avec l’école de photographie russe. De son côté, le jury du festival, présidé par José Manuel Gonçalvès, directeur du Centquatre-Paris, et la marraine de l’édition 2018, la britannique Susan Bright, a sélectionné 16 photographes européens. L’ensemble offre un foisonnement hétéroclite et réjouissant.
D’un genre à un autre. Un nouveau parcours de Circulation(s), invité à occuper des espaces intérieurs du Centquatre-Paris, est introduit par une installation colorée de Thomas Egli qui ne manque pas d’humour et témoigne de la pratique du détournement des images. Avec ses panneaux publicitaires, ses cartes postales, l’artiste suisse compose l’idéal touristique tel qu’il pourrait être proposé par une agence professionnelle. Pourtant son Paradise Island offre, si on prête attention aux détails et aux légendes, un second degré plutôt dramatique qui va du comique des plages surpeuplées à l’exploitation sexuelle. D'autres détournements culturels expriment les délices défendus de la subversion par l’image. Viacheslav Poliakov (Ukraine), Igor Samolet (Russie) et Jewgeni Rappel (Kazakhstan) sont nos coups de cœur.
La hollandaise Judith Helmer interroge le genre à travers sa série de portraits intimes de jumelles monozygotes. Laura et Yentl ont partagé le sac amniotique et le placenta de leur mère. À 19 ans, Laura est devenue Laurens et la photographe a voulu comprendre. Elle a entrepris un travail, qu’elle intitule Identically Different, en suivant les deux jumeaux depuis 2016. Elle prévoit de poursuivre ce projet pendant de nombreuses années. Un autre travail, intime lui aussi, est présenté par Rachael Woodson (lire article).
Autant de visions de la pratique photographique, dans laquelle la nouvelle génération d’artistes, formée dans des écoles de photographie ou aux Beaux-Arts, s’exerce à révéler des tranches du monde, de ses perversités collectives à une intimité difficile à partager.
La photo pour les grands et les petits. Au sein des expositions, l’espace Projections invite le visiteur à un voyage immobile à travers une vingtaine de festivals en Europe, dont les organisateurs ont sélectionné une série photographique. Parmi eux, Images Singulières à Sète, le festival photo d’Athènes en Grèce, PHotoESpana en Espagne, ou encore le festival de Tbilissi en Géorgie. L’exposition Little Circulation(s), dédiée aux enfants, revient avec ses panneaux disposés à hauteur de leur regard et ses activités inspirées du médium. Un studio photo est également installé dans la halle Aubervilliers du Centquatre, où les visiteurs peuvent se faire tirer le portrait par un photographe professionnel. Rencontres débats, lectures de portfolio complètent un riche programme.
Festival Circulation(s) du 17 mars au 18 mai 2018 au Centquatre-Paris et Gare de Lyon. Plusieurs galeries parisiennes sont également associées au festival.
CIRCULATION(S) 2018 : SERGEY KAMENNOY CIRCULATION(S) 2018 : RACHAEL WOODSON CIRCULATION(S) 2018 : VIACHESLAV POLIAKOV
